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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Pierre Roger se présenta. L’un des deux sortit un trousseau de clés et déverrouilla la lourde porte de bois fortifiée par des lamelles de fer. Il ouvrit, remit les clés à son seigneur et lui céda le passage. Celui-ci me fit signe de le suivre et un des gardes nous accompagna.
    Je fus étonné par ce que je découvris. La pièce à cinq murs était vide, mais son architecture était étonnante. Malgré moi, j’admirai l’étonnante voûte gothique formée de cinq ogives gracieuses aux chapiteaux sans fioritures, aux fins voussoirs en calcaire blanc. Je me serais attendu à de tels raffinements et de si belles proportions dans une église, mais pas dans une simple tour.
    —    Suis-moi, dit mon guide en s’engageant dans l’étroit escalier en vis qui menait à l’étage. Tu vas bien t’amuser.
    Il gravit les marches trois par trois et m’attendit devant une lourde porte ferrée qu’il ouvrit avec une des clés du trousseau. Je notai avec intérêt qu’avant d’entrer il avait posé la main sur le poignard qu’il portait à la ceinture et que le garde qui nous suivait avait tiré son épée. De plus en plus intrigué, je suivis mon hôte. La surprise que j’avais eue en entrant au rez-de-chaussée n’était rien en comparaison de celle que j’éprouvai alors.
    La pièce était confortablement meublée. Et habitée. Un homme était assis à une table placée près de l’unique fenêtre de la pièce
    - une fort jolie ouverture en ogive, notai-je au passage. Ses cheveux longs et sombres étaient attachés sur la nuque. Ses vêtements, même sales, étaient ceux d’un noble. Profitant de la lumière du jour, il écrivait sur un parchemin. Il leva la tête et, voyant qui était entré, posa sa plume d’oie près de son encrier. Son visage, orné d’une barbe qui avait grand besoin d’être taillée, était précocement ridé et il cachait mal la lassitude qui l’accablait.
    —    Tiens, Pierre Roger. Que me vaut l’honneur ? s’enquit-il avec une moue cynique.
    Cabaret se contenta de sourire et se tourna dans ma direction.
    —    Sieur de Rossal, permets-moi de te présenter le sieur Bouchard de Marly. Depuis quelques semaines, il est mon invité. Mon brave Bouchard, voici Gondemar de Rossal, un de tes anciens congénères qui a vu la lumière et qui a changé de camp.
    L’homme me toisa du regard, dans lequel je lus de la surprise et du mépris. Puis il haussa le sourcil.
    —    Prisonnier serait plus juste, dit-il avec hauteur.
    —    Allons, allons, roucoula Pierre Roger. N’es-tu pas traité correctement ? Tu manges trois repas par jour, tu peux écrire autant que tu le veux, tu es bien logé. Que pourrais-tu demander de plus ?
    —    La liberté.
    —    Tu es bien trop coquin pour cela. Si je te laissais partir, tu recommencerais à courir les campagnes et à tuer les nôtres. Tu m’en veux encore d’avoir occis ton ami Gaubert d’Essigny ? Rancunier, va.
    J’avais sans doute l’air d’un demeuré. Cabaret s’esclaffa et me donna une grande claque sur l’épaule.
    —    Le sieur de Marly est un croisé.
    Il se retourna vers son prisonnier et lui fit une révérence remplie d’ironie.
    —    Un croisé important, s’entend. Pour être plus précis, Bouchard est le fils de Mathieu de Montmorency, seigneur de Marly, et de dame Mathilde de Garlande. Ce qui le rend si précieux à mes yeux est qu’il est le cousin d’Alice de Montmorency, elle-même la tendre épouse de ce chien enragé de Montfort.
    Je lui adressai un regard amusé. Je comprenais maintenant pourquoi il était si sûr de la venue prochaine du général des croisés. Jamais un noble français n’accepterait qu’un de ses parents, même par alliance, soit retenu prisonnier par un hérétique. Et Montfort n’entendait pas à rire. En ce moment même, il devait être en train de préparer son attaque, s’il n’était pas déjà en route.
    —    Après le sac de Béziers, une fois leur quarantaine achevée, la plupart des croisés sont retournés sur leurs terres, les mains couvertes de sang et l’esprit tranquille, poursuivit Pierre Roger. Par solidarité filiale, ce brave Bouchard a décidé de rester avec son cousin pour l’aider à massacrer d’autres innocents. Après tout, il en restait encore quelques-uns.
    Je jetai un coup d’œil à Marly. Les mâchoires serrées, le visage blême, l’homme fulminait.
    —    Pour le récompenser, à titre de vicomte de

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