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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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rougis, comme si j’y avais vécu ! Je ne doute pas que vous n’éprouviez les mêmes sentiments ; je sais quelle est votre délicatesse, votre noblesse. Il y a donc des chances pour que, malgré quelques endroits où l’indignation m’a emporté peut-être hors de la mesure d’une lettre, vous pensiez que je ne me plains pas assez, plutôt que trop. Adieu.
     
    VII. – C. PLINE SALUE SON CHER TACITE.
    La critique difficile.
     
    Ce n’est pas comme de maître à maître ni comme d’élève à élève (ainsi l’écrivez-vous), mais comme de maître à élève (car vous êtes un maître et moi le contraire ; aussi me rappelez-vous à l’école tandis que je prolonge encore les Saturnales) que vous m’avez envoyé votre livre. Pouvais-je allonger plus maladroitement ma phrase et vous mieux prouver par là que non seulement je ne mérite pas d’être appelé votre maître, mais pas même votre élève ? Je vais cependant assumer le rôle de maître et exercer sur votre livre le droit que vous m’avez donné, avec d’autant plus de liberté, que je n’ai pendant ce temps à vous envoyer aucun de mes ouvrages, sur lequel vous puissiez vous venger. Adieu.
     
    VIII. – C. PLINE SALUE SON CHER ROMANUS.
    Le Clitumne et ses bords.
     
    Avez-vous jamais vu la source du Clitumne {49}  ? Si vous ne l’avez pas encore vue (et je le crois, sinon vous m’en auriez parlé), voyez-la ; moi je l’ai vue dernièrement, et je regrette d’avoir tant tardé. Une modeste colline s’élève, boisée d’antiques cyprès qui l’ombragent. À sa base sort une source qui jaillit par plusieurs veines inégales ; elle se fraye une issue en bouillonnant, puis s’étale en un large bassin si limpide et si transparent que l’on peut y compter les pièces de monnaie qu’on y jette et les cailloux brillants du fond. Elle coule de là, non pas entraînée par la pente du terrain, mais par sa propre abondance et comme par son poids. C’est encore une source et c’est déjà une rivière, capable de porter même des bateaux, auxquels elle permet de passer même quand ils se rencontrent et se croisent : son courant est si puissant, que dans le sens où il se hâte lui-même, quoiqu’il coule en plaine, la barque n’a pas besoin de l’aide des rames, tandis qu’on a toutes les peines du monde à le remonter à force de rames et de perches. C’est un double plaisir pour ceux qui y voguent par distraction et amusement de passer, selon le sens dans lequel on dirige sa promenade, de l’effort au repos, du repos à l’effort.
    Les rives sont revêtues de nombreux frênes, de nombreux peupliers, que la transparence de l’eau permet de compter, comme s’ils y étaient plongés, par leur image verdoyante. La fraîcheur de l’eau rivaliserait avec celle de la neige, et sa couleur ne lui cède en rien. Tout près est un temple antique et respecté ; le Clitumne lui-même y est représenté debout, vêtu et orné de la robe prétexte. La présence d’une divinité, et d’une divinité qui rend des oracles est marquée par les sorts qu’on y voit. Tout autour sont dispersées des chapelles nombreuses ayant chacune leur dieu, chacune leur culte, leur nom, quelques-unes mêmes leurs sources, car outre la principale qui est comme la mère des autres, il y en a de plus petites, distinctes par leur naissance, mais qui se mêlent à la rivière, sur laquelle est jeté un pont.
    Ce pont est la limite des lieux sacrés et des lieux profanes. En amont il est seulement permis de naviguer, en aval on peut en outre s’y baigner. Les Hispellates, auxquels le divin Auguste a donné ce lieu, offrent les bains aux frais de la cité, ils offrent aussi l’hospitalité. Et il ne manque pas de villas, qui, attirées par l’agrément de la rivière, se dressent sur ses bords.
    Bref, tout vous charmera dans ce lieu ; vous pourrez même y exercer votre esprit en lisant les nombreuses inscriptions qu’une foule de gens ont tracées sur toutes les colonnes, sur tous les murs, en l’honneur de cette source et de ce dieu. Vous en louerez beaucoup, vous rirez de quelques-unes ; ou plutôt, vous êtes si indulgent, que vous ne rirez d’aucune. Adieu.
     
    IX. – C. PLINE SALUE SON CHER URSUS.
    Les devoirs de l’amitié.
     
    Il y a longtemps que je n’ai plus touché un livre, un stylet, longtemps que je ne connais plus loisirs, ni repos, ni enfin ce charme indolent, mais délicieux de ne rien faire, de n’être rien ; tant les

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