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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Jusque-là, alors qu’il
ignorait si son oncle paierait ou non sa rançon, il avait fait de son mieux
pour se montrer courtois, car son avenir dépendait de la bonne volonté de ses
ravisseurs. Désormais, bien qu’il ne se montrât pas particulièrement brutal
avec eux, il adoptait une attitude froide et distante. Après tout, cela n’avait
rien d’illogique : ils n’étaient que des aventuriers alors qu’il était
aujourd’hui l’un des nobles les plus riches du sud de la France.
    — Ma rançon, déclara-t-il sèchement, se monte à vingt
mille florins.
    — Quarante, rectifia immédiatement messire Guillaume.
    — C’est mon prisonnier ! s’interposa Robbie
en se tournant vers le Normand.
    — Et alors ? s’irrita ce dernier. Tu vas demander
vingt quand il vaut quarante ?
    — Je demande vingt, confirma l’Écossais.
    En vérité, c’était déjà une fortune, une rançon digne d’un
duc royal. En monnaie anglaise, cela faisait près de trois mille livres, ce qui
suffisait à faire vivre un homme dans le luxe pour le restant de ses jours.
    — Et j’ajoute trois mille florins, compléta Joscelyn,
pour les chevaux capturés et mes hommes d’armes.
    — C’est d’accord, répondit Robbie avant que messire
Guillaume ait pu objecter quoi que ce soit.
    Le prompt consentement de son camarade écœura d’Evecque. Il
savait que vingt mille florins représentaient une belle rançon, plus importante
même que tout ce qu’il avait jamais osé espérer quand il avait vu la poignée de
cavaliers approcher du gué et de l’embuscade. Malgré tout, il estimait que
Robbie avait accepté beaucoup trop rapidement l’offre du prisonnier.
D’ordinaire, il fallait des mois pour négocier une rançon, des mois de
marchandage, d’échanges de messagers transmettant des offres, des contre-offres,
des rejets et des menaces. Là, Joscelyn et Robbie avaient tout réglé en
quelques secondes.
    — Puisqu’il en est ainsi, maugréa messire Guillaume en
fixant le nouveau comte. Seulement, maintenant, vous restez ici jusqu’à ce que
l’argent arrive.
    — Alors je vais y rester à tout jamais, répliqua le
colosse calmement. Il faut que je prenne possession de mon héritage,
expliqua-t-il, avant que l’argent puisse être délivré.
    — Je vous laisse simplement partir alors, c’est
ça ? demanda Guillaume avec mépris.
    — Je vais l’accompagner, indiqua Robbie.
    D’Evecque dévisagea l’Écossais, puis il revint sur Joscelyn
et il comprit qu’il avait face à lui des alliés. C’était donc probablement
Robbie, se dit messire Guillaume, qui avait descendu l’écu renversé du
prisonnier. Le Normand n’avait pas manqué de remarquer ce détail, mais il avait
décidé de l’ignorer.
    — Tu pars avec lui, lâcha-t-il sèchement, et il reste
ton prisonnier ?
    — C’est mon prisonnier, certifia Robbie.
    — Mais je commande ici, rappela messire Guillaume, et
une part de la rançon me revient. Nous revient.
    Il faisait un geste en direction du reste de la garnison.
    — Elle sera payée, affirma l’Écossais.
    D’Evecque chercha à fixer son cadet dans le blanc des yeux,
mais il ne trouva face à lui qu’un jeune homme qui faisait tout pour ne pas
croiser son regard, un jeune homme aux allégeances incertaines et qui se
proposait d’accompagner Joscelyn à Bérat. Soupçonnant Robbie de ne pas vouloir
revenir, il se précipita vers la niche où pendait un crucifix, celui-là même
que Thomas avait brandi aux yeux de Geneviève. Il le décrocha du mur et le
déposa sur la table devant son camarade écossais.
    — Jure dessus, ordonna-t-il, que notre part de la
rançon nous sera payée.
    — Je le jure, répondit l’autre solennellement en posant
sa main sur la croix. Au nom de Dieu et sur la vie de ma mère, je le jure.
    La scène paraissait particulièrement amuser Joscelyn.
    Messire Guillaume jeta le gant. Il aurait parfaitement pu
garder prisonniers Joscelyn et les autres captifs à Castillon d’Arbizon, il le
savait. Au bout du compte, et quoi que prétende le nouveau comte, un moyen de
faire venir l’argent aurait été trouvé, même s’ils étaient tous restés détenus
dans le château. Mais il savait aussi que cette épreuve de force aurait
entraîné des semaines de troubles. Les partisans de Robbie – et ils
étaient nombreux, particulièrement parmi les routiers qui avaient récemment
rejoint la garnison – auraient prétendu qu’à force d’attendre

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