Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
Vom Netzwerk:
circonspection à me les envoyer, plus je les trouve beaux et plus je les loue, mais pour vous, je vous aimerai et je vous louerai d’autant plus, que vous mettrez plus de célérité et moins de circonspection dans vos envois. Adieu.
     
    V. – C. PLINE SALUE SON CHER GEMINIUS.
    L’ami compatissant.
     
    Notre cher Macrinus vient de recevoir un coup bien cruel : il a perdu sa femme dont la rare vertu eût servi d’exemple, même si elle avait vécu dans les temps anciens. Il a passé avec elle trente-neuf ans sans une querelle, sans une brouille. Quel respect elle a toujours témoigné à son mari, alors qu’elle en méritait tant elle-même. Combien de hautes vertus, propres à tous les âges, elle a réunies et associées ! Sans doute Macrinus a la grande consolation d’avoir possédé si longtemps un tel trésor, mais sa perte n’en est que plus amère ; la jouissance du bonheur accroît la douleur d’en être privé. Aussi serai-je inquiet pour cet ami si cher, jusqu’à ce qu’il puisse laisser distraire son chagrin et cicatriser sa blessure ; c’est un effet surtout de la résignation à la nécessité, du temps, et de la satiété de la douleur. Adieu.
     
    VI. – C. PLINE SALUE SON CHER MONTANUS.
    Les honneurs funèbres.
     
    Vous devez avoir appris par ma dernière lettre que j’ai remarqué dernièrement un tombeau de Pallas portant cette inscription : « Ci-gît un homme à qui le sénat a décerné pour sa fidélité et son attachement à ses maîtres les insignes des prêteurs plus quinze millions de sesterces, et qui n’a accepté que la distinction honorifique. » Plus tard j’ai cru qu’il vaudrait la peine de rechercher le décret même du Sénat. Je l’ai trouvé si pompeux et si débordant de flatterie, que cette orgueilleuse épitaphe en devenait un modèle de modération et d’humilité. Que les illustres Romains – je ne parle pas des anciens, des Africains, des Achaïques, des Numantins, mais des plus rapprochés de nous, des Marius, des Sylla, des Pompée, sans remonter plus haut – qu’ils viennent tous réunis se comparer à lui, leur gloire restera bien au-dessous de celle de Pallas. Est-ce des plaisants qui votèrent ce décret ou des malheureux ? Je dirais des plaisants, si la plaisanterie convenait au sénat ; des malheureux donc, mais il n’y a pas de malheur, qui contraigne à une telle bassesse. Est-ce alors de l’ambition et le désir de s’élever ? Mais qui serait assez fou, pour vouloir, au prix de son propre déshonneur et de celui de sa patrie, s’élever dans un état, où l’avantage de la plus haute dignité serait de pouvoir être le premier dans le sénat à louer Pallas ?
    Je passe qu’on offre à Pallas, à un esclave, les insignes des prêteurs ; ce sont des esclaves qui les offrent. Je passe qu’ils décrètent qu’on doit non seulement l’exhorter mais même l’obliger à porter l’anneau d’or. C’eût été un affront pour la majesté du sénat, si un sénateur prétorien avait porté l’anneau de fer. Ce sont bagatelles négligeables. Mais voici qui mérite attention : au nom de Pallas, le sénat – et l’on n’a pas encore après cela purifié la curie par des cérémonies expiatoires ! – au nom de Pallas, le sénat remercie César d’avoir fait grand honneur à son affranchi en parlant de lui en termes élogieux, et d’avoir permis au sénat d’attester sa bienveillance envers lui. Quoi de plus beau pour le sénat que de montrer à Pallas toute la reconnaissance désirable ? Le décret ajoute : «  Pour que Pallas, à qui chacun se reconnaît obligé pour sa part, reçoive la récompense si méritée de sa singulière fidélité au prince, de sa singulière activité… » Ne croirait-on pas qu’il a reculé les frontières de l’empire, qu’il a conservé des armées à l’état ? Il continue : « Puisque le sénat et le peuple romains ne pouvaient trouver d’occasion plus agréable d’exercer leurs libéralités, qu’en ayant le bonheur d’accroître la fortune de ce gardien si intègre et si fidèle des finances du prince… » Voilà quels étaient alors les vœux du sénat, la plus chère joie du peuple, et l’occasion de libéralités la plus agréable, avoir le bonheur d’accroître la fortune de Pallas en vidant le trésor public. Et voici la suite : il avait plu au sénat de décréter un don de quinze millions de sesterces à prélever sur le trésor, et plus son âme répugnait

Weitere Kostenlose Bücher