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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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conseillé de partir, continua-t-il. Je
savais que des hommes viendraient le chercher, ne serait-ce que pour avoir le
plaisir de le voir se tordre dans les flammes, donc je lui ai dit d’aller se
cacher. À mon avis, il s’est enfui dans les bois, et votre quête sera
difficile.
    — Vous aviez pour devoir de le remettre à l’Église.
    — J’ai toujours essayé de faire mon devoir envers
l’Église. Parfois j’ai échoué, et indubitablement Dieu me punira pour ces
faiblesses.
    — Pourquoi est-il venu ici ?
    — Je pense que vous le savez, Monseigneur.
    Peut-être y avait-il une pointe de moquerie dans ce dernier
mot.
    — Le Graal ?
    Planchard ne répondit pas à l’hypothèse de Vexille.
Silencieusement, il faisait défiler les grains de son chapelet entre son pouce
et son index, tout en regardant l’immense chevalier dans son armure noire.
    — Le Graal était ici, affirma l’Harlequin avec force.
    — Vraiment ?
    — Il a été amené ici.
    — Je n’ai aucune connaissance de cette histoire.
    — Je suis certain du contraire. Il a été amené ici,
juste avant la chute de Montségur, pour y être mis en sécurité. Mais les
croisés français sont venus à Astarac, et le Graal a de nouveau été emporté
ailleurs.
    L’abbé sourit.
    — Si c’est vrai, tout ceci est arrivé bien avant ma
naissance. Comment pourrais-je en avoir connaissance ?
    — Sept hommes ont emporté le Graal.
    — Les sept seigneurs noirs, dit le moine sans se
départir de son sourire. Oui, j’ai entendu cette histoire…
    — Deux d’entre eux étaient des Vexille, et quatre des
chevaliers qui avaient combattu aux côtés des cathares.
    — Sept hommes fuyant les forces de France et les
croisés de l’Église, souligna Planchard, songeur, dans une chrétienté qui les
haïssait. Je doute qu’ils aient survécu.
    — Et le septième homme, continua Vexille en négligeant
les réflexions de l’abbé, était le seigneur de Mouthoumet.
    — Qui était déjà à l’époque un fief insignifiant,
remarqua le religieux dédaigneusement, à peine capable d’entretenir deux
chevaliers avec ses pâtures de montagne.
    — Le seigneur de Mouthoumet était un hérétique.
    Un bruit retentit au fin fond de l’ossuaire, et l’Harlequin
se tourna brusquement. On eût dit un éternuement étouffé, suivi par un
raclement d’os. Vexille leva sa lanterne et se tourna vers les arcades
funéraires profanées.
    — Il y a des rats, indiqua Planchard. Les canalisations
de l’abbaye passent juste au fond de la crypte et nous pensons qu’une partie de
la maçonnerie s’est effondrée. On entend souvent des bruits étranges, par ici.
Certains des frères les plus superstitieux croient qu’ils sont l’œuvre de
fantômes.
    Debout au milieu des ossements renversés, la lanterne
brandie au-dessus de sa tête, Vexille tendait l’oreille. Mais il ne perçut
aucun autre bruit et revint à l’abbé.
    — Le seigneur de Mouthoumet était l’un des sept. Et son
nom était… Planchard.
    Vexille marqua une pause.
    — Mon seigneur, ajout a-t-il d’un ton moqueur en
insistant sur la dernière partie du mot.
    Le cistercien sourit.
    — C’était mon grand-père. Il n’est pas parti avec les
autres, mais il est allé à Toulouse et il s’est remis entre les mains de
l’Église. Il a eu de la chance de ne pas être brûlé. On lui a permis de se
réconcilier avec la vraie foi, même si cela lui coûta son fief, son titre et ce
qui passait pour sa fortune. Il est mort dans un monastère. Naturellement,
toute son histoire se raconte au sein de notre famille. Mais nous n’avons
jamais vu le Graal, et je puis vous assurer que je ne sais rien à son propos.
    — Mais vous êtes ici. Pas dans n’importe quel
monastère, mais ici, à Astarac…
    Guy Vexille avait adopté un ton accusateur.
    — C’est vrai, reconnut Planchard. Et je suis bien ici à
dessein. Je suis entré jeune homme dans cette maison. Si je suis venu, c’est
effectivement parce que les histoires des seigneurs noirs m’intriguaient. L’un
d’eux était censé avoir emporté le Graal et les autres avaient juré de le
protéger. Mais mon grand-père prétendait n’avoir jamais vu la coupe. En vérité,
il pensait même qu’elle n’avait jamais existé, mais que l’histoire avait été
inventée pour tourmenter l’Église. Les croisés avaient détruit les cathares, et
la légende des seigneurs noirs était leur revanche : elle avait pour but
de

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