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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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dire. J’avais terminé mon repas. Pour se donner une contenance, elle prit l’écuelle et la posa sur le sol. Je demeurai silencieux. Sans le savoir, Pernelle voyait juste. Dieu avait un plan pour moi et, comme tout bon marchand, il voyait à ses intérêts. Sa protection n’avait rien à voir avec la bonté. Il me condamnait à vivre. Pourquoi aurait-il consenti à la mort d’un damné auquel, à l’encontre des règles par lui-même établies, il avait donné une seconde chance ? Amer, je savais que Dieu ne me prêterait vie que jusqu’à ce que j’accomplisse la tâche qu’il m’avait confiée - que je réussisse ou que j’échoue. Cela me rendait-il immortel ? Pour un temps, sans doute. Mais, visiblement, je n’étais ni invulnérable, ni dispensé de souffrances. Les blessures, les infirmités et les maladies restaient mon lot. Une condition humaine cruellement prolongée, en quelque sorte. L’état dans lequel je m’étais trouvé en était la preuve indiscutable. Dit simplement, pour le moment, je n’étais pas autorisé à mourir. Seulement à souffrir. Un carreau d’arbalète en plein front n’y changeait rien.
    —    Je repasserai ce soir et nous ferons quelques pas ensemble, dit Pernelle. Tu dois retrouver tes jambes.
    Elle se pencha vers moi, posa un baiser sur ma joue, reprit l’écuelle vide et sortit.
    Pernelle tint parole et m’apporta elle-même mon repas du soir : une soupe épaisse accompagnée de pain, de fromage et d’un peu de vin rouge. Je me mis à manger avec appétit.
    —    Tu as faim. C’est bon signe, remarqua-t-elle.
    —    Je mangerais un cheval ! dis-je.
    —    Commençons par une soupe.
    En disant cela, je réalisai soudain que, depuis que je m’étais élancé dans la bataille de Béziers, je n’avais pas eu la moindre pensée pour mon fidèle Sauvage. J’espérai que Montbard en ait pris soin. À moins que quelqu’un d’autre se le soit approprié. Montbard ? Étonné, je constatai que, depuis mon réveil, je n’avais pas songé à mon maître d’armes non plus.
    Pernelle attendit que j’aie terminé et me débarrassa du bol.
    —    Bon. Voyons ce qui se trouve sous ces bandages.
    D’une main experte, elle défit les bandelettes qui m’encerclaient le crâne. Lorsqu’elle atteignit la fin, elle dut tirer un peu pour décoller le tissu qui s’était pris dans la plaie. Elle jeta le tout sur le sol et se mit à palper doucement mon front.
    —    La blessure se referme bien, déclara-t-elle après un moment, satisfaite. Tu ressens quelque chose d’inhabituel ?
    —    Non, répondis-je en haussant les épaules. Je me sens faible, rien de plus.
    —    Pas d’étourdissements ? De difficulté à parler ? De confusion ?
    —    Non.
    —    Tu as du mal à te déplacer ? À serrer les poings ? À lever les bras ?
    —    Non, rien. Pourquoi toutes ces questions ?
    —    J’ai vu bien des choses étranges suivre une blessure à la cervelle. Tu te souviens de tout ? Quel est le prénom de ta mère ?
    —    Nycaise, répondis-je, le souvenir étant toujours aussi douloureux.
    Elle déballa mes mains et les examina longuement. Au creux de chacune, les carreaux avaient laissé une marque ronde et enflée, d’un vilain rouge. Je ne pus m’empêcher d’apprécier l’ironie de la situation. Ironiquement, le damné que j’étais portait des marques qui rappelaient les stigmates du Christ. Pernelle palpa la blessure de ma main gauche. Je sentis une vive douleur et sursautai malgré moi, l’air sifflant entre mes dents.
    —    Ça fait mal ?
    —    Juste un peu.
    —    C’est bon signe. Si tu ne sentais rien, cela pourrait signifier que la peau se faisande. Et je ne sens aucune chaleur particulière. Tout semble bien guérir. Je crois bien que tu vas t’en sortir.
    Elle approcha ma main de son nez et la renifla longuement.
    —    Aucune odeur de corruption. Tu peux fermer les poings ?
    Je testai et eus l’impression que la chair s’arrachait dans mes
    mains. Je grimaçai un peu, mais j’y arrivai. J’avais déjà senti des douleurs bien pires. Le visage de Pernelle s’éclaira d’un sourire ravi.
    —    Ma foi, je vais commencer à croire que je connais quelque chose à la médecine.
    Mon amie s’éloigna vers une petite table placée dans le coin de l’infirmerie et en revint avec un pot de terre cuite qu’elle ouvrit pour en tirer un onguent jaunâtre à l’odeur plaisante

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