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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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d’eux.
    —    Que trouvez-vous donc si drôle ? demandai-je sèchement.
    —    Nous ? Rien du tout, sire Gondemar, répondit l’un d’eux, un vieil homme voûté et ridé, en s’empêchant tant bien que mal de rire.
    —    Il faut bien qu’un chevalier astique son arme de temps à autre, non ? ajouta l’autre, espiègle.
    Les deux pouffèrent et la colère m’envahit. Comment ces deux vilains pouvaient-ils se permettre de ridiculiser ainsi celui qui serait bientôt leur seigneur ? Mes poings volèrent comme l’éclair, écrasant le visage de l’un puis de l’autre. Lorsqu’ils furent au sol, mes pieds prirent la relève, enfonçant leurs côtes, broyant les bras décharnés avec lesquels ils tentaient vainement de se protéger. Lorsque je m’interrompis, essoufflé, les vieillards gisaient, gémissants et ensanglantés. Une femme surgit, les bras chargés de bois sec destiné à chauffer sa maison. En voyant la scène, elle se figea sur place, stupéfaite. Le regard fou que je lui adressai suffit à lui faire prendre les jambes à son cou.
    Il ne fallut pas longtemps pour que le traitement que j’avais infligé aux deux impertinents parvienne aux oreilles de mon père.
    —    Gondemar, m’admonesta-t-il avec une fermeté inhabituelle. Tu ne peux pas traiter les serfs de cette façon !
    —    Il est plus que temps qu’ils respectent leurs supérieurs ! rétorquai-je. Ta mollesse leur a fait oublier leur place !
    —    Gondemar. Je n’accepterai pas que tu.
    —    Personne ne te demande d’accepter quoi que ce soit ! crachai-je. Tu as abdiqué ton autorité depuis trop longtemps pour prétendre me faire des remontrances ! Contente-toi de te flétrir à petit feu et écarte-toi !
    Sous le regard éperdu de ma mère, je sortis en claquant la porte. Ce jour-là, je m’affranchis pour de bon de l’autorité morale de Florent de Rossal. Il n’en alla pas de même de Bertrand de Montbard. Le lendemain matin, il m’attendait dans l’étable, en chemise.
    —    J’entends dire que tu prends plaisir à maltraiter des vieillards sans défense ? s’enquit-il.
    —    Ils m’ont manqué de respect, rétorquai-je avec arrogance.
    —    Le respect n’est pas inné. Il doit être gagné, grogna mon maître. Par le courage et la justice, pas par la force brute.
    Il fit un pas dans ma direction et, sans prévenir, m’abattit son poing sur le visage.
    —    Voyons si tu es aussi courageux contre un adversaire qui peut se défendre.
    Sachant que je n’avais pas le choix de relever le défi, je fermai les poings et décochai vers sa mâchoire un coup qu’il bloqua sans mal. Puis je ne vis plus que des étoiles. Un poing dans le ventre me fit plier en deux. Un genou m’écrasa le nez et m’envoya choir sur le cul. Un pied sur la mâchoire m’étendit sur le dos. Puis la masse de Montbard s’assit sur ma poitrine.
    — Il n’y a aucun honneur à dominer plus faible que soi gronda-t-il, ponctuant chaque mot d’un violent coup de poing au visage.
    Lorsqu’il eut terminé, il m’aida à me relever et me renvoya chez moi. Il fallut deux longues semaines pour que les meurtrissures disparaissent de ma face. Les regards amusés des serfs ne m’enseignèrent ni l’humilité, ni la modération. Ils ne firent qu’attiser mon ressentiment.
    Après deux années de fréquentation assidue, Bertrand de Montbard restait un mystère pour moi. Au village, moult rumeurs circulaient à son sujet. On chuchotait qu’il était un meurtrier en fuite ou un brigand qui avait trahi sa bande. En réalité, personne ne savait qui il était ni d’où il était venu. Pour ma part, je n’avais jamais oublié la référence à l’épée templière qui avait semblé lui échapper, mais il n’avait fait que dévier toutes mes enquêtes à son sujet.
    Je résolus donc de retourner ses propres enseignements contre lui en l’attaquant de manière détournée. Je fis appel au père Prelou qui, trop heureux de me voir revenir à mes anciennes amours, me prêta son récit des croisades par Guillaume de Tyr. Avant de le quitter, je lui posai la question qui me brûlait les lèvres depuis deux ans et sa réponse me convint. Déterminé à percer le mystère de Montbard, je passai plusieurs nuits à consulter, à la lumière d’une chandelle, le précieux parchemin manuscrit enroulé sur des rouleaux de bois. Quand j’y trouvai enfin ce que je cherchais, un calcul rapide m’indiqua que mon

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