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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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cendres froides, des déchets, des restes de repas et de vomissures séchées trahissaient la présence récente de soldats. Tout près, une fosse à ciel ouvert débordante d’excréments dégageait un remugle écœurant. Autour, quelques soldats dormaient, enroulés dans des couvertures de fortune, apparemment insensibles à l’odeur.
    —    L’occupant précédent a exigé d’être déplacé, expliqua notre guide, qui avait suivi mon regard.
    —    Il n’y a pas d’autre endroit disponible ? s’enquit Nanteroi.
    —    À cette heure, vous êtes déjà chanceux que j’aie trouvé ceci, sire.
    Evrart se renfrogna.
    —    Bon. Ça ira. Pour cette nuit.
    —    Demain, dit l’homme, un peu piteux, je verrai si je peux vous trouver un endroit plus approprié.
    —    Deux pièces d’or pour toi si tu y parviens.
    —    Je ferai de mon mieux, sire.
    L’homme se retira, un peu plus obséquieux maintenant qu’il était porteur d’une promesse de récompense, et disparut dans la noirceur du camp. Dépités, nous attachâmes nos montures tout près et les soulageâmes de leur selle. Les hommes parvinrent à trouver quelques bûches et allumèrent un feu. Tour à tour, nous cherchâmes une place raisonnablement propre pour nous allonger. Montbard et moi nous installâmes un peu à l’écart.
    —    Il me fallait bien revenir de Terre sainte pour me trouver dans un cloaque pareil, maugréa Montbard. On se croirait dans les fondements du diable en personne. Non mais, que fais-je dans ce merdier ?
    Il se retourna avec colère, émit quelques jurons particulièrement créatifs, remonta sa couverture sous sa barbe et se tut. Pour ma part, je songeai au bourbier dans lequel je me trouvais moi-même, qui était infiniment pire que celui de mon maître. Bien après les autres, je finis par m’endormir d’épuisement en songeant qu’en cet instant, peut-être, Onfroi guettait sa chance de m’occire et que Métatron m’observait, où qu’il fût. Déjà, sans doute, mon salut était dans la balance divine.
    Le son strident des cors mêlé à des cris de ralliement me tira d’un lourd sommeil dans lequel j’avais l’impression d’avoir tout juste sombré. L’aube pointait à peine. L’esprit embrumé, je me dressai sur mon séant et regardai autour de moi. Evrart et ses hommes étaient dans le même état que moi, cherchant leurs armes à tâtons, peinant pour boucler leur ceinturon avec des doigts encore engourdis, cherchant leur heaume à quatre pattes ou sellant maladroitement leur cheval. Seul Montbard paraissait maîtriser la situation. Le vieux soldat, habitué à réagir aux attaques des Sarrasins, tenait les rênes de sa monture déjà sellée. Son épée pendait à son côté et son écu était fixé à son bras droit. Il avait coiffé le heaume de Nanteroi et observait avec mépris les autres qui se lançaient de tous les côtés à la fois.
    —    Morbleu ! N’ai-je pas réussi à faire mieux que ça de toi ? s’écria-t-il, rouge de colère. Si le camp était attaqué, l’ennemi t’aurait égorgé au moins dix fois, lambin ! N’es-tu efficace que lorsqu’il s’agit de faire rôtir des innocents sans défense ?
    Je me levai, honteux, et entrepris de passer mon équipement en espérant comprendre quelque chose à ce qui se passait. Un garde s’approcha et mit ses mains en porte-voix.
    —    À l’attaque ! cria-t-il. À l’attaque ! Sus aux hérétiques !
    Il allait s’éloigner lorsque Evrart lui saisit le bras et l’arrêta.
    —    Toi ! dit-il d’une voix autoritaire. Pourquoi lancer l’assaut dans un pareil désordre ? Que se passe-t-il ?
    —    L’attaque est déjà lancée, répondit l’homme. En ce moment même, les croisés entrent dans Béziers ! Hâtez-vous si vous voulez votre part de butin !
    —    Mais. comment ?
    —    Voilà moins d’une heure, quelques croisés sont montés sur le pont, près de la muraille, pour narguer les assiégés. Une douzaine d’entre eux ont mordu à l’appât et ont fait une sortie pour les corriger. Mal leur en prit, car ils ont laissé les portes grandes ouvertes et les hommes de Montfort en ont profité. Voyez vous-même comme ils ont déjà humé l’odeur du sang et de la chair fraîche. Regardez-les s’amuser, ces diables !
    Il indiqua la muraille qui, dans la lumière naissante, se révéla être à moins d’une demi-lieue de nous. Nous y portâmes tous un regard stupéfait. Les

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