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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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tribunat à un de mes amis, quand vous saurez son nom et son mérite. Or je peux bien maintenant vous le nommer et vous faire son portrait, puisque vous avez donné votre parole. C’est Cornélius Minicianus, l’honneur de ma province et par son rang et par son caractère. Né d’une famille illustre, il possède une grande fortune, et il aime les lettres, autant que s’il était pauvre. Il est en même temps un juge plein de droiture, le plus courageux des avocats et un ami très sûr. Vous croiriez que c’est vous qui avez été obligé, quand vous aurez vu de près cet homme qui n’est au-dessous d’aucun honneur, d’aucun titre (je ne veux rien dire de plus flatteur, par égard pour le plus modeste des hommes). Adieu.
     
    XXIII. – C. PLINE SALUE SON GRAND-PÈRE PAR ALLIANCE FABATUS.
    La course pénible.
     
    Je me réjouis que vos forces vous permettent d’aller à Milan à la rencontre de Tiro, mais, afin que vous les conserviez, je vous prie de ne pas vous imposer une si grande fatigue, qui ne convient plus à votre âge. Et même je vous supplie d’attendre Tiro chez vous, dans votre maison, et même sans quitter le seuil de votre chambre. Comme j’ai pour lui l’affection d’un frère, il ne doit pas exiger de celui que je vénère comme un père, une attention dont il aurait dispensé son propre père. Adieu.
     
    XXIV. – C. PLINE SALUE SON CHER GÉMINUS.
    Le testament de Quadratilla.
     
    Ummidia Quadratilla est morte, un peu avant sa quatre-vingtième année ; jusqu’à sa dernière maladie elle est restée verte et même plus solide et plus robuste que ne l’est d’ordinaire une dame romaine. Elle a laissé en mourant un testament fort raisonnable, instituant comme héritiers son petit-fils pour deux tiers, et sa petite-fille pour l’autre tiers.
    Je connais peu la petite-fille, mais le petit-fils est de mes amis intimes ; c’est un jeune homme remarquable et qui mérite d’être aimé comme un parent même par ceux qui ne lui sont pas attachés par le sang. Et d’abord quoique d’une beauté rare, il a toujours échappé aux méchants propos, soit pendant son enfance, soit pendant sa jeunesse. Il s’est marié dans sa vingt-quatrième année, et il aurait été père, si les dieux l’eussent permis. Il a vécu dans l’intimité d’une aïeule raffinée, avec la plus grande réserve, qu’il sut allier à la plus profonde déférence. Elle avait des pantomimes et les traitait avec plus de bienveillance qu’il ne convenait à une femme du premier rang. Quadratus n’assistait à leurs jeux ni au théâtre, ni chez elle ; et elle ne l’exigeait pas. Je lui ai souvent entendu dire, quand elle me recommandait les études de son petit-fils, qu’elle aimait à se distraire comme femme et pour occuper les loisirs de son sexe, en jouant aux échecs, à regarder ses pantomimes, mais que toujours quand elle voulait se livrer à l’un ou à l’autre de ces plaisirs, elle renvoyait son petit-fils à son travail d’école ; elle agissait ainsi, je pense, moins par affection que par respect pour lui.
    Vous allez être étonné, comme je le fus moi-même. Lors des derniers jeux des prêtres {38} , où des pantomimes avaient été produits sur la scène, nous sortions ensemble du théâtre, Quadratus et moi, quand il me dit : « Savez-vous qu’aujourd’hui pour la première fois j’ai vu danser l’affranchi de ma grand-mère ? » Voilà le petit-fils. Mais en revanche des gens absolument étrangers à Quadratilla, pour lui faire honneur (je rougis d’employer ici ce mot honneur), pour lui plaire par des flagorneries, couraient à la représentation, bondissaient de leur siège, applaudissaient, s’émerveillaient, puis répétaient tous les gestes de la dame en les accompagnant de chansons ; et maintenant ils recevront des legs insignifiants, pour prix des services rendus au théâtre, de la main d’un héritier qui n’assistait jamais à ces spectacles.
    Je vous raconte ces histoires, parce que je sais que vous apprenez volontiers les nouvelles, et parce qu’il m’est agréable de renouveler, en vous les écrivant, les joies que j’ai éprouvées. Je me réjouis en effet de la tendresse de la défunte, de l’honneur fait à un excellent jeune homme, je suis tout heureux aussi que l’ancienne maison de C. Cassius, le fondateur et le père de l’école Cassienne {39} , ait à sa tête un maître non moins grand que le premier. Mon cher Quadratus en soutiendra

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