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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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circonstance, Thomas entraîna ses trois compagnons vers
l’escalier de bois. Ils le descendirent et s’engagèrent dans l’allée qui
longeait l’église. Elle menait à la petite place devant l’entrée du château.
Les fagots de bois étaient empilés pour l’exécution de l’hérétique. Dans la
faible lueur du clair de lune, le bûcher paraissait plus noir qu’il n’était.
Au-dessus des branchages et bûchettes se découpait la silhouette d’un poteau
avec une chaîne. La bégharde y serait entravée.
    Les hautes portes du château étaient assez larges pour
laisser passer un chariot de ferme. Elles étaient présentement closes, mais
dans l’un des battants Thomas repéra un portillon. Il s’avança seul pour aller
cogner à l’huis. Après une pause, il perçut un froissement de pas de l’autre
côté. Sans ouvrir, un homme lui posa une question de l’intérieur de la
citadelle. Le dominicain ne répondit pas, mais recommença à frapper violemment.
Le garde, qui attendait le retour de ses compagnons de la taverne, ne soupçonna
rien. Il tira les deux verrous et ouvrit le guichet. Deux torches éclairaient
l’intérieur du passage. Le faux moine s’avança dans la lumière tremblotante des
flammes et remarqua le regard perplexe du garde. Celui-ci semblait stupéfait de
voir un prêtre monter au château de Castillon d’Arbizon en pleine nuit. Cet air
ahuri hantait encore ses traits quand le poing du frère lui cogna brutalement
le visage, puis le ventre. Le vigile bascula en arrière contre le mur et le
moine se jeta sur lui pour l’empêcher de crier en écrasant sa paume contre sa
bouche. Le dénommé Sam et les deux autres franchirent rapidement la petite
porte qu’ils refermèrent derrière eux en repoussant les verrous. Le garde à
terre se démenait. Pour l’inviter au calme, Thomas lui décocha un rude coup de
genou qui lui arracha un couinement étouffé.
    — Allez regarder dans le corps de garde, ordonna le jeune
homme à ses compagnons.
    Une flèche encochée sur la corde de son arc, Sam poussa la
porte qui s’ouvrait sous l’arche de l’entrée. Dans la petite pièce, il n’y
avait qu’un seul garde, debout près d’une table sur laquelle étaient posés une
flasque de vin, deux dés et un petit tas de pièces de monnaie. Hébété, le garde
fixa le visage rond et jovial de Sam. Il était encore bouche bée quand la
flèche lui troua la poitrine, le repoussant contre le mur. Tirant son couteau,
Sam se précipita sur lui. Le sang gicla sur les pierres quand il trancha la
gorge du malheureux.
    — Avais-tu besoin de le tuer ? gronda Thomas en
ramenant le premier garde encore hagard dans la salle.
    — Il me regardait bizarrement, répondit l’archer, comme
s’il avait vu un fantôme.
    Il ramassa les pièces sur la table et les jeta dans son sac.
    — Je le tue aussi ? demanda-t-il en désignant
l’autre veilleur du menton.
    — Non, dit Thomas. Robbie, attache-le !
    — Et s’il fait du bruit ? s’enquit l’Écossais.
    — Alors, Sam pourra le tuer.
    Le troisième homme de Thomas entra à son tour dans le corps
de garde. Très grand, mince et bigleux, il s’appelait Jake. Comme Sam, il
portait un arc et un sac de flèches, et une épée se balançait à sa taille.
Quand il vit le sang sur le mur, un méchant sourire éclaira ses traits et il
attrapa la gourde de vin qu’il venait de repérer sur la table.
    — Pas maintenant, Jake ! lui lança son chef.
    S’il avait l’air plus vieux et beaucoup plus cruel que
Thomas, le grand échalas obéit docilement. Sans s’attarder, le faux moine
regagna la porte du corps de garde. Il savait que la garnison ne comptait que
dix hommes, que l’un d’eux était déjà mort, qu’un autre était prisonnier et
qu’au moins trois se trouvaient encore à la taverne. Donc ils pouvaient en
avoir encore cinq à affronter à l’intérieur du château. L’Anglais observa la
cour. Elle était vide, à l’exception d’une carriole de paysans chargée de
balles et de tonneaux. Alors il revint au râtelier d’armes de la salle des
gardes et choisit une courte épée. Il en éprouva la lame, la trouva assez
effilée.
    — Tu parles français ? demanda-t-il au vigile
prisonnier.
    Trop terrifié pour parler, l’homme secoua négativement la
tête.
    Thomas ordonna à Sam de rester là pour le surveiller.
    — Si quelqu’un frappe à la porte du château, ne réponds
pas. Si le prisonnier fait un bruit, continua-t-il

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