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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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examina son
visage, en quête des terribles taches rougeâtres.
    La peau claire de Geneviève était immaculée.
    Plantés sur le rempart, ils continuèrent à regarder la
population traverser le pont et emprunter la route de l’ouest. Ils virent
Joscelyn prendre la tête d’une colonne d’hommes d’armes à cheval et s’éloigner
vers le nord. Cette fois, en quittant Castillon, le nouveau comte de Bérat ne
s’arrêta pas pour regarder derrière lui. Il filait comme s’il avait le diable
aux trousses.
    Et peut-être qu’il l’avait, pensa Thomas.
    Il essaya de reconnaître l’Harlequin parmi les cavaliers qui
disparaissaient au loin, mais il ne le vit pas. Guy se mourait peut-être
quelque part en bas.
    — Est-ce que le siège est fini ? se demanda
Guillaume d’Evecque à haute voix.
    — Pas si mon cousin est encore en vie.
    — Combien d’archers as-tu encore ?
    — Douze capables de bander un arc. Et toi, combien
d’hommes d’armes ?
    — Quinze, grimaça le Normand.
    Seul point positif dans ce triste tableau, aucun membre de
la garnison originelle n’avait tenté de fuir. Ils se trouvaient beaucoup trop
loin de toute troupe amie pour prendre ce risque. En revanche, certains coredors étaient partis dès qu’ils avaient appris de Philin que les
assiégeants avaient cessé de surveiller le château. Thomas ne regrettait pas
leur départ.
    — Alors, que faisons-nous ? demanda messire
Guillaume.
    — Nous restons ici jusqu’à ce que nos malades
guérissent… ou meurent. Ensuite, nous partirons.
    Il se refusait à laisser des hommes comme Jake souffrir et
s’éteindre seuls. Le moins qu’il puisse faire, c’était de rester et de leur
tenir compagnie jusqu’au seuil de leur passage, vers l’enfer ou le paradis.
    Brusquement, il vit que le passage vers l’autre monde
risquait de venir plus vite qu’il ne s’y attendait. Des hommes d’armes se
rassemblaient au pied de la grande rue, près du canon. Ils portaient des épées,
des haches et des écus, et leur allure ne signifiait qu’une chose.
    — Ils veulent le Graal, souffla-t-il à ses amis.
    — Jésus-Christ, donne-le-leur, gronda Guillaume.
Donne-leur tous les morceaux.
    — Tu crois que ça va les satisfaire ?
    — Non, admit Guillaume.
    Thomas se pencha par-dessus le rempart.
    — Archers ! cria-t-il.
    Puis il courut enfiler sa cotte de mailles, boucla son épée
et récupéra son arc et son sac de flèches.
    Le siège n’était pas terminé.
     
    Trente-trois chevaliers et hommes d’armes remontaient la rue
sur trois rangs. Les hommes de tête, parmi lesquels se trouvait Guy Vexille,
portaient les pavois qui auraient dû protéger les arbalétriers, mais il n’en
restait que six et l’Harlequin leur avait ordonné de suivre en restant à dix
bons pas en arrière. Les grands boucliers des arbalétriers, tous plus hauts
qu’un homme debout, servaient donc finalement à ses hommes d’armes.
    Ils avançaient lentement derrière les pavois, traînant les
pieds pour rester collés les uns aux autres. Les épais et lourds panneaux de
bois étaient poussés au ras des pavés pour qu’aucune flèche ne puisse passer en
dessous et se planter dans une cheville. Guy Vexille se préparait à tout
instant à ce que les traits puissants des Anglais commencent à se ficher dans
le bois. Comme rien ne se passait, il se demanda si Thomas n’avait pas perdu
tous ses archers. L’hypothèse la plus probable, il le savait, était que
l’ennemi attendait l’abaissement des pavois.
    Ils parcouraient une ville de morts et de mourants, une cité
empestant le bois brûlé et les immondices.
    Ils trouvèrent en travers de leur route un mort gisant dans
un drap sale. Du pied, ils repoussèrent le cadavre, poursuivirent leur
progression. Les hommes du second rang tenaient leurs écus levés, protégeant
ainsi leurs trois lignes d’éventuelles flèches tirées depuis le sommet du
donjon.
    Toujours rien. Plus le temps passait, plus Guy en venait à
se demander si tout le monde n’était pas mort, dans le château. Il s’imagina
traversant des salles vides, tel un chevalier de jadis, un chercheur du Graal
venu accomplir sa destinée.
    Une onde de pure extase le fit frissonner à la pensée de
récupérer la sainte relique.
    Son groupe venait d’arriver à l’entrée de l’esplanade du
château. Ils traversèrent l’espace découvert. L’Harlequin rappela à ses hommes
de bien rester collés les uns aux autres et de maintenir

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