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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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dépouille du neuvième panchen-lama, embaumé et recouvert d’une fine pellicule d’or pour éviter que le corps ne souffre des intempéries. Non seulement le Tibet se trouve sans dalaï-lama, sa réincarnation n’ayant toujours pas été découverte en 1937, mais encore sans panchen-lama, dont la dépouille va errer dans l’est du pays durant sept ans, avec les plus intégristes de ses partisans.
    Et pour semer plus encore le trouble dans les esprits, non seulement le Guomindang organise des funérailles nationales en l'honneur du neuvième panchen-lama, mais les nationalistes chinois lui décernent un ordre posthume, le 23 décembre 1937 :
    « Membre du comité du gouvernement nationaliste, chantre du bouddhisme jusqu’aux frontières de l’Ouest, défenseur de la nation, maître d’une grande sagesse, le panchen erdeni était sensible à toutes choses. Aussi a-t-il réalisé des oeuvres exceptionnelles. Dans sa jeunesse, il a contribué à l’unification (de la Chine) par de nombreux actes méritoires. Ces dernières années, le maître a apporté le bouddhisme aux frontières de l’Ouest, prêchant partout, avec soin, la morale et la vertu. Les habitants des régions frontalières le remercient et lui expriment leur reconnaissance unanime. Alors qu’il s’apprêtait à rentrer au Tibet, appelant vigoureusement à la paix – une attitude exemplaire qui lui vaudra un respect éternel –, il est mort subitement d’un excès de travail pour son pays. Pour lui exprimer notre souvenir affectueux et notre deuil profond, nous créons un ordre spécial en l’honneur du maître et le décernons à celui qui a tant protégé son pays et a dispensé une si grande sagesse. Nous lui donnons donc le titre posthume de maître perspicace. La somme de dix mille yuans sera versée pour ses funérailles... »
     
    La découverte
     
    Dans l’Amdo, Kelsang Rinpoché et son groupe de recherches sont arrivés à Kumbum au mois de janvier 1938. Ils y apprennent qu’un garçon de Taktser vit déjà au monastère : Thubten Jigmé Norbu est né dans une famille nombreuse de ce village amdowa, qui compte une trentaine de maisons.
    Depuis Tashi-Khyil, le monastère du quatrième karmapa, une piste, fréquemment empruntée par les caravaniers se rendant à Xining, longe une rivière sur plusieurs centaines de mètres. À l’origine, Taktser est un campement de nomades. La maison qu’observait le treizième dalaï-lama est une demeure traditionnelle, rectangulaire avec une grande cour intérieure ; elle s’appuie contre deux autres bâtiments et domine le village. Le toit est percé de deux cheminées et de trois trous d’aération. Au moment de la fonte des neiges, il pleut abondamment. Des gouttières en genévrier, qui prennent parfois des formes étonnantes, permettent l’écoulement de l’eau dans la cour.
    À Tashi-Khyil, le groupe de recherches a mis au point un habile subterfuge pour sa rencontre avec l’enfant : Lobsang Tsewang, un autre moine de Sera qui porte toujours sur lui la photo du neuvième panchen-lama, a revêtu les habits de Kelsang et le lama a enfilé les siens. Il faut le dire, cette maison de Taktser est l’ultime chance de trouver l’enfant réincarné du treizième dalaï-lama, car, sur les trois candidats désignés par le panchen-lama, l’un est mort, l’autre n’a pas répondu aux attentes de Kelsang.
    Voici enfin Taktser et la maison tant attendue ! Lobsang Tsewang ouvre la marche, mais il se tient légèrement à l’écart du groupe pour permettre à Kelsang, qui le suit de près, de bien observer la demeure. Plus que la maison, c’est le site qui interpelle le lama de Sera. La neige, ce sont les eaux laiteuses du lac, les reflets sont le toit de tuiles turquoise dans la neige immaculée. Oui... cet endroit correspond à ses visions au Lhamo-Latso et à celles du panchen-lama. En plus, il y a ce sifflement ! Il provient des drapeaux à prières.
    Le groupe raconte s’être égaré et demande l’hospitalité. L’homme qui les accueille s’appelle Choekyong Tsering et la femme, Dekyi Tsering : lui a trente-neuf ans ; elle trente-huit. Le couple leur propose de rester le temps qu’il faudra dans leur demeure.
    Dans toutes les maisons tibétaines, le kang [*] , chambre souvent de toute la famille, constitue l’endroit le plus chaleureux. C’est l’endroit où la famille se regroupe pour partager les repas, seule ou avec ses hôtes. C’est là que Kelsang va

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