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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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que l’abbé de Kumbum ne retournera plus dans son monastère et qu’il devra quitter le pays au plus tôt.
    Le 15 novembre, la question du Tibet est soulevée par l’Assemblée générale des Nations unies à l’instigation du Salvador, mais, le 24, la question est ajournée sine die. Aucun des pays représentés ne veut voler au secours du dalaï-lama et de son gouvernement : les Britanniques semblent se résoudre à accepter la suzeraineté de la Chine sur le Tibet ; l’Inde, indépendante depuis 1947, se confond en mises en garde, mais la position de Nehru [409] n’en est pas moins inconfortable. En vérité, les Tibétains paient au prix fort leur neutralité durant la Seconde Guerre mondiale et les amitiés nazies de certains de leurs dirigeants.
     
    La fuite du dalaï-lama
     
    À Lhassa, le 16 novembre 1950, l’Assemblée nationale, réunie en session extraordinaire, décide d’introniser le quatorzième dalaï-lama, deux ans avant sa majorité prévue par la Constitution établie par le Grand Cinquième au XVIIe siècle. Le 17, le vieux régent Tagdra Rinpoché remet le pouvoir aux mains de Tenzin Gyatso. Né le 6 juillet 1935, il vient d’avoir quinze ans, mais pour les Tibétains, qui considèrent les neuf mois de grossesse comme la première année de vie, leur jeune souverain a déjà seize ans.
    Le premier acte politique de Tenzin Gyatso est de nommer deux Premiers ministres : un laïc du nom de Loukhangwa ; et un lama, Lobsang Tashi.
    Alors que plusieurs milliers de soldats de la Iere et de la IIeme Armée chinoise occupent l’Amdo et le Kham et, que la XVIIIe Armée s’apprête à marcher sur Lhassa, l’Assemblée nationale tibétaine, sous la présidence de ses deux Premiers ministres, décide, au début du mois de décembre, de parer au plus pressé : l’exil pour leur jeune souverain et sa famille et la mise à l’abri d’une partie du Trésor de l’État qui devra rester caché jusqu’à la fin du conflit.
    Le 18 décembre 1950, à la tombée du jour, plusieurs centaines de cavaliers se positionnent dans la partie ouest de la vallée. Ils sont chargés de protéger la fuite du jeune souverain et de sa famille, regroupés dans les appartements du Norbulingka.
    Alors que la nuit se fait de plus en plus noire sur Lhassa, les Yapshis quittent la résidence d’été des dalaï-lamas par groupes de deux. Tenzin Gyatso est accompagné par sa mère, son frère aîné Thubten Jigmé Norbu, pour qui il est devenu trop dangereux de rester sur le sol tibétain, de Ngari Rinpoché, le plus jeune des frères, sans oublier Lobsang Samten, qui, malade, doit être transporté sur un brancard fermement attaché à des chevaux. Dès le premier jour de marche, il se trouve plus mal. La fatigue, le froid, la fièvre qui ne le quitte jamais, son corps et sa tête sont ballotés par les cahots de la route, rien ne lui est épargné. Et, quand il s’évanouit, les médecins tibétains qui veillent sur lui n’ont d’autre moyen que de lui appliquer des fers rouges pour le ranimer.
    L’escorte du dalaï-lama se dirige vers Yatung, à plus de trois cents kilomètres de Lhassa.
    À Gyantsé, la colonne est rejointe par Heinrich Harrer, qui avait quitté Lhassa dans le plus grand secret, et un bon millier de mules : elles transportent, dans des sacs de yack harnachés sur leur dos, de la poudre d’or, des barres d’argent, des pièces anciennes, de la monnaie chinoise, des roupies indiennes et des dollars.
    Une petite quinzaine plus tard, la caravane atteint le monastère forteresse de Drungkar, dans la vallée de Chumbi, à quelques kilomètres à peine de la frontière indienne, sans fâcheux accident.
    Le 2 janvier 1951, le dalaï-lama peut enfin s’organiser. Il commence par renvoyer une partie de ses gens à Lhassa afin de garder le contact avec la population et les religieux de la capitale, puis il prend des mesures pour remettre la caravane et son précieux trésor en route. Celle-ci se dirige maintenant vers l’Assam, via le Sikkim, sous l’escorte d’un groupe de résistants du Chushi Gangdrug – Quatre rivières, six chaînes de montagne , l’ancien nom du Tibet oriental – et finit par atteindre Missamari. Huit ans plus tard, le camp de transit de Missamari et l’ancien camp de prisonniers britanniques du Bengale de Buxa Duar, à peu de distance l’un de l’autre, seront ouverts, sur ordre des autorités indiennes, pour accueillir les réfugiés qui, suivant leur souverain

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