L'histoire secrète des dalaï-lamas
remonter à l’origine de tous les éléments de notre univers actuel – et même au niveau microscopique – jusqu’à un point initial où tous les éléments du monde matériel sont condensés dans ce que l’on appelle en termes techniques des particules d’espace. Ces particules sont, à leur tour, l’état résultant de la désintégration d’un univers précédent. Il existe donc un cycle constant dans lequel l’univers évolue, se désintègre et revient à l’existence. Notre esprit fonctionne de manière analogue. Il est tout à fait évident que nous possédons ce que nous appelons esprit ou conscience : notre expérience en témoigne. Il est aussi manifeste que ce que nous appelons esprit ou conscience est sujet au changement, quand il est exposé à différentes conditions et circonstances. C’est là une preuve de sa nature variable d’instant en instant, de sa prédisposition à se modifier.
« Il est également évident qu’au niveau le plus grossier, l' esprit ou conscience est intimement lié aux états physiologiques du corps ; en fait, il dépend d’eux. Pourtant, il doit exister une certaine base, une énergie, une source qui permet à l’esprit, dans son interaction avec les particules matérielles, de produire des êtres vivants conscients. Tout comme au plan matériel, cette base est aussi, sans aucun doute, en continuum avec le passé. Si donc vous remontez à l’origine de notre esprit actuel, de notre conscience présente, vous vous apercevrez que, de même que pour l’origine de l’univers matériel, vous remontez alors à l’origine du continuum de conscience jusqu’à une dimension infinie. Comme vous pouvez le constater, le continuum de l’esprit est sans origine.
« Par conséquent, il doit exister des renaissances successives pour rendre ce continuum de l’esprit possible.
« Le bouddhisme croit en la causalité universelle : tout est soumis au changement, à des causes et à des effets. Il n’accorde donc aucune place à un Créateur divin, ni à une génération spontanée des êtres. Tout se manifeste au contraire comme une conséquence de causes et d’effets. Ainsi l’état présent de l 'esprit ou conscience résulte-t-il de ses instants précédents...
« Les causes et effets dont nous parlons sont principalement de deux types : les causes substantielles, qui sont à l’origine de ce qui produit, et les différents facteurs qui contribuent à produire la situation de causalité. Dans le cas de l’esprit et du corps, bien que l’un puisse affecter l’autre, l’un ne peut pas devenir la substance de l’autre... Bien que l’esprit et la matière dépendent l’un de l’autre, l’un ne peut être la cause substantielle de l’autre.
« C’est sur cette base que le bouddhisme accepte la notion de renaissance [188] . »
Si la renaissance des lamas les moins importants est reconnue sur simple déclaration de leurs pairs, la procédure de la désignation d’une réincarnation d’un chef de lignée comme le karmapa, d’un chef temporel comme le dalaï-lama ou d’un supérieur de monastère particulièrement important comme celui de Tashilhunpo pour le panchen-lama, devient beaucoup plus complexe. Elle inclut rêves visionnaires et consultation d’oracles, puis choix définitif d’un candidat, lequel doit distinguer, parmi de nombreux objets similaires, ceux qui ont appartenu à la précédente incarnation.
Pour le Bouddha, il n’y a donc pas de moi ou d 'âme qui transmigre, mais plutôt une énergie conscience qui fait qu’une vie découle de la précédente. Ainsi, le passé porte le présent à bout de bras, nos actes sont interdépendants les uns des autres, et notre conscience, un peu comme le ferait un ordinateur, a assimilé tous nos actes négatifs et tous nos actes positifs de nos vies antérieures et de notre vie présente. Cependant, pour l'actuel dalaï-lama, il existe différents niveaux de conscience à l’intérieur de la conscience même : « Pour certaines écoles de pensée du bouddhisme, il y a six principales sortes de conscience. Prenons l’exemple de la conscience visuelle qui dépend entièrement de l’organe de la vision, l’œil. Tant que cet organe est sain, la conscience associée peut continuer d’exister et de fonctionner. Si l’organe est altéré, cette conscience n’est plus. Certains niveaux de conscience dépendent donc entièrement d’un organe physique. Mais il existe un autre type de
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