Lettres - Tome II
faut donc arrêter l’accroissement de ces maux et y porter remède. Et de même il n’y en a qu’un, c’est d’affermer non à rente fixe, mais à la moitié et ensuite de préposer quelques-uns de mes serviteurs à la surveillance des travaux et à la garde des récoltes. D’ailleurs, il n’est pas de revenu plus juste que celui que donnent la terre, le temps, l’année. Mais ce genre d’exploitation exige une grande honnêteté, des yeux vigilants, beaucoup de bras. Il faut pourtant l’essayer et, comme dans une maladie invétérée, tenter tous les secours du changement de remèdes. Vous voyez que ce n’est pas le souci de ma tranquillité qui m’empêche de me trouver à vos côtés le premier jour de votre consulat ; je le célébrerai d’ailleurs ici même, comme si j’y assistais, par mes vœux, par ma joie, par mes félicitations. Adieu.
XXXVIII. – C. PLINE SALUE SON CHER SATURNINUS.
Le livre de Rufus.
Oui certainement, je ferai l’éloge de notre cher Rufus, non parce que vous m’en avez prié, mais parce qu’il en est tout à fait digne. J’ai lu son livre parfait en tous points et auquel mon affection pour l’auteur a ajouté encore beaucoup de prix à mes yeux. Je l’ai jugé cependant ; car juger ce n’est pas seulement lire avec des intentions malignes. Adieu.
XXXIX. – C. PLINE SALUE SON CHER MUSTIUS.
Reconstruction d’un temple.
J’ai à rebâtir d’après les indications des haruspices le temple de Cérès situé sur mes terres ; je dois l’embellir et l’agrandir, car il est vraiment bien vieux et petit, étant le jour de la fête très fréquenté. En effet aux ides de septembre une grande foule accourt de toute la contrée ; on s’y occupe de beaucoup de choses, on y émet bien des vœux, on en acquitte beaucoup. Mais il n’y a tout près aucun abri contre la pluie ou le soleil. Je crois donc agir avec générosité à la fois et avec piété, en construisant le plus beau temple possible et en y ajoutant des portiques, l’un pour la déesse, les autres pour les pèlerins.
Je vous prie donc de m’acheter quatre colonnes de marbre, du genre qui vous plaira, d’acheter des marbres pour en revêtir le sol et les murs. Il faudra aussi faire faire ou acheter une statue de la déesse, car l’ancienne en bois a perdu, à force de vieillesse, quelques fragments.
Quant aux portiques, je ne vois rien à vous demander si ce n’est que vous en traciez un plan approprié aux lieux. Car ils ne peuvent entourer le temple, dont le terrain est bordé d’un côté par une rivière aux rives très escarpées, de l’autre par une route. Il y a, de l’autre côté de la route, une prairie très large, où l’on pourrait fort bien développer les portiques en face même du temple, à moins que vous ne trouviez mieux, vous dont l’art sait si bien vaincre les difficultés des terrains. Adieu.
XL. – C. PLINE SALUE SON CHER FUSCUS.
Vie de Pline en hiver dans sa villa de Laurente.
Vous m’écrivez que vous avez eu le plus grand plaisir à lire la lettre, qui vous a appris comment je passe les loisirs de l’été dans ma villa de Toscane. Vous me demandez ce que je change à cette règle, quand je suis dans ma villa des Laurentes en hiver. Rien, si ce n’est que la sieste du milieu du jour est supprimée et que j’empiète beaucoup sur la nuit, soit avant le lever du jour soit après son déclin ; de plus, s’il se présente quelque plaidoyer pressant, comme il arrive souvent en hiver, il n’y a plus place après le dîner pour la comédie ou la musique, mais je reprends plusieurs fois ce que j’ai dicté et par ces corrections répétées je viens en outre en aide à ma mémoire. Vous connaissez mes habitudes d’été et d’hiver ; vous pouvez maintenant {89} y ajouter le printemps et l’automne, qui tiennent le milieu entre l’hiver et l’été, et ne perdant rien du jour, n’ont que fort peu à gagner sur la nuit. Adieu.
LIVRE DIXIÈME – CORRESPONDANCE DE PLINE ET DE TRAJAN
I. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Il le félicite sur son avènement au trône.
Votre amour filial, noble empereur, vous avait fait souhaiter de ne succéder que le plus tard possible à votre père ; mais les dieux immortels ont eu hâte d’appeler vos vertus au gouvernail de l’état, déjà confié à vos soins {90} . Je les prie donc de vous donner et, par vous, de donner au monde une entière prospérité, telle que la mérite
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