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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Dieu, fit Landric en me rejoignant, horrifié. Qui a pu faire une telle chose ?
    —    Montfort. Qui d’autre ?
    Je me retournai vers Ugolin, qui était pâle comme un linge et vacillait dangereusement sur sa selle, proche de l’évanouissement.
    —    Ugolin, retourne à Cabaret et alerte dame Pernelle. Dis-lui de se tenir prête à recevoir une centaine de patients gravement mutilés. Vite !
    Trop heureux de s’éloigner de l’affreux spectacle, le géant de Minerve fit faire demi-tour à sa monture et s’éloigna au galop, laissant un nuage de poussière dans son sillon.
    —    Vous autres, dis-je en m’adressant à mes hommes. Prenez en selle les plus mal en point et ramenez-les sans tarder. Ceux qui restent marcheront avec sire Bertrand et moi jusqu’à ce que vous reveniez les chercher.
    Le retour fut lent et pénible. Montbard et moi avions cédé notre monture à deux éclopés chacun et avions accompagné à pied ceux qui pouvaient encore marcher. Dans un état de profonde stupeur et atteignant le bout de leurs forces, les malheureux, plus morts que vifs, ne dirent pas un mot. Lorsque nos hommes furent de retour, ramenant avec eux tout ce qu’il y avait de chevaux dans la forteresse, on mit en selle ceux qui restaient et tous furent bientôt en sécurité derrière les murs de Cabaret, entre les mains expertes de Pernelle et des autres Parfaits.
    Ébranlé, je fis rapport de la situation à Pierre Roger. Au cours de ma vie, j’avais commis des abominations pour lesquelles je payais chèrement, mais ce qu’on avait fait à ces malheureux rivalisait avec mes pires exactions. Je me consolais en me disant que je connaissais mieux que personne le sort qui attendait l’âme de Montfort. Sans le savoir, en défendant ainsi la cause de l’Église, il s’assurait la damnation à la fin de ses jours. Dès que j’eus terminé mon récit, le seigneur de Cabaret entra dans une fureur terrible.
    —    Montfort. L’animal ! fulmina-t-il en abattant son poing sur la table. Bram est une toute petite forteresse mal défendue et facile à prendre. Elle est perdue sur un terrain plat comme un furoncle sur une fesse de moine. Plusieurs Parfaits s’y terrent depuis un bon moment. C’était l’endroit rêvé pour faire un exemple. Cet homme est un démon sorti tout droit de l’enfer. Maudit soit-il !
    —    Je vais aller voir ce que je peux apprendre d’eux, lui dis-je en sortant.
    Lorsque j’entrai dans l’infirmerie, Pernelle était penchée sur un de ces pauvres hères. En m’apercevant, elle murmura quelques mots d’encouragement à son patient en lui tapotant l’épaule puis vint à ma rencontre. Les traits crispés, elle était blême de rage.
    —    Ils s’en sortiront ? m’enquis-je.
    —    Les plus chanceux mourront d’épuisement avant la nuit. Quant aux autres, ils devront vivre avec ce qu’il leur reste de visage.
    Non loin de là, je repérai celui qui avait guidé les autres.
    —    Il peut parler ?
    —    Aussi bien qu’il est possible sans lèvre supérieure, cracha mon amie, dégoûtée.
    Je m’approchai du lit où gisait l’homme et m’accroupis. On l’avait lavé et vêtu d’une robe propre. On avait pansé son œil crevé et recouvert les plaies de son visage d’une épaisse couche d’onguent. Je lui posai la main sur l’épaule et il me regarda tristement.
    —    Quel est ton nom ?
    —    Vivian.
    —    Je suis Gondemar de Rossal.
    —    Le croisé qui a embrassé notre cause. Je sais.
    —    C’est Montfort qui t’a fait cela ?
    Vivian hocha tristement la tête.
    —    Il a assiégé la forteresse pendant trois jours. Nos troupes étaient peu nombreuses et n’ont pu résister à une attaque frontale. Les croisés sont entrés dans Bram et ils ont tout saccagé. Montfort a fait attacher un Parfait à la queue d’un cheval et a ordonné qu’on le traîne dans les rues jusqu’à ce qu’il ne soit plus que sang et viande.
    Il étira un bras tremblant pour saisir un gobelet d’eau posé sur la table près de lui. Je m’empressai de le lui tendre et de lui soutenir la tête pour le faire boire. Il le fit comme il le put sans lèvre supérieure, mouillant sa robe comme un enfançon. Lorsqu’il eut fini, il refit ses forces quelques instants, la respiration sifflante.
    —    Il a fait regrouper cent autres Parfaits sur la place, poursuivit-il. Il nous a fait mettre en rangs et a intimé à ses hommes de

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