L'hérétique
de France, portant l’emblème des
croisés, étaient arrivées pour extirper par le feu l’hérésie qui contaminait le
Sud. Des hommes s’étaient enfuis en emportant un trésor, qu’ils avaient juré de
défendre. Maintenant, des années et des années plus tard, seul Guy Vexille
était resté fidèle à cette foi dénaturée. Tous les autres avaient rejoint la vraie foi. Mais le père de Thomas avait-il vraiment possédé le Graal ?
C’était pour cette raison que Guy Vexille s’était rendu à Hookton et avait
massacré tout le village au passage, comme il venait d’assassiner l’abbé
Planchard. Ils éradiquaient les descendants des seigneurs noirs pour avoir,
selon lui, trahi la foi. Sa foi. Thomas savait exactement quel serait son sort
si son cousin venait à l’attraper.
— Une forme étrange, pour un Graal, remarqua Geneviève.
La boîte était carrée et peu profonde, pas assez haute en
tout cas pour qu’une coupe à pied ait pu y être conservée.
— Qui sait à quoi ressemble le Graal ? fit
observer son ami.
Il remit le coffret dans son havresac, puis ils partirent
vers le sud. Thomas jetait constamment des regards en arrière.
Vers le milieu de l’après-midi, il repéra des cavaliers en
manteaux sombres. Au nombre d’une petite dizaine, ils suivaient une crête, et
semblaient venir du monastère. Le jeune archer devina que la crête leur servait
de poste d’observation. Guy Vexille avait certainement fouillé une nouvelle
fois le monastère sans rien trouver, aussi élargissait-il maintenant le
périmètre de ses recherches.
Ils hâtèrent le pas. Ce ne fut qu’à la tombée du jour qu’ils
arrivèrent en vue du chaos de rochers où Geneviève avait été blessée. Les
forêts n’étaient plus très loin, maintenant. Mais Thomas n’était pas rassuré et
continuait de guetter derrière eux l’apparition éventuelle de la dizaine de
cavaliers noirs.
Soudain, il repéra d’autres hommes à cheval, à l’est, et
encore une dizaine. Ceux-là remontaient la piste de l’autre côté de la crête,
mais ne pouvaient être les premiers qu’ils avaient vus au loin. Au pas de
course, le couple traversa la prairie pour aller se fondre dans les arbres.
Quelques secondes à peine plus tard, de nouveaux cavaliers noirs apparurent sur
le plateau.
Tapis dans le sous-bois, Thomas et Geneviève retenaient leur
respiration. Les cavaliers en capes sombres s’arrêtèrent au milieu de la
prairie. Ils semblaient attendre quelque chose. Au bout d’un moment, les
premiers cavaliers aperçus les rejoignirent. Fort de son expérience de la
guerre et de la chasse, Thomas comprit qu’ils avaient dû jouer les rabatteurs.
Ces hommes avaient ouvertement ratissé la partie dégagée de la crête en
cherchant à pousser les deux fugitifs vers leurs complices. Mais il y avait
plus inquiétant encore, derrière ce constat : l’archer venait de réaliser
que son cousin avait parfaitement deviné ses intentions. Il savait que Thomas
allait tenter de gagner Castillon d’Arbizon, ou au moins qu’il allait vers
l’ouest pour essayer de rejoindre les garnisons anglaises les plus proches. Les
hommes de l’Harlequin passaient maintenant au peigne fin toute la région au
couchant d’Astarac. Tandis qu’il épiait les « chasseurs », il vit
brusquement apparaître son cousin à la tête d’un nouveau groupe de cavaliers.
Sur la crête herbeuse, il y avait maintenant une quarantaine d’hommes d’armes,
tous à cheval, tous en cottes de mailles ou en armure, tous revêtus de noir et
armés de longues épées.
— Que faisons-nous ? murmura Geneviève.
— On se trouve une meilleure cachette…
Ils reculèrent en rampant, essayant de ne pas faire le
moindre bruit. Quand ils furent suffisamment enfoncés au milieu des arbres, ils
se redressèrent et repartirent vers l’est. Ils retournaient vers Astarac car
Thomas pensait que Guy ne s’y attendrait pas. Quand ils atteignirent
l’extrémité du plateau et qu’ils purent voir la vallée se déployer devant eux,
l’archer se déplaça discrètement pour se trouver un poste d’observation sûr,
d’où il pourrait guetter ses poursuivants.
La moitié d’entre eux avaient déjà filé vers l’ouest pour
bloquer les pistes traversant la vallée voisine, mais le reste, emmené par
Vexille, chevauchait vers les arbres. Ils allaient de nouveau jouer les
rabatteurs, en espérant pousser Thomas et Geneviève vers leurs complices.
Maintenant que
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