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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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chose qu’il accepta de Thomas fut un lit de paille que son chef lui
ramena des ruines de l’écurie.
    Le fils de Philin aussi était tombé malade. Son visage
présentait des taches roses et il frissonnait. La maladie semblait avoir surgi
de nulle part. Thomas pensait qu’elle avait été amenée par le vent d’est qui
avait attisé l’incendie avant qu’il soit éteint par la pluie. L’abbé Planchard
l’avait mis en garde contre cette épidémie. Il lui avait parlé de la peste qui
arrivait de Lombardie. Elle était ici, et Thomas était impuissant.
    — Nous devons trouver un prêtre, dit Philin.
    — Un médecin, plutôt, répondit l’archer.
    Mais il n’en connaissait aucun et il ne voyait pas comment
on pourrait en amener un dans le château, même si on avait su où en trouver un.
    — Un prêtre, insista le grand coredor. Si une
hostie consacrée touche un enfant, il guérit. Les hosties, ça guérit tout.
Laissez-moi trouver un prêtre.
    Alors que Philin lui parlait, Thomas se rendit soudain
compte que le canon n’avait pas tonné de la matinée et qu’aucun arbalétrier
oisif ne s’était amusé à tirer un carreau contre les pierres du château.
    Il autorisa le barbu à se glisser hors des ruines du porche
pour se mettre en quête du père Médous ou de l’un des autres prêtres de la
ville. Il ne pensait pas le revoir, mais Philin revint, moins d’une demi-heure
plus tard. Il raconta que la ville était aussi durement frappée par le mal que
le château et que le père Médous administrait l’extrême-onction aux malades. Il
n’avait absolument pas le temps de venir voir la garnison ennemie.
    — J’ai vu une femme morte, étendue en pleine rue, dit
le coredor à Thomas. Elle gisait là, la mâchoire contractée.
    — Le père Médous t’a-t-il donné une hostie ?
    Philin lui montra l’épais morceau de pain qu’il porta
immédiatement à son fils. Celui-ci se trouvait dans la salle haute, avec la
plupart des malades. Une femme pleurait : en l’absence d’un prêtre, son
mari n’allait pas pouvoir recevoir les derniers sacrements. Alors, pour la
consoler et pour rendre espoir aux malades, Geneviève leva le calice d’or et le
promena autour des paillasses. Elle laissait tous les souffrants le toucher et
les assurait qu’il allait accomplir un miracle.
    — On aura besoin d’un sacré miracle, dit messire
Guillaume à Thomas. C’est quoi, cette horreur ?
    Les deux hommes s’étaient rendus au sommet du donjon. De là,
hors d’atteinte des arbalétriers, ils pouvaient observer le canon abandonné.
    — Il y avait la peste en Italie, dit Thomas, et elle a
dû arriver jusqu’ici.
    — Jésus-Christ ! s’exclama d’Evecque. Quelle sorte
de peste ?
    — Dieu seul le sait. Une très mauvaise, assurément.
    Pendant un moment, une crainte l’assaillit : cette
épidémie n’était-elle pas un châtiment que Dieu leur avait envoyé parce qu’il
avait brisé le Graal ?
    Presque aussitôt, il se rappela que l’abbé Planchard lui
avait parlé de l’épidémie bien avant qu’il trouve la coupe d’or et son cratère
de verre. Il regarda un homme enveloppé dans un drap sanglant tituber dans la
rue principale et s’effondrer. Il resta étendu, inerte, comme s’il était déjà
dans son linceul mortuaire.
    — Au nom du Christ, que se passe-t-il ? demanda
Guillaume en se signant. As-tu déjà vu une chose pareille ?
    — C’est la colère de Dieu qui nous punit.
    — Pour quoi ?
    — Parce que nous sommes encore en vie, répondit
l’archer amèrement.
    Il pouvait entendre les pleurs et les gémissements qui
montaient de Castillon. Ceux qui en étaient capables fuyaient la peste. Il les
regardait empiler leurs biens sur des charrettes à bras ou de simples
brouettes, avant de les pousser vers la sortie de la ville. Ils contournaient
le canon, franchissaient la porte, traversaient le pont et filaient vers
l’ouest.
    — Prions pour que la neige tombe, maugréa messire
Guillaume. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai souvent remarqué qu’elle arrêtait
les maladies.
    — Il ne neige pas, par ici, indiqua Thomas.
    Geneviève les rejoignit. Elle tenait toujours le calice
d’or.
    — J’ai alimenté le feu, dit-elle. Il semble faire du
bien.
    — À qui ?
    — Aux malades. Ils aiment la chaleur. C’est un feu
énorme.
    Elle tendit le doigt vers la fumée sortant d’une cheminée
sur le flanc du donjon. Thomas enroula son bras autour d’elle et

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