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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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écuelle vide à une des cuisinières et je l’imitai. Puis il me passa le bras autour des épaules et m’entraîna à l’écart.
    —    Les Parfaits t’ont demandé de prendre en charge les troupes parce que j’en ai moi-même exprimé le souhait. Dès que le bruit m’est parvenu que tu étais à Minerve et que dame Pernelle se portait garante de toi, j’ai envoyé un messager pour leur en faire la suggestion. J’espérais que tu finirais par voir le bien-fondé de notre cause. Dieu a exaucé mes prières - avec l’aide de dame Pernelle, sans aucun doute.
    —    Mais pourquoi ? insistai-je, un peu exaspéré.
    Il cessa de marcher et me fit face. Son visage perpétuellement amusé prit soudain un air sérieux, presque sombre, qui me surprit.
    —    Gondemar, dit-il à mi-voix. Tu n’es pas sans comprendre que notre situation est désespérée. Les chevaliers du Sud ne sont pas tous cathares et, si plusieurs ont pris fait et cause pour nous, d’autres, plus nombreux encore, sont passés du côté des croisés, emmenant leurs hommes avec eux. Ceci nous laisse avec des troupes très réduites qui ne peuvent pas protéger toutes les places fortes et toutes ne sont pas du calibre de Cabaret. Nous devrons faire des choix et nous concentrer sur les plus sûres.
    —    Et les autres ?
    Pierre Roger se contenta de hausser les épaules avec fatalisme.
    —    Tôt ou tard, nous serons submergés. La plupart finiront par tomber, à commencer par Fanjeaux, Bram et Minerve. Certaines résisteront vaillamment, d’autres se rendront. Les dernières à tenir seront sans doute Montségur et Quéribus, qui ont été lourdement fortifiées depuis l’an 1203.
    —    Alors ? Si la cause est perdue d’avance, pourquoi résister ?
    —    Parce que la Vérité en vaut la peine. Quel genre d’homme serais-je si je ne combattais pas pour mes convictions ? Les Parfaits n’hésiteraient pas un instant à marcher de leur plein gré dans un bûcher allumé plutôt que de trahir leur foi. Et moi, simple soldat, je ferais moins ?
    —    Un peu plus et je croirais que tu souhaites mourir.
    —    Dans une certaine mesure, Gondemar, tous les cathares le souhaitent. Ce monde n’est pas le nôtre.
    La certitude sereine de mon hôte me laissa un goût amer dans la bouche. Je la lui enviais, moi qui n’avais d’autre motivation que le salut de mon âme. Si j’étais là, dans cette forteresse hérétique, à essayer de comprendre comment je pouvais protéger cette Vérité qui n’était pas la mienne, c’était par intérêt personnel. Rien d’autre. Je me sentais affreusement égoïste.
    —    Tout cela ne m’explique pas ce que je fais ici, insistai-je.
    —    C’est pourtant évident. Je suis un excellent stratège et j’en suis conscient. Je sais analyser les faiblesses d’une forteresse et les corriger. Je n’ai pas mon pareil pour évaluer les forces adverses et planifier une attaque surprise. Mais regarde-moi, dit-il en ouvrant les bras. La nature m’a fait avorton. J’ai peine à manier l’épée. Sur le champ de bataille, je suis une engeance pour les autres, qui cherchent naturellement à me protéger, parfois au détriment de leur propre sécurité.
    La petite moue qu’il faisait me fit le prendre en pitié.
    —    Tu es tout ce que je ne suis pas, continua-t-il. Tu es un colosse et tu te bats avec une ferveur sans pareille et une compétence dont je ne peux même pas rêver. Les soldats ont besoin d’un chef qu’ils peuvent admirer. Quelqu’un qui les inspirera et qui leur montrera le chemin sur le champ de bataille. Leur détermination en sera décuplée.
    —    Tu sembles bien certain de tout cela. dis-je. Et si je n’étais pas l’homme que tu crois ?
    Je me remémorai la luxure qui m’avait emporté lors du siège de Béziers. Du peu de souvenirs que j’en gardais, j’avais dû être fort efficace, en effet.
    —    On m’a fait grand état de tes faits d’armes, à Béziers. Toi et le vieil homme qui ne quittait pas tes côtés avez fait de grands ravages, dit-on.
    —    Tu es bien informé. Si cela provient de Pernelle, sache qu’elle n’y était pas. Elle m’a retrouvé mourant, ce qui prouve que je ne suis pas invincible.
    —    Non. Mes renseignements me viennent de quelqu’un d’autre.
    —    Qui donc ?
    —    Moi, fit une voix derrière nous.
    Je me retournai et aperçus Landric qui se tenait à quelques pas. Il

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