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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de
Thomas – hantait les parages, mais ils s’étaient persuadés qu’ils ne
viendraient pas jusqu’à Castillon d’Arbizon. La ville vivait en paix depuis si
longtemps que ses habitants croyaient dur comme fer que la quiétude durerait
toujours. Les murailles et les guetteurs n’étaient pas là pour les protéger des
Anglais, mais des grandes compagnies de brigands qui infestaient la campagne.
Un veilleur indolent et un haut mur pouvaient suffire à repousser ces
malandrins, mais pas de vrais soldats.
    — Finalement, comment avez-vous franchi la
rivière ? demanda Thomas à son compagnon.
    — Par le barrage.
    Ils étaient allés reconnaître la ville au crépuscule, et
Thomas avait identifié le barrage du moulin comme le meilleur endroit pour
traverser le torrent, profond et rapide.
    — Et le meunier ?
    — Transi de peur dans sa maison. On l’a pas vu.
    Le jeune homme perçut un craquement de branches brisées, des
frottements de pieds et un coup sourd au moment où une échelle était
positionnée dans l’angle entre le château et le mur de la ville. Il se pencha
par-dessus le parapet intérieur.
    — Tu peux ouvrir la porte, Robbie ! cria-t-il vers
le bas.
    Il plaça une flèche sur sa corde et observa le long mur
baigné par la lune quelques mètres juste en dessous.
    Plus bas, des silhouettes gravissaient l’échelle. Parvenus
au niveau du chemin de ronde, les arrivants balançaient armes et sacs
par-dessus le parapet avant de se hisser à leur suite. Une lueur s’infiltrait
par le petit guichet ouvert où Robbie et Sam montaient la garde. Après un
moment, une colonne d’hommes descendit les marches du mur pour gagner la porte
du château. Leurs mailles cliquetaient dans la nuit. La nouvelle garnison de
Castillon d’Arbizon s’installait.
    Soudain, un guetteur apparut à l’autre bout du mur, du côté
de la porte de la ville. Baguenaudant en direction du château, il prit
brusquement conscience du bruit métallique des épées, des arcs et des sacs que
les hommes balançaient sur le chemin de ronde en gravissant les murs. L’homme
hésita, partagé entre le désir de se rapprocher pour voir ce qui se passait et
celui d’aller quérir des renforts. Thomas et Jake n’eurent quant à eux pas la
moindre seconde de doute : ils lâchèrent tous deux une flèche.
    Le vigile portait une veste de cuir rembourrée, une
protection largement suffisante contre le bâton d’un ivrogne. Les traits
puissants s’enfoncèrent dans le cuir, le matelassage et la poitrine, et les
deux pointes ressortirent dans le dos de l’homme. Il fut repoussé en arrière.
Sa lance tomba en claquant sur le sol. Puis il tournoya sur lui-même dans le
clair de lune, haleta plusieurs fois et s’immobilisa.
    — Que va-t-on faire, maintenant ? demanda Jake.
    — Prélever les taxes, répondit Thomas, et se faire
détester.
    — Jusqu’à quand ?
    — Jusqu’à ce que quelqu’un vienne pour vous tuer,
rétorqua l’autre en pensant précisément à son cousin.
    — Et alors, on le tue ?
    Jake avait beau loucher, il avait une vision très simple et
directe de la vie.
    — Avec l’aide de Dieu, ajouta son chef en faisant le
signe de croix sur son opportune robe de moine.
    En bas, il apercevait son dernier homme en train de se rétablir
sur le mur et de tirer l’échelle derrière lui. Il restait encore une
demi-douzaine d’hommes à un petit mille de distance, cachés dans la forêt de
l’autre côté de la rivière, où ils gardaient les chevaux. Mais le gros de ses
forces se trouvait maintenant à l’intérieur du château et les portes de la
citadelle furent refermées. Le guetteur mort gisait sur le rempart. Deux
longues baguettes empennées de plumes d’oie sortaient de sa poitrine, personne
d’autre n’avait soupçonné l’irruption des assaillants. Castillon d’Arbizon
était plongée dans le sommeil ou l’ivresse. Alors, des cris se firent entendre.

 
2
    L’idée que la bégharde qui devait mourir le lendemain matin
ait pu se trouver emprisonnée dans le château n’avait pas effleuré l’esprit de
Thomas. Si même il avait réfléchi à cette question, il aurait incontestablement
supposé que la ville possédait sa propre prison. Pourtant, elle avait été
confiée aux bons soins de la garnison. Et maintenant, elle hurlait des insultes
à l’encontre des hommes qu’on venait d’enfermer dans des cellules voisines de
la sienne. Le tintamarre troublait les archers et les

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