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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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frasques amoureuses et ses amitiés sulfureuses avec les SS Ernst Schäfer et Bruno Beger, Gyalo Thondup vient d’achever un voyage de trois ans qui l’a mené de Taiwan au Japon, en passant par les États-Unis, où il a retrouvé, en Virginie, son frère aîné Thubten Jigmé Norbu. Gyalo Thondup était accompagné dans son voyage par sa jeune épouse chinoise Chu-tang, alias Diki Dolkar, et par leur première fille Yangzom Dolma. Le jeune couple a financé ce long périple avec une partie des cinquante mille dollars que lui avaient offerts Tchang Kaï-shek et sa femme pour ses études de sciences politiques. Et, c’est en parcourant le monde que Gyalo Thondup s’est rendu compte combien son pays était enfermé dans un isolationnisme qui devait lui être fatal. Bien sûr, il en avait informé le dalaï-lama.
    Enfin, Thubten Jigmé Norbu, l’aîné des frères, qui vit en Virginie, est en contact régulier avec sa famille et informe aussi le jeune souverain de ce qui se passe aux États-Unis et dans le monde occidental.
     
    Adhésion au PCC
     
    Au cours d’une de ses entrevues avec Mao, le dalaï-lama émet soudainement le voeu d’adhérer au Parti communiste chinois. Rien ne l’y oblige. Mais la toute jeune Chine communiste appelle les croyants – chrétiens, musulmans, bouddhistes – à se regrouper dans des associations. Or en 1953, un an avant l’arrivée du dalaï-lama à Pékin, l’Association bouddhiste de Chine a vu le jour : elle est bien sûr placée sous le contrôle du PCC.
    Ce jour-là, surpris, Mao ferme les yeux pour mieux s’imprégner des mots prononcés par Tenzin Gyatso, qui, s’il avait mieux prêté attention aux propos de Karl Marx, aurait lu : « La religion est le soupir de la classe opprimée [417] . » Un lourd silence s’est instauré entre eux, savamment entretenu par le président chinois, qui finit par... refuser la demande du dalaï-lama. Qui repartira sans avoir adhéré.
    Plus d’un demi-siècle plus tard, on cherche toujours à comprendre ce qui a poussé le quatorzième dalaï-lama à entreprendre une telle démarche. Dans le Wall Street Journal du 29 octobre 1991, il l’expliquera par l’urgence et la nécessité d’amorcer un dialogue entre le communisme et le bouddhisme. En 2005, le souverain s’exprimera une nouvelle fois sur le sujet : « Quatorze années ont effectivement passé (depuis l’article dans le Wall Street Journal) et mon point de vue n’a pas changé. » Puis, Tenzin Gyatso se lancera dans un long développement, dans lequel il deviendra évident qu’il était proche du marxisme et espérait beaucoup du maoïsme : « Pour reprendre les termes de mon article, disait-il, je dirais que le marxisme originel et le bouddhisme Mahayana ont bien des points communs, et ces points sont fondamentaux. Ainsi, la logique voudrait que tous ceux qui adhèrent au communisme ou au bouddhisme puissent développer un respect mutuel. En tout premier lieu, l’accent ici et là est porté sur le bien commun de la société. Ensuite le bouddhisme n’est pas une religion, mais une science de l’esprit. Ceci mérite explication : le bouddhisme est non théiste, il ne reconnaît pas de Dieu créateur ; en revanche, il se réfère sans cesse à l’idée de création de soi, qui veut que les actions de chacun sont la cause de ce qu’il est [418] . » Le dalaï-lama ajoutera : « Le bouddhisme précise aussi que tout dépend du karma. Chaque situation de la vie est reliée à des actions, et leurs raisons, issues de vies antérieures. On peut donc façonner son avenir en s’engageant dans une action profitable mue par des motivations pures [419] . »
    Tenzin Gyatso comparera aussi l’une et l’autre de ces philoso­phies : « Par analogie, le communisme ou le marxisme énoncent que tout dépend du labeur. Leur théorie se rattache à des principes d’éthique en ce sens que son objectif premier est l’utilisation des ressources et de la richesse, et non de son accumulation pure. L’accent y est mis sur l’usage judicieux de l’argent au profit de la majorité indigente et non sur la thésaurisation par quelques-uns. Dans le bouddhisme également, on insiste sur la nécessité de prendre en considération les besoins d’autrui, au point de sacrifier le bien-être de la minorité à celui de la majorité [420] . » Le dalaï-lama de préciser encore : « À l’origine, le communisme s’attaquait à l’exploitation et à la

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