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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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l’autre extrémité de l’infirmerie, l’ouvrit et m’entraîna à l’extérieur. Le soleil que je n’avais pas vu depuis longtemps m’éblouit. La chaleur sèche tranchait agréablement avec la fraîcheur de l’intérieur. Nous étions dans une rue étroite et tortueuse, aux maisons basses couvertes de tuiles rougeâtres. La lumière donnait aux environs une chaleureuse teinte jaunâtre. Je m’arrêtai un moment et fermai les yeux pour mieux humer l’air parfumé de terre et d’épices. Çà et là, des iris égayaient les alentours. Au loin, je pouvais apercevoir une muraille sur laquelle quelques sentinelles marchaient paresseusement. La guerre, avec sa laideur et sa destruction, n’avait pas touché cet endroit. J’essayai de ne pas tenir compte des regards obliques que m’adressèrent les quelques habitants qui passèrent près de nous.
    Il me suffit de quelques pas pour constater combien mon corps payait pour l’inactivité forcée qui lui avait été imposée. Soufflant comme un bœuf, je dus m’arrêter à maintes reprises pour reprendre mes forces, moi dont l’entraînement avait été mené par la main de fer de Bertrand de Montbard.
    —    Tudieu. Je suis faible comme un nourrisson.
    —    Ne t’en fais pas, dit Pernelle. Tu as les muscles flétris à force d’être resté couché. Tout reviendra bien vite.
    J’avais l’impression désagréable d’être un vieillard décrépit. En chemin, je posai à mon amie une des questions qui me brûlaient les lèvres.
    —    Au cours de la bataille, j’ai été séparé de ceux avec qui j’étais venu. L’un d’eux était Bertrand de Montbard.
    —    Le maître d’armes de Rossal ? demanda-t-elle, étonnée. Il est encore vivant, celui-là ?
    —    Vivant et toujours aussi irascible. L’as-tu aperçu ? En as-tu eu vent ?
    —    Non, répondit-elle en hochant pensivement la tête.
    —    Et Sire Evrart de Nanteroi ? Un seigneur venu du Nord. En as-tu entendu parler ? Il est venu avec une vingtaine d’hommes.
    Elle grimaça un peu, visiblement mal à l’aise.
    —    Gondemar, tu dois comprendre que mes accointances avec les croisés sont. limitées. Ils ne sont pas venus dans le Sud pour faire connaissance, comme tu l’as sans doute remarqué. Peut-être tes amis sont-ils morts. Après tout, à Béziers seulement, les croisés ont occis au moins vingt mille des nôtres. Quelques-uns d’entre eux ont bien dû y laisser leur peau.
    —    Vingt mille ? m’écriai-je, incapable de concevoir que le massacre auquel j’avais participé avait atteint de telles proportions. C’est. immonde.
    Elle laissa échapper un petit rire cynique.
    —    Ils ont écharpé tout ce qui bougeait et respirait. Quand nous avons quitté Béziers, elle était occupée et en ruine. Les croisés ont vidé les maisons de leurs provisions, bu tout le vin qu’ils pouvaient trouver. Des patrouilles cherchaient ceux qui se cachaient encore.
    —    Où sommes-nous, exactement ?
    —    À Minerve. L’endroit est encore sûr pour l’instant. Les autres forteresses des environs étaient menacées, elles aussi, et il ne servait à rien de nous y rendre. Nous nous sommes enfuis jusqu’ici avec les blessés. Nous en avons perdu plusieurs en chemin.
    —    Quel jour sommes-nous ?
    —    Le 18 août.
    Je m’immobilisai et la regardai, stupéfait.
    —    Je suis resté inconscient presque un mois ?
    —    Tu avais un trou dans la cervelle, mon pauvre ami, dit-elle avec un mouvement d’impuissance. Je t’ai fait dormir autant que je le pouvais. Honnêtement, je ne savais pas quoi faire d’autre. La guérison est chose fort mystérieuse. On dirait que le corps se refait mieux lorsqu’il se repose.
    —    Mordieu. dis-je en examinant mes bras amaigris. Pas étonnant que je sois si flétri.
    Nous reprîmes notre chemin et marchâmes tranquillement jusqu’à un banc de pierre près d’une fontaine à l’eau claire, non loin de là. Elle m’invita à y prendre place, ce que je fis avec empressement, le souffle court. Puis elle s’assit à son tour.
    —    Que s’est-il passé pendant mon. sommeil ? m’enquis-je.
    —    Les croisés ont poursuivi leur avance, raconta-t-elle, dépitée. Quelques jours après le sac de Béziers, Narbonne s’est rendue sans combattre. Les habitants avaient eu vent des horreurs commises et étaient transis de peur. Puis, les soldats du pape se sont dirigés vers

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