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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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qu’ils devaient, les uns avaient versé immédiatement un assez fort acompte, d’autres un tout petit, d’autres rien, je n’estimais pas juste de traiter avec une égale bonté dans la remise, ceux qui ne m’avaient pas traité avec une égale exactitude dans le paiement. J’ai donc encore à ceux qui avaient fait un versement remis le dixième de leur versement. J’ai cru que c’était le meilleur moyen pour le passé de m’acquitter envers chacun selon son mérite, et pour l’avenir d’intéresser tout le monde soit à acheter, soit même à payer.
    Cette méthode, ou si vous voulez, cette complaisance m’a coûté cher, mais elle valait ce qu’elle m’a coûté. Car dans le pays c’est un concert d’éloges sur la nouveauté de cette remise et la manière dont elle a été faite. Parmi ceux mêmes que je n’ai pas mesurés, comme on dit, à la même aune, mais avec des distinctions et une gradation convenable, les meilleurs et les plus honnêtes ont emporté le plus de reconnaissance envers moi, se rendant compte que chez moi :
    « Le bon et le méchant ne sont pas en égale estime. » { 45b }
    Adieu.
     
    III. – C. PLINE SALUE SON CHER SPARSUS.
    Le dernier ouvrage.
     
    Le dernier livre que je vous ai envoyé, est, de tous les miens, celui qui vous plaît le mieux, dites-vous. C’est aussi l’opinion de quelqu’un de très cultivé. Je suis d’autant plus enclin à croire que vous ne vous trompez ni l’un ni l’autre, parce qu’il n’est pas vraisemblable que vous vous trompiez tous les deux, et aussi parce que je me flatte volontiers. Je veux toujours en effet que mon dernier ouvrage soit regardé comme le plus parfait ; c’est pourquoi dès maintenant j’accorde ma faveur, contre le livre que vous avez en main, au discours que je viens de donner au public, et que je vous communiquerai, aussitôt que j’aurai trouvé un messager diligent. J’ai éveillé votre attente, mais je crains qu’elle ne soit déçue par mon discours, quand vous l’aurez sous les yeux. Attendez-le cependant comme s’il devait vous plaire, et peut-être vous plaira-t-il. Adieu.
     
    IV. – C. PLINE SALUE SON CHER CANINIUS.
    La guerre contre les Daces.
     
    Votre idée est excellente d’écrire la guerre contre les Daces {46} . Car comment trouver un sujet aussi plein d’actualité, aussi riche, aussi vaste, aussi poétique enfin et, quoiqu’il traite de faits très vrais, qui ressemble autant à la fable. Vous direz de nouveaux fleuves s’élançant à travers la campagne, de nouveaux ponts jetés sur les fleuves, des camps suspendus aux flancs escarpés des montagnes, un roi chassé de son palais, chassé même de la vie, malgré une audace qui ne désespérait jamais ; vous y joindrez la célébration de deux triomphes, dont l’un fut le premier remporté sur une nation invincible, et l’autre le dernier.
    Il n’y a qu’une difficulté, mais elle est très grande, c’est d’égaler ces exploits par votre style, tâche ardue, immense, même pour votre talent, bien qu’il sache s’élever jusqu’au sublime et puiser de nouvelles forces dans la grandeur même de ses entreprises. Il y aura bien de la peine aussi à faire tenir dans des vers grecs des noms barbares et sauvages, celui du roi en particulier. Mais il n’est pas de difficulté que l’adresse et les efforts ne parviennent, sinon à surmonter, du moins à aplanir. Au surplus, s’il est permis à Homère, quand il s’agit de mots grecs faciles à prononcer, de les abréger, pour la légèreté du vers, de les élargir, de les modifier, pourquoi n’userions-nous pas du même privilège, nous aussi, surtout quand il n’y a pas là recherche, mais nécessité {47} . Pour le moment voici mes conditions : envoyez-moi les premières pages dès que vous les aurez achevées, ou plutôt avant de les achever, telles qu’elles seront dans leur premier jet, ébauches encore semblables à des nouveau-nés. Vous me répondrez que des fragments ne peuvent plaire comme une œuvre complète, ni des essais comme un travail fini. Je le sais. Aussi les apprécierai-je comme des tentatives, les regarderai-je comme des membres d’un tout, et attendront-ils dans mon coffret à manuscrits votre dernier coup de lime. Souffrez que j’aie, outre tous les autres, ce gage de votre amitié, de connaître même ce que vous ne voudriez laisser connaître à personne. Bref, il est possible que, pour vos écrits, plus vous mettrez de lenteur et de

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