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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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qui prenait un peu plus de temps. Quand le silence fut total
au-dessus de lui, il se dirigea prudemment vers l’escalier de bois qui donnait
accès au chemin de ronde. Les marches craquèrent sous son poids et il
s’immobilisa contre la muraille. Mais il n’y eut aucune réaction. Personne ne
criait pour demander ce qui se passait. Une fois sur la coursive, il
s’accroupit contre la paroi de la haute tour du château. Sa robe noire le
rendait invisible dans les ombres de la lune décroissante. Il observa le mur
qui suivait le contour de la colline avant d’obliquer vers la porte
occidentale. De ce côté-là, le faible rougeoiement se découpant sur les
ténèbres indiquait que le brasero y dispensait un bon feu. Aucun guetteur
n’était en vue.
    Le frère supposa que les hommes devaient se réchauffer sous
la porte. Levant les yeux, il n’aperçut aucun garde sur le rempart du château,
aucun mouvement derrière les deux meurtrières à demi éclairées par des
lanternes qui brûlaient dans la tour.
    À l’intérieur de la taverne bondée, il avait repéré trois
hommes portant la livrée de Bérat, mais il pouvait y en avoir d’autres qu’il
n’avait pas vus. Le « frère » Thomas estima que la garnison devait
être en train soit de boire, soit de dormir. Alors il souleva sa robe noire et
défit une cordelette enroulée autour de sa taille. Elle était faite de fils de
chanvre assemblés et durcis avec de la colle de sabot, la même sorte de lanière
que celle qui conférait leur puissance aux redoutables arcs de combat anglais.
Elle était assez longue pour qu’il puisse l’enrouler autour de l’un des
créneaux du mur. Une fois cette tâche accomplie, il la laissa retomber le long
de l’à-pic en dessous jusqu’au sol. Penché par-dessus le parapet, il resta un
moment à regarder vers le bas, perdu dans une noirceur impénétrable. La ville
et le château étaient construits sur un rocher escarpé autour duquel sinuait
une rivière. Il entendait l’eau chuinter en passant sur un barrage. Tout ce
qu’il pouvait entrevoir, c’était un reflet de lune sur un bassin. Le vent
glacial lui soufflait au visage. Alors il remonta son capuchon sur sa tête et
battit en retraite pour se fondre à nouveau dans les ombres.
    Quelques instants plus tard, le guetteur réapparut. Cette
fois, il s’arrêta à la moitié du chemin de ronde. Pendant un moment, il resta
appuyé contre le parapet, puis il repartit dans l’autre sens vers la porte. Un
instant plus tard, Thomas perçut un petit coup de sifflet ressemblant au trille
d’un oiseau. Il se redressa et retourna vers la cordelette qu’il remonta. Une
bonne et solide corde était maintenant accrochée à celle-ci. Il se hâta de
nouer ce nouveau filin autour du créneau.
    Une fois cette tâche accomplie, il se pencha encore une fois
au-dessus de l’à-pic.
    — La voie est libre, lança-t-il doucement en anglais.
    Immédiatement, il capta le bruit de bottes d’un homme
montant le long du mur en s’aidant de la corde.
    Quand la silhouette sombre fut tout près du haut du rempart,
elle poussa un grognement d’effort. Simultanément, le fourreau de son épée
heurta la pierre bruyamment. L’homme se réceptionna enfin sur le chemin de
ronde et vint s’accroupir près du dominicain.
    — Tiens.
    Le nouveau venu tendait au religieux un arc de combat
anglais et un sac de flèches.
    Derrière, un de ses compères entamait déjà l’ascension de la
muraille. Celui-là avait un arc de guerre accroché dans son dos et un carquois
de flèches à la taille. Plus agile que le précédent, il montait sans faire le
moindre bruit et il parvint à se hisser sur le chemin de ronde dans le même
silence. Puis un troisième homme apparut, qui vint se tapir près de ses
camarades.
    — Comment ça s’est passé ? demanda à Thomas celui
qui avait grimpé le premier.
    — Pas trop mal.
    — Ils ne t’ont pas soupçonné ?
    — Ils m’ont fait lire un peu de latin pour vérifier que
j’étais bien un prêtre.
    — Satanés idiots, ricana sourdement l’homme avec un
accent écossais prononcé. Et maintenant ?
    — On prend le château.
    — Que le Christ soit avec nous.
    — Il l’a été, jusqu’à maintenant. Comment vas-tu,
Sam ?
    — J’ai soif, répondit l’un des deux autres.
    — Tiens-moi ça, lui dit le faux moine en lui confiant
son arc et son sac de flèches.
    Le guetteur n’avait toujours pas réapparu. Profitant de
cette heureuse

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