Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
Vom Netzwerk:
les biens dont ils doivent être les gardiens. » Je lui répondis : « Puisque c’est le sénat qui nous a donnés pour avocats, faites attention si, à votre avis, notre rôle n’est pas entièrement terminé avec la fin du procès que devait juger le sénat. » Il reprit : « Vous pouvez fixer à votre devoir les limites qu’il vous plaira, car vous n’avez avec cette province d’autre lien que celui du service que vous lui avez rendu, et encore d’un service récent, mais moi j’y suis né et j’y ai été questeur. » – « Si votre résolution est ferme et bien réfléchie, dis-je, je vous suivrai, pour que, au cas où il en résulterait quelque ennui, il ne soit pas pour vous seul. »
    Nous nous présentons aux consuls ; Senecio dit ce qu’exigeait l’affaire ; j’ajoute peu de mots. Nous avions à peine fini de parler, quand Massa se plaint que Senecio montre non la loyauté d’un avocat, mais d’un ennemi, et dépose contre lui une accusation de lèse-majesté. Chacun frémit de terreur ; je me lève et : « Je crains, illustres consuls, que Massa par son silence à mon égard ne m’expose au soupçon de prévarication, en ne me comprenant pas dans l’accusation qu’il dépose. » Ces paroles furent recueillies sur-le-champ et plus tard répétées par tout le monde. Le divin Nerva (car même simple particulier il était déjà attentif à ce qui se faisait de bien dans l’état) m’envoya une lettre des plus honorables, pleine de félicitations non seulement pour moi, mais pour le temps, où il avait été donné de voir un trait (ce sont ses propres termes) digne des vertus antiques. Voilà les faits ; quels qu’ils soient, vous leur donnerez plus de notoriété, plus de renom plus de grandeur ; je ne vous demande point cependant d’en exagérer l’importance. L’histoire ne doit pas sortir de la vérité, et la vérité suffit aux belles actions. Adieu.

LIVRE HUITIÈME
     
    I. – C. PLINE SALUE SON CHER SEPTICIUS.
    Le lecteur malade.
     
    J’ai fait un bon voyage, sauf que quelques-uns de mes gens ont été rendus malades par l’extrême chaleur. Encolpius, mon lecteur, le ministre de mes travaux comme de mes délassements, a eu la gorge irritée par la poussière et a craché le sang. Quelle tristesse pour lui, quel chagrin pour moi, s’il faut qu’il devienne inhabile aux travaux de l’esprit, alors qu’il tient tout son mérite des travaux de l’esprit. Qui dès lors lira mes ouvrages comme lui, qui les aimera comme lui ? Qui aurai-je autant de plaisir à entendre ? Mais les dieux me permettent un meilleur espoir. Le crachement de sang a cessé, la souffrance s’est calmée. D’ailleurs il est prudent, je suis attentif, les médecins sont vigilants. En outre la pureté de l’air, la retraite, le repos lui permettent autant de santé que de loisirs. Adieu.
     
    II. – C. PLINE SALUE SON CHER CALVISIUS.
    La justice distributive.
     
    D’autres s’en vont dans leurs domaines pour en revenir plus riches, moi pour en revenir plus pauvre. J’avais vendu mes vendanges à des marchands qui enchérissaient à l’envi ; ils étaient attirés par le prix, celui du moment et celui qu’on espérait pour l’avenir. Cet espoir a été trompé. Il eût été commode de faire à tous la même remise, mais ce n’était pas assez équitable. Or ce qui me paraît très bien c’est de pratiquer la justice chez soi comme au dehors, dans les affaires peu importantes comme dans les grandes, dans les siennes comme dans celles d’autrui. Car s’il est vrai que les fautes sont égales, les mérites le sont aussi. J’ai donc remis à tous, afin que personne ne s’en allât « sans cadeau de ma part », la huitième partie du prix d’achat ; puis pour ceux qui avaient employé les plus grosses sommes à leurs achats j’ai pris une mesure particulière ; car s’ils m’avaient rendu à moi un plus grand service, ils avaient subi, eux, un plus grand dommage. À ceux donc qui avaient acheté pour plus de dix mille sesterces, outre la remise commune et, si j’ose dire, publique du huitième, j’ai accordé le dixième de la somme qui dépassait dix mille sesterces. Je crains de ne pas me faire bien comprendre, je vais rendre ce calcul plus clair. Si quelques-uns avaient acheté, je suppose, pour quinze mille sesterces, ils ont bénéficié d’abord du huitième de quinze mille, puis du dixième de cinq mille sesterces.
    De plus, réfléchissant que, sur ce

Weitere Kostenlose Bücher