Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
murmura-t-il à
Geneviève. Je suis certain qu’ils vont revenir.
    — On ne va pas se cacher.
    Et disant cela, elle fila vers la plus grande cahute et en
ressortit avec deux robes grises. Son compagnon comprit immédiatement. Il
l’aida à enfiler une des robes et remonta la capuche sur ses cheveux dorés.
Puis il revêtit l’autre et récupéra deux cliquettes parmi celles qui traînaient
sur la table. Pendant ce temps, Geneviève avait déposé les sacs de flèches et
l’arc sur un traîneau que les lépreux utilisaient pour transporter du petit
bois pour le feu. Thomas jeta des fagots sur les armes et il passa la corde du
traîneau par-dessus ses épaules.
    — On y va, dit alors la jeune femme.
    Le faux lépreux tira sur la corde et le traîneau se mit à
glisser aisément sur le sol humide. Geneviève marchait devant. Dès qu’ils
sortirent du lazaret, elle obliqua directement vers le nord, puis l’ouest,
espérant ainsi éviter le cavalier.
    Avec son manteau gris dans lequel se fondaient leurs propres
capes, le brouillard était leur allié. Une langue boisée descendait de la crête
occidentale. La jeune femme se dirigea droit sur elle, sans faire retentir sa
cliquette, mais en regardant partout, les sens aux aguets. Elle progressait
quelques pas en avant de son compagnon.
    Soudain, elle produisit un petit sifflement et Thomas
s’immobilisa. Les sabots d’un cheval retentirent à quelque distance. Il les
entendit s’éloigner et poursuivit sa route en continuant de tracter le
traîneau. Au bout d’un moment, il s’arrêta de nouveau pour se redresser et
étirer ses membres contractés.
    Se retournant, il constata que le monastère avait disparu.
Devant, les arbres ressemblaient à des spectres noirs décharnés dans la brume.
Ils suivaient une piste que les lépreux empruntaient eux-mêmes quand ils
allaient chercher des champignons dans les bois. Les arbres se rapprochaient.
Puis le martèlement de sabots retentit encore une fois. Alors Geneviève fit
claquer sa cliquette pour prévenir l’inconnu de la présence de lépreux.
    Apparemment, cet avertissement ne dissuada pas le cavalier.
Il arriva derrière eux et Thomas agita sa propre cliquette. Afin que l’on ne
puisse voir son visage sous la capuche, il gardait la tête baissée – ce
qui était le comportement ordinaire des lépreux, généralement peu enclins à
exhiber leur infamie. À travers l’échancrure du capuchon, il distinguait les
jambes de la monture, mais pas le cavalier.
    — Ayez pitié, gentil Seigneur, dit-il, ayez
pitié !
    Geneviève elle-même revint en arrière et tendit sa main,
comme si elle demandait la charité. Ce faisant, les cicatrices que le père
Roubert avait laissées sur sa chair apparurent, aussi horribles qu’opportunes
dans les présentes circonstances. Thomas imita sa compagne et releva
subrepticement sa manche pour révéler ses propres marques sur sa peau blanche
et striée.
    — La charité, continua-t-il. À votre bon cœur, Messire,
la charité.
    Ils sentaient le regard du cavalier invisible posé sur eux
et ils tombèrent à genoux. Des nuages vaporeux sortaient des naseaux du cheval
et se fondaient dans la brume.
    — Ayez pitié de nous !
    Affectant une voix rauque, Geneviève s’exprimait dans la
langue locale.
    — Pour l’amour de Dieu, ayez pitié !
    Le cavalier ne bougeait toujours pas et Thomas n’osait pas
lever les yeux vers lui. En cet instant, il ressentait ce qu’était la peur d’un
homme sans défense à la merci d’un cavalier en cotte de mailles. Il devinait
aussi que l’homme était torturé par le doute. Incontestablement, il avait reçu
l’ordre de chercher deux fugitifs susceptibles de quitter le monastère. Et
justement, il venait de débusquer une paire d’inconnus. Il avait cependant
apparemment affaire à des lépreux, et sa crainte de la lèpre se heurtait à son
sens du devoir. Soudain, d’autres cliquettes retentirent derrière eux et Thomas
risqua un regard pour voir surgir des arbres un groupe de silhouettes grises.
Agitant comme des forcenés leurs signaux sonores, ils approchaient eux aussi
pour demander l’aumône. La vue de tous ces lépreux s’ajoutant aux deux premiers
fut plus que n’en pouvait supporter le cavalier. Il cracha vers eux, tira sur
ses rênes pour rebrousser chemin. Toujours à genoux, Thomas et Geneviève
attendirent que l’homme ait été absorbé par le brouillard. Alors ils bondirent
en avant et se hâtèrent de

Weitere Kostenlose Bücher