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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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augurant de l’avenir par le passé, de son malheur par son bonheur, il abandonna tout espoir de guérison, alors qu’aucun des siens ne désespérait.
    Mais l’aventure suivante n’est-elle pas encore plus effrayante et non moins surprenante ? Je vais vous l’exposer telle qu’elle m’a été contée. Il y avait à Athènes une maison spacieuse et commode, mais mal famée et funeste. Pendant le silence de la nuit, on entendait un bruit de ferraille, et si l’on écoutait attentivement, un fracas de chaînes résonnait, lointain d’abord, puis plus rapproché ; bientôt apparaissait un spectre ; c’était un vieillard accablé de maigreur et de misère, avec une longue barbe et des cheveux hérissés. Ses pieds étaient chargés d’entraves, ses mains de chaînes, qu’il secouait. De là, pour les habitants, des nuits affreuses et sinistres, qu’ils passaient à veiller dans la terreur ; ces veilles amenaient la maladie et, l’épouvante croissant toujours, la mort. Car même pendant le jour, quoique le fantôme eût disparu, son souvenir restait devant les yeux, et la peur durait plus que la cause de la peur. Aussi la maison abandonnée et condamnée à la solitude, fut-elle laissée tout entière au spectre. On y avait pourtant mis une affiche, dans l’espoir que quelqu’un, ignorant un tel fléau, voudrait l’acheter ou la louer.
    Le philosophe Athénodore vint à Athènes, lut l’écriteau, connut le prix, dont la modicité lui inspira des soupçons ; il s’informe, apprend tout, et ne se décide pas moins ou plutôt ne se décide que mieux à la louer. Vers le soir il se fait dresser un lit de travail dans la première pièce de la maison, demande ses tablettes, son stylet, de la lumière ; il renvoie tous ses gens dans l’intérieur de la maison, tandis que lui applique à écrire son esprit, ses yeux, sa main, de peur que son imagination oisive ne lui représente des fantômes bruyants et de vaines terreurs. Ce fut d’abord, comme partout, le profond silence de la nuit ; puis un battement de fer, un remuement de chaînes. Lui ne lève pas les yeux, ne quitte pas son stylet, mais affermit son attention et s’en fait un rempart devant ses oreilles. Le fracas augmente, se rapproche, et voilà qu’il retentit sur le seuil, voilà qu’il franchit le seuil. Le philosophe se retourne, il voit, il reconnaît l’apparition qu’on lui a décrite. Elle se dressait, immobile, et, d’un signe du doigt semblait l’appeler. Athénodore, d’un geste lui demande d’attendre un moment et se penche de nouveau sur ses tablettes et son poinçon. Elle, tandis qu’il écrivait, faisait résonner ses chaînes sur sa tête. Il se retourne et la voit répéter le même signe qu’auparavant ; alors, sans tarder davantage, il prend la lumière et suit l’apparition. Elle marchait d’un pas lent, comme alourdie par ses chaînes. Arrivée dans la cour de la maison, elle s’évanouit tout à coup, laissant seul son compagnon. Resté seul, il entasse des herbes et des feuilles pour marquer l’endroit. Le lendemain il va trouver les magistrats, il leur demande de faire fouiller ce lieu. On y découvre des ossements emmêlés et enlacés dans des chaînes ; le corps réduit en poussière par le temps et par la terre les avait laissés nus et usés par les chaînes. On les recueille et on les ensevelit officiellement. Depuis la maison fut délivrée de ces mânes qui avaient reçu une sépulture régulière.
    Sur tous ces faits je me fie aux affirmations d’autrui ; mais en voici un que je puis affirmer à mon tour. J’ai un affranchi qui n’est pas sans culture. Il dormait avec son frère cadet dans le même lit. Il crut voir quelqu’un qui s’asseyait sur leur couche, approchait des ciseaux de sa tête, et même lui coupait les cheveux sur le sommet du crâne. Au lever du jour on trouva l’enfant tondu sur le crâne et ses cheveux répandus à terre. Quelque temps se passa et un deuxième fait semblable confirma le premier. Un jeune esclave était couché en compagnie de plusieurs autres dans leur appartement réservé. Par la fenêtre entrèrent (tel est son récit) deux hommes en tuniques blanches, qui rasèrent les cheveux de l’enfant endormi, puis se retirèrent par où ils étaient venus. Celui-là aussi fut trouvé tondu, quand le jour vint, et ses cheveux dispersés autour de lui. Il ne s’ensuivit rien de notable, sauf que je ne fus pas mis en accusation, alors que je devais

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