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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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ma douleur, c’est que je crois perdre une seconde fois sa mère, l’illustre mère d’une femme si admirable (je ne puis en faire un éloge plus éclatant) ; comme Fannia nous la représente et la fait revivre à nos yeux, elle nous l’enlèvera avec elle et, du même coup, me fera une blessure nouvelle tout en rouvrant l’ancienne. Je les ai vénérées toutes deux, chéries toutes deux ; laquelle plus vivement ? Je ne sais, et d’ailleurs elles ne voulaient pas de préférence entre elles. Elles ont éprouvé mon dévouement dans la prospérité, elles l’ont éprouvé dans l’adversité. J’ai été leur consolation dans l’exil, leur vengeur à leur retour. Je ne leur ai cependant pas rendu tout ce que je leur dois, et si je désire la conserver c’est surtout pour qu’il me reste le temps de m’acquitter. Voilà mes soucis pendant que je vous écris ; si quelque dieu les changeait en joie, je ne me plaindrais pas de mes alarmes. Adieu.
     
    XX. – C. PLINE SALUE SON CHER TACITE.
    L’amitié de Tacite et de Pline.
     
    J’ai lu votre livre et j’ai noté avec le plus grand soin les changements ou les suppressions que j’ai cru nécessaires. Car j’ai autant l’habitude de dire la vérité, que vous aimez à l’entendre ; d’ailleurs personne ne supporte mieux les critiques, que ceux qui méritent le plus de louanges. Maintenant j’attends qu’à votre tour vous me renverrez mon livre avec vos annotations.
    Quel charme, quel noble échange ! Quelle joie pour moi de penser que, si la postérité a quelque souci de nous, en tous lieux on vantera l’entente, la franchise, la confiance dans lesquelles nous aurons vécu ! Quel exemple rare et magnifique que celui de deux hommes d’âge et de rang à peu près égaux, de quelque renom dans les lettres, (je suis obligé de ménager aussi votre éloge, puisque je parle de moi en même temps) qui s’encourageaient mutuellement dans leurs travaux littéraires. Pour moi, encore tout jeune, quand vous étiez déjà dans l’éclat de la renommée et de la gloire, c’est vous que je rêvais de suivre, vous que je brûlais d’approcher et de paraître approcher loin en arrière, mais enfin le premier après vous. Il y avait alors une foule de brillants talents ; mais c’est vous qui me sembliez (ainsi le voulait la conformité de nos natures) le plus facile à imiter, le plus digne d’être imité. Aussi quelle est ma joie de savoir que, dans les entretiens littéraires, on associe nos deux noms {37} , que, si l’on parle de vous, aussitôt on pense à moi. Il est plus d’un écrivain qu’on nous préfère à tous deux. Mais nous, peu m’importe à quel rang, on nous met ensemble. Pour moi en effet, le premier est celui qui vous suit immédiatement. Et bien mieux, vous avez dû remarquer que dans les testaments, excepté le cas de quelque amitié particulière à l’un de nous deux, on nous attribue des legs de même valeur et de même rang. Je vous rappelle tout cela pour nous encourager à rendre plus ardente encore notre affection mutuelle, puisque nos études, notre caractère, notre réputation, et enfin les dernières volontés des hommes nous unissent par tant de liens. Adieu.
     
    XXI. – C. PLINE SALUE SON CHER CORNUTUS.
    L’ophtalmie.
     
    Je vous obéis, mon bien cher collègue, et je ménage la faiblesse de mes yeux, comme vous m’y engagez. Je me suis fait conduire ici dans une voiture couverte et fermée de tous côtés qui formait une véritable chambre, et ici je m’abstiens avec regret, mais je m’abstiens, non seulement d’écrire, mais même de lire et je ne travaille plus que par les oreilles. Au moyen de rideaux je rends mon appartement sombre, sans aller jusqu’à l’obscurité. Dans ma galerie aussi j’entretiens, en tamisant le jour des fenêtres du bas, autant d’ombre que de lumière. Ainsi je m’habitue peu à peu à supporter le jour. J’use du bain, parce qu’il me fait du bien, et du vin parce qu’il ne m’est pas nuisible, mais modérément. Voilà les habitudes que j’ai prises et maintenant j’ai quelqu’un qui me surveille. J’ai reçu avec plaisir, parce qu’elle venait de vous, la poule que vous m’avez envoyée ; et j’ai eu les yeux assez bons, quoique encore malades, pour voir qu’elle était très grasse. Adieu.
     
    XXII. – C. PLINE SALUE SON CHER FALCON.
    Le tribun accompli.
     
    Vous serez moins étonné que je vous aie prié avec tant d’instance d’accorder le

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