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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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décoction de saule, sieur de Montbard. Et ne vous avisez pas de rechigner, sinon je vous cloue au lit pour deux autres journées, même si l’idée seule m’est insupportable.
    Résigné à suivre les ordres de celle qui était encore plus entêtée que lui, mon maître prit le breuvage qu’elle lui tendait avec un sourire mutin et l’avala d’un trait. Puis il lui rendit le gobelet en pinçant les lèvres.
    —    Vous connaissez Esclarmonde de Foix ? insista-t-elle en reprenant le gobelet.
    —    Euh. Non. Pas vraiment. Je l’ai vue une seule fois, voilà longtemps déjà.
    Il s’appuya de nouveau sur le rempart. Son regard se perdit dans le vague, très loin de nous, des années en arrière.
    —    Je donnerais cher pour la revoir, murmura-t-il d’un ton contemplatif. Elle semblait être une femme. exceptionnelle.
    —    Je voudrais bien avoir la chance de la rencontrer un jour, moi aussi. Quel honneur ce serait.
    Montbard tourna la tête et lui adressa un regard interrogateur.
    —    Elle est encore vivante, donc ?
    —    Bien sûr. Esclarmonde de Foix est la plus grande et la plus sage de tous les Parfaits, expliqua Pernelle, les yeux brillants. Tous les cathares la vénèrent. Elle est la sœur du comte de Foix. Après avoir perdu son mari, elle est devenue bonne chrétienne. Elle vit à Pamiers et parcourt sans cesse le territoire pour prodiguer soins, argent et encouragements aux fidèles. Elle dépense sans compter. C’est de la bourse de sa famille qu’est sorti l’argent nécessaire à la fortification de Montségur.
    Pernelle avait l’air de la fillette rêveuse de jadis, ce qui me fit sourire avec attendrissement. Elle s’en aperçut et, mal à l’aise, elle eut fort à faire pour retrouver la contenance austère qui caractérisait son rang.
    —    Euh. Bon, je dois retourner à l’infirmerie. Soyez raisonnable dans votre promenade, sire Bertrand. Ne vous échauffez pas les sangs.
    Elle tourna les talons et nous laissa pantois. Montbard et moi nous regardâmes sans vraiment comprendre.
    —    Ai-je bien entendu ? Les templiers étaient en contact avec les cathares ? demandai-je, stupéfait, lorsque Pernelle eut disparu dans l’escalier. On vous a envoyé remettre cette cassette à une Parfaite ?
    —    Ventredieu. On dirait bien que les rumeurs que j’ai entendues jadis étaient fondées, dit mon maître, perplexe, en fronçant les sourcils. Mais jamais je n’aurais cru que l’Ordre et les cathares étaient si proches.
    —    Mais. Pourquoi ?
    —    C’est ce que j’aimerais comprendre. Mais je ne suis qu’un soldat. Si on avait voulu me mettre dans le secret, on l’aurait fait.
    Notre promenade se poursuivit dans un silence malaisé et je fus presque soulagé lorsque mon maître m’affirma être fatigué. Je lui offris de le raccompagner à l’infirmerie, mais il préféra rester assis à l’ombre pour regarder l’exercice matinal qui allait bientôt commencer.

Chapitre 19 La déroute
    Pendant les semaines qui suivirent, Cabaret vécut dans une relative tranquillité. Nos guets-apens, menés avec le même acharnement, s’espacèrent à mesure que les hommes de Montfort devenaient prudents. Puis ils cessèrent tout à fait et je dus redoubler l’intensité des entraînements pour maintenir le niveau de préparation des troupes.
    Au début de l’an 1210, nos espions nous rapportèrent que Montfort avait finalement trouvé un nouvel exutoire à sa colère. Au sud-ouest de Cabaret, le village de Fanjeaux, où résidait l’évêque cathare Guilhabert de Castres, était maintenant occupé. Plusieurs bâtiments avaient été incendiés. Le seigneur, Isarn, s’était réfugié à Montségur avec sa famille, qui comptait plusieurs Parfaits. On ignorait quel sort avait été réservé aux habitants. La nouvelle fit rager d’impuissance Pierre Roger.
    — C’est le début de la fin, murmura-t-il pour lui-même, atterré.
    Bertrand de Montbard, déclaré en parfaite santé par Pernelle, put enfin se joindre aux exercices matinaux. Au début, son affaiblissement était évident. Ses muscles, jadis si massifs, avaient fondu comme neige au soleil. Après quelques minutes de combat simulé, il devint apparent que mon maître trouvait son épée bien lourde. C’était sans compter sur sa force de caractère. Jamais il ne céda aux tremblements de ses membres, les contraignant à lui obéir, les torturant jusqu’à la limite de

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