Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
appuya quand même
encore, plus fort. Le vantail s’ouvrit enfin dans un terrible grincement de ses
charnières rouillées. Le bruit aurait réveillé des morts. Le couinement des
gonds finit par s’évanouir, le silence retomba.
    Angoissé à l’idée d’avoir alerté les autres occupants du
château, Thomas découvrit derrière la porte une grande pièce tendue de
tapisseries. Les vestiges d’un feu brûlaient dans un vaste foyer et
dispensaient suffisamment de lumière pour montrer que la salle était vide. À
son extrémité, on apercevait le dais sous lequel le comte de Bérat, le suzerain
de Castillon d’Arbizon, devait s’asseoir quand il visitait la ville. C’était
aussi dans cette pièce que l’on dressait la table lors des fêtes. Pour l’heure,
le dais était naturellement vide. Mais derrière celui-ci, dissimulé par une
tapisserie, on devinait un espace voûté. À travers le tissu mangé par les
mites, on discernait la lueur d’une flamme vacillante.
    Robbie dépassa son chef et s’avança dans la pièce. Il longea
le mur de la salle. Les étroites fenêtres laissaient pénétrer des rayons
obliques de lune argentée. Thomas plaça une flèche sur son arc noir. En bandant
la corde jusqu’à son oreille droite, il sentit la formidable puissance de la
flèche en if. Arrivé près du dais, l’Écossais regarda derrière lui. Il constata
que l’archer était prêt et il tendit le bras pour écarter la tapisserie élimée
de la pointe de son épée.
    Avant même d’avoir touché la tenture, la lame s’écarta pour
laisser place à un gros homme qui se jeta sur lui en vociférant. Le Calédonien
fut pris par surprise. Il s’efforça de ramener son épée en arrière pour parer
l’attaque, mais pas assez vite. La montagne humaine lui tomba dessus, poings en
avant. À la même seconde, le grand arc noir claqua. La flèche capable de
transpercer une armure de chevalier à deux cents pas perfora la cage thoracique
de l’homme et le fit tournoyer. Il battit l’air de ses bras en renversant
l’Écossais avant de s’écraser lui-même pesamment sur le sol. Robbie se retrouva
à demi prisonnier sous le colosse. Son épée était tombée bruyamment sur l’épais
parquet de bois. Une femme hurlait. Thomas devina que le blessé était le
châtelain, le commandant de la garnison. Il se demanda si l’homme vivrait assez
longtemps pour répondre à ses questions. L’Écossais, lui, avait tiré sa dague.
Ignorant que son assaillant avait été transpercé par une flèche, Robbie lui
trancha le cou. Un sang sombre jaillit et se répandit sur les lames de parquet.
Le jeune homme n’avait pas fini son geste que sa victime était déjà morte.
Derrière la tapisserie, la femme hurlait de plus belle.
    — Fais-la taire ! cria Thomas à Jake.
    Puis il alla aider son ami à s’extraire de sous le cadavre.
La longue chemise de nuit blanche de l’homme était maintenant rouge de sang.
Dans l’alcôve, Jake gifla la femme ; le silence revint enfin.
    Il n’y avait pas d’autres soldats dans le château. Une
dizaine de serviteurs dormaient dans les cuisines et les réserves, mais ils ne
posèrent aucun problème. Tous furent descendus dans les cachots.
    Une fois la citadelle entre ses mains, Thomas gagna le
sommet du donjon. En dessous de lui, il pouvait voir les toits de Castillon
d’Arbizon, qui ne se doutait de rien. Il agita alors une torche enflammée trois
fois d’avant en arrière, avant de la jeter loin dans les buissons, au pied de
la colline escarpée sur laquelle le château et la ville étaient bâtis. Enfin il
gagna le flanc occidental du rempart et posa une dizaine de flèches contre le
parapet. C’est là que Jake le rejoignit.
    — Sam est avec sir Robbie à la porte, indiqua ce
dernier.
    Robbie Douglas n’avait jamais été adoubé. Mais, s’agissant
d’un guerrier de bonne lignée, les hommes de Thomas l’avaient toujours
considéré comme un chevalier et l’affublait d’un ronflant « sir »
pour parler de lui. À l’instar de leur chef, ils aimaient l’Écossais, et
c’était pour ça que Thomas avait désobéi à son seigneur et décidé d’emmener son
bouillant camarade avec lui. Jake déposa d’autres flèches contre le parapet.
    — Ça a été facile.
    — Ils ne s’attendaient pas à des problèmes, reconnut le
jeune archer.
    Ce qui n’était pas entièrement exact. Les gens de la ville
savaient qu’une bande anglaise – en l’occurrence les hommes

Weitere Kostenlose Bücher