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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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liberté. Or, ce sont ces mêmes lamas, ces mêmes tulkus, qui veulent persuader le dalaï-lama de rentrer à Lhassa.
     
    L’ejfondrement
     
    À Drungpar, un rapport, signé par Ngabo Ngawang Jigmé, gouverneur du Kham passé chez les Rouges, est remis au dalaï-lama. Afin d’éviter une invasion qui aurait des conséquences désastreuses pour le Tibet, le gouverneur recommande de négocier avec Pékin et annonce son intention de se rendre dans la capitale chinoise discuter de l’avenir du pays.
    Isolé dans son monastère, le jeune souverain, qui est conseillé par son frère Lobsang Samten, finit par désigner quatre fonctionnaires de son gouvernement pour accompagner la délégation conduite par Ngabo Ngawang Jigmé. Sans qu’il en ait conscience, le piège vient de se refermer sur lui. Le dixième panchen-lama et quarante-cinq personnes de son entourage rejoignent donc, le 27 avril 1951, à Pékin, le gouverneur du Kham et sa délégation.
    Les négociations s’ouvrent, le 29, en présence de Choekyi Gyaltsen et des khenpos pro-communistes de Tashilhunpo. Accueilli par Zhou Enlai, vêtu pour l’occasion d’un costume Mao de couleur sombre, le panchen-lama, en robe de satin jaune safran, offre une très longue khata comme signe de bon augure à cette réunion. Puis, le Premier ministre chinois, Choekyi Gyaltsen, et ses conseillers se retirent dans une pièce pour discuter de la révolution chinoise, de l’avenir du Tibet, de la toute prochaine conférence de la paix, du séjour à Pékin, de l’unité entre les peuples tibétain et han, sans omettre les difficiles relations entre le panchen-lama et le dalaï-lama : les deux jeunes gens ne se sont encore jamais rencontrés, mais ils entretiennent une correspondance régulière, dans laquelle ils évoquent leurs différends et négocient le retour de Choekyi Gyaltsen dans son siège abbatial de Tashilhunpo. Or, que ce soient Mao Zedong, Zhou Enlai, Deng Xiaoping ou Lin Biao, aucun des dirigeants communistes n’ignore le lien symbiotique de chöyön qui existait autrefois entre les empereurs chinois et les lamas tibétains jusqu’à ce que le treizième dalaï-lama et son armée aient chassé les Mandchous de son pays et proclamé l’indépendance, après l’occupation du Tibet par l’Empire Qing. Jusqu’alors, les deux nations – la Chine impériale et le Tibet – trouvaient leur compte dans ces relations de maîtres spirituels bouddhistes avec leurs protecteurs laïcs, avec ce point commun aux deux pays : leur méfiance envers les étrangers quels qu’ils soient. Mais, désormais, la méfiance est entre eux et les étrangers en profitent.
    Le 23 mai 1951, la délégation tibétaine signe, à Pékin, un Accord en 17 points en bas duquel les autorités chinoises apposent une contrefaçon du sceau du dalaï-lama. Ce document livre entièrement le Tibet à la Chine. Ce jour-là, le Tibet a cessé d’exister en tant que nation souveraine.
    Alors que le dalaï-lama et son gouvernement ne contrôlent absolument plus rien de la vie politique, le panchen-lama et les khenpos de Tashilhunpo, soutenus par Ngabo Ngawang Jigmé, approuvent la stratégie élaborée par Pékin. Ainsi, les autorités de Lhassa devront « contribuer activement à l’entrée de l’APL » au Tibet ; l’armée tibétaine sera intégrée à l’Armée populaire de libération pour devenir « une partie des forces nationales de défense de la République populaire de Chine ». Même si le statut politique et religieux du dalaï-lama est maintenu, Pékin offre au dixième panchen-lama un rôle politique aussi important que seul le septième panchen-lama Tenpei Nyima avait détenu, entre 1844 et 1845, en tant que régent et chef de la nation tibétaine.
    La stupeur est grande quand, trois jours plus tard, le 26 mai, le dalaï-lama et sa famille apprennent, par la radio, la signature de cet accord. Quelques jours plus tard, les Yapshis reçoivent, à Drungkar, la visite du général Zhang Jingwu, commissaire et administrateur des Affaires civiles et militaires du Tibet. Passé par l’Inde, il est porteur d’une copie de l' Accord en 17 points. Alors que ce document livre son pays à la Chine, à aucun moment Tenzin Gyatso ne rejette son contenu. Or, c’est ce qu’attendaient les Américains pour prendre officiellement position en faveur du Tibet et du dalaï-lama. Ce rejet n’interviendra que huit ans plus tard.
    Deux mois encore se passent. Les négociations entre les

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