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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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hypothèse était plausible.
    Dès le lendemain, je passai à l’offensive. Je fus particulièrement énergique à l’entraînement. La bataille à coups de masses d’armes fut furieuse et nos écus étaient en fort mauvais état lorsque nous nous arrêtâmes enfin, haletants et souriants. Montbard et moi étions assis côte à côte, soufflant comme des bêtes de somme, lorsque je le pris par surprise.
    —    Vous étiez présent lorsque Jérusalem est tombée ? demandai-je à brûle-pourpoint.
    Il s’étouffa avec la gorgée d’eau qu’il venait de tirer de l’outre et qui lui sortit par les narines.
    —    Que veux-tu dire ? rétorqua-t-il en toussant, pris de court.
    Je me désaltérai à mon tour à l’outre qu’il m’avait passée puis le dévisageai calmement.
    —    Ne serait-il pas temps que vous me disiez qui vous êtes vraiment ? insistai-je.
    —    J’ai dû te frapper sur la tête quelques fois de trop. Ou sont-ce les cuisses de Jehanne qui te troublent la raison ?
    Je ne me laissai pas désarçonner par cette piteuse tentative de m’embarrasser pour faire dévier la conversation.
    —    Personne ne sait d’où vous venez. De toute évidence, mon père vous a trouvé loin d’ici puisqu’il lui a fallu des semaines pour vous ramener. Du Sud, si l’on se fie à votre accent, que le père Prelou connaît.
    Montbard haussa les épaules et évita soigneusement mon regard.
    —    Soit, je suis du Sud. Et après ? Ce n’est pas un crime, que je sache.
    —    Jadis, vous avez laissé échapper que votre épée était tem-plière, poursuivis-je. Elle l’est bel et bien. Elle a un double tranchant, mais sa pointe est ronde. Elle n’est pas faite pour transpercer, mais pour trancher. Seuls les templiers en utilisent de semblables parce que, sur un champ de bataille, leur but n’est pas de tuer leurs adversaires, mais de les mutiler pour les rendre incapables de combattre. Votre réflexe premier, celui auquel vous revenez dès que vous êtes attaqué, est de trancher, pas de percer. De plus, nombre de templiers sont originaires du Sud. Alors répondez-moi franchement : êtes-vous un templier ?
    Voyant que Montbard ne disait rien, je poussai mon avantage, comme on le fait lorsqu’on a mis un adversaire sur la défensive.
    —    En octobre de l’an 1187, Jérusalem est tombée aux mains de Saladin. Je l’ai lu dans le récit de Guillaume de Tyr. Après cette défaite, plusieurs templiers sont rentrés en France. M’est avis que vous étiez de ceux-là et que votre expérience du combat est la raison pour laquelle mon père vous a engagé. Après tout, quoi de mieux qu’un terrible chevalier du Temple pour protéger Rossal ?
    Je le fixai intensément et me tus, guettant ses moindres réactions. Montbard inspira profondément, fit une moue songeuse et sembla pondérer sa réponse. Assis à sa droite, je constatai que son œil valide semblait perdu dans la contemplation de quelque chose de très lointain. Il se leva prestement et étira son dos, qui émit quelques craquements sonores. Puis il se mit à marcher de long en large.
    —    Tu n’es plus un enfant. Je suppose que le temps est venu de mettre fin à cette mascarade. Je vais répondre à ta question. En échange, tu dois me jurer que tu garderas le secret.
    —    J’en fais le serment.
    Soudain, il semblait avoir vieilli de dix ans. Il se frotta le visage de sa grosse main calleuse.
    —    Je fus templier, soupira-t-il avec lassitude. J’ai servi l’Ordre de mon mieux. J’ai vu le pire dont l’humanité est capable - autant les chrétiens que les Sarrasins. J’ai vu des enfants égorgés devant leur mère, des fillettes violées à répétition par des hordes de soldats dont les péchés étaient absous d’avance par le pape, des assassinats de masse tout à fait inutiles, mais justifiés par la ferveur du combat. Tout cela au nom d’un Dieu que l’on dit bon et miséricordieux. L’homme peut descendre bien plus bas que la bête.
    —    Vous avez fini par ne plus pouvoir supporter tout cela ?
    Montbard eut un rire sardonique.
    —    Pas du tout ! Quiconque y est exposé assez longtemps finit par ne plus être sensible à l’horreur. Tuer devient une seconde nature pour celui qui est convaincu que Dieu est son droit. J’aime combattre, petit. J’aime le poids d’une arme dans mon poing. J’aime sentir le choc de l’acier jusque dans mon épaule. J’aime le sentiment de

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