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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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enchaîna Guillaume, et
parce qu’il ne peut l’avoir, il s’est persuadé que son âme était maudite.
Pourquoi penses-tu que l’évêque ne nous a pas tous excommuniés ? Parce
que, alors, nous nous serions tous retrouvés dans le même enfer sans plus rien
avoir à perdre. Il nous a divisés, les bénis d’un côté et les maudits de
l’autre, et Robbie veut que son âme soit sauvée. Peux-tu le blâmer pour
ça ?
    — Qu’en est-il de vous ? demanda Geneviève au
borgne.
    — Mon âme est morte il y a des années, répondit-il d’un
air sombre.
    Puis il se tourna pour observer la rue principale.
    — Ils vont avoir laissé des hommes d’armes à l’extérieur
de la ville pour vous attraper dès que vous sortirez. Mais vous pouvez vous
échapper par la petite porte derrière la maison du père Médous. Ils ne la
garderont pas et vous pourrez traverser la rivière près du moulin. Dans les
bois, vous serez relativement en sécurité.
    Pendant un moment, Thomas ne comprit pas – ou refusa de
comprendre – ce que messire Guillaume disait, puis il saisit soudain que
ce dernier lui enjoignait de partir. De courir. De fuir. D’aller se cacher. De
quitter son premier commandement, d’abandonner sa nouvelle richesse, ses
hommes. Tout ! Il regarda messire Guillaume, qui haussa les épaules.
    — Tu ne peux pas rester, Thomas, insista gentiment son
aîné. Robbie ou l’un de ses amis te tueront. À mon avis, une vingtaine d’entre
nous pourraient te soutenir. Mais si tu restes, il y aura un combat entre nous
et eux, et ils gagneront.
    — Tu vas rester ici ?
    Guillaume d’Evecque parut mal à l’aise.
    — Je sais pourquoi tu es venu ici, expliqua-t-il. Je ne
crois pas que cette chose existe, et même si c’est le cas, je ne pense pas que
nous ayons la moindre chance de la trouver. En revanche, nous pouvons nous
faire de l’argent ici et j’en ai besoin, donc, oui, je reste. Mais toi tu dois
partir, Thomas. Va vers l’ouest. Trouve une garnison anglaise et rentre chez
toi.
    Il remarqua la répugnance qui se lisait sur le visage de
Thomas.
    — Par le Christ, que peux-tu faire d’autre ?
    Le jeune homme se taisait. Guillaume d’Evecque tourna les
yeux vers la porte de la ville et regarda les soldats qui attendaient de
l’autre côté.
    — Tu peux leur amener l’hérétique, Thomas, et l’envoyer
au bûcher. Alors, ils lèveront ton excommunication.
    — Je ne ferai jamais ça, riposta l’autre, violemment.
    — Remets-la aux soldats, insista le borgne, et
agenouille-toi devant l’évêque.
    — Non !
    — Pourquoi ?
    — Tu sais pourquoi.
    — Parce que tu l’aimes ?
    — Oui.
    Geneviève prit le bras de Thomas. Elle savait qu’il
souffrait, comme elle-même avait souffert quand l’Église avait extirpé l’amour de
Dieu de son cœur. Mais elle s’était habituée à l’horreur de la chose. Pas
Thomas. C’était trop frais, et elle savait qu’il lui faudrait du temps pour s’y
faire.
    — Nous allons survivre, dit-elle à messire Guillaume.
    — Mais vous devez partir, insista le Normand.
    — Je sais, admit enfin Thomas sans pouvoir contenir sa
peine.
    — Je vous apporterai de quoi vous nourrir et vous
équiper demain, promit Guillaume. Des chevaux, de la nourriture, des vêtements.
De quoi avez-vous encore besoin ?
    — De flèches, répondit Geneviève instantanément.
    Elle se tourna vers Thomas, comme pour l’inviter à ajouter
quelque chose, mais il était encore trop choqué pour avoir les idées claires.
    — Tu veux les écrits de ton père, n’est-ce pas ?
suggéra-t-elle.
    Le jeune homme acquiesça de la tête.
    — Enveloppe-les-moi, demanda-t-il à messire Guillaume.
Enveloppe-les dans du cuir.
    — À demain matin, alors, répondit celui-ci.
Attendez-moi près du châtaignier creux sur la colline.
    Guillaume les escorta à l’extérieur du château. Ils se
faufilèrent dans les ruelles derrière la maison du prêtre pour gagner la
poterne aménagée dans le mur de la ville. Elle donnait accès à un sentier qui
descendait au moulin au bord de la rivière. Le Normand tira les verrous, ouvrit
la porte avec précaution. Comme il l’avait prévu, aucun soldat ne montait la
garde devant cette issue. Il les accompagna alors jusqu’au moulin. Une fois là,
il regarda le couple traverser la rivière en empruntant la margelle de pierre
du réservoir. Parvenus sur l’autre rive, ils s’enfoncèrent dans les bois.
    Thomas avait échoué

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