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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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la troisième déclinaison, c’est vraiment la croix et la bannière. (…)
    Dimanche prochain, papa va faire une photo de moi avec « Cañita », pour que je te l’envoie, d’accord   ? Si tu peux en faire faire une jolie de toi là-bas, envoie-la-moi, histoire que je dessine ton portrait quand j’irai un peu mieux.
    Écris-moi – écris-moi – écris-moi et écris-moi, et puis surtout, même si tu vois au Louvre la Vénus de Milo en personne, ne m’oublie pas.
    Et même si tu vois le nec plus ultra de l’architecture, ne m’oublie pas. C’est la seule chose susceptible de me soulager, ne m’oublie pas.
    [ Elle signe d’un triangle ]
    *
    Vendredi saint, 22 avril 1927
     
    Mon Alex,
    Alicia m’a écrit mais, depuis le 28 mars, ni elle ni personne n’a reçu la moindre nouvelle… Rien n’est comparable au désespoir de ne rien savoir de toi depuis un mois.
    Je suis toujours malade, je maigris beaucoup. Le médecin est d’avis qu’il faut me poser un corset en plâtre pendant trois ou quatre mois, au lieu de cette gouttière qui fait peut-être un peu moins mal que le corset mais qui donne de piètres résultats   ; comme il faut y rester des mois, les malades se blessent, et les plaies sont plus faciles à soigner que la maladie. Le corset va me faire horriblement souffrir, parce qu’il doit être bien ajusté et, pour me le poser, il va falloir me suspendre par la tête jusqu’à ce qu’il sèche, sinon ça ne servirait à rien tellement ma colonne est déglinguée   ; alors, en me suspendant, ils vont faire en sorte de me redresser le plus possible, et je te passe les détails   ; bref, tu peux imaginer ma souffrance et celle qui m’attend… Le vieux docteur dit que le corset donne de très bons résultats quand il est bien mis, mais ça reste à voir. Si je casse pas ma pipe d’ici là, on me le posera lundi à l’hôpital français… Le seul avantage de cette saleté, c’est que je pourrai marcher, mais vu à quel point j’ai mal à la jambe quand je marche, l’avantage s’avère être un inconvénient. En plus, je risque pas de sortir dans la rue avec cette dégaine, ou j’atterrirais à l’asile à coup sûr. Si jamais par malheur le corset ne donnait aucun résultat, alors il faudrait m’opérer et l’opération consisterait, toujours d’après ce même docteur, à m’enlever un bout d’os dans une jambe pour me le mettre dans la colonne, mais avant que ça arrive, tu peux être sûr que je me serai autoéliminée de la surface de la terre (…) Voilà à quoi se réduit mon existence, rien de nouveau sous le soleil. Je m’ennuie avec un E comme Et merde   ! Mon seul espoir est de te revoir (…}
    Écris-moi
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    et surtout, aime-moi
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    [ Elle signe d’un triangle ]

Lettre à Alicia Gómez Arias
    Samedi 23 avril 1927
     
    Alicia,
    Je vous remercie d’avoir eu la gentillesse de me donner aussi vite des nouvelles d’Alejandro et, croyez-moi, je suis ravie d’apprendre qu’il est bien arrivé à Hambourg.
    Pour ma part, j’en suis toujours au même point, mon état ne s’améliore pas du tout et voilà que le docteur a changé d’avis   : au lieu de me poser l’appareil prévu lundi prochain à l’hôpital français, on va me plâtrer, ce qui aura l’avantage de me permettre au moins de marcher un peu, mais le docteur dit que c’est très inconfortable et que je vais devoir rester comme ça trois ou quatre mois   ; je suis désespérée, mais je préfère encore le corset en plâtre à l’opération, qui me fait peur car toutes les opérations de la colonne vertébrale sont très dangereuses.
    Vous pouvez donc imaginer ce que j’endure. Veuillez excuser mon écriture, Alicia, mais je ne peux presque pas m’asseoir pour écrire. Dites-moi, s’il vous plaît, comment va votre mère, car Alex m’a conseillé de m’adresser à vous pour avoir de ses nouvelles. Si j’arrive à marcher quand on m’aura mis ce corset, j’irai vous téléphoner quand j’en aurai l’occasion, pour ne pas vous embêter avec mes lettres   ; comprenez bien que j’agis comme ça parce que je suis malade, comme d’habitude.
    Soyez assurée de ma très sincère affection et de ma reconnaissance.
    Frieda

Lettres à Alejandro Gómez Arias
    25 avril 1927
     
    Mon Alex,
    Hier, je me sentais mal et triste à un point… Tu n’imagines pas le désespoir dans lequel te plonge cette maladie, je me sens horriblement mal fichue et parfois les

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