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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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corruption ; il n’était pas nécessairement antireligieux. Certaines institutions religieuses s’étant trouvées impliquées dans des actes de corruption, il fallait les combattre. Il en va d’ailleurs de même avec le marxisme. S’il a certains points qui peuvent paraître positifs, leur mise en pratique, elle, peut sembler corrompue, et on doit s’y opposer. Dans ce sens, il faut distinguer les systèmes et les hommes... De manière générale, toute religion s’oppose à l’exploitation et à l’injustice. Suivant une voie révolutionnaire, le Bouddha lui-même dépassa les limites contraignantes des classes et exposa un système de développement mental accessible aux individus de toutes origines [421] .  »
    Le dalaï-lama conclura l’entretien par cette ambiguïté : « Puisque le moteur du marxisme n’est pas fondamentalement antireligieux, il n’y a pas de raison pour que des hommes de foi le considèrent comme tel, suscitant tensions et méfiance. C’est plutôt sur l’affinité de certains objectifs qu’il faut insister. Parallèlement, privés d’expérience personnelle ou simplement ignorants, certains marxistes considèrent à tort la religion comme un élément totalement contre-productif. Un authentique marxiste se doit de rejeter les prises de position dogmatiques et obtuses pour s’ouvrir aux valeurs des enseignements spirituels [422] . »
    En tout cas, force est de constater que le quatorzième dalaï-lama a toujours eu une forte propension à la bienveillance envers la République populaire de Chine et ses dirigeants. En 1999, lors d’un dialogue inter-religieux au Seton Hill College de Greensburg, en Pennsylvanie, le rabbin américain A. James Rudin [423] s’en étonnera, lui aussi, et s’en montrera même fort déçu : « Non pas par son anglais ou par son style, mais parce qu’à mon sens, son message manquait de profondeur. C’était très simple. Peut-être est-ce la force du dalaï-lama ou peut-être est-ce l’homme lui-même. Il n’a pas critiqué la Chine. Je m’attendais à ce qu’il le fasse. Il n’a pas du tout parlé du gouvernement ; il n’a pas du tout parlé des hommes politiques ; il n’a même pas parlé du Tibet. Il a parlé des relations interpersonnelles, de la compassion, de la pitié, de la bonté. Il utilise beaucoup ces mots, sans doute font-ils partie de son vocabulaire usuel [424] . »
    Il est probable qu’en 1954, le dalaï-lama souhaitait entretenir de bonnes relations avec les nouveaux maîtres de la Chine. D’évidence, il s’est toujours senti gêné de certains aspects du communisme et du marxisme dans sa forme originelle. Que ce soit en 1991, dans le Wall Street Journal , ou en 2005, lors de son entretien avec l’auteur, Tenzin Gyatso, qui n’a jamais renié son attirance pour toutes les formes de socialisme, était de plus en plus obnubilé par le besoin de rentrer au Tibet. Si cela devait passer par une adhésion au PCC, il aurait probablement renouvelé sa demande aux autorités de Pékin.
    Aujourd’hui, en 2009, si on lui posait la même question, il est vraisemblable qu’il ne varierait pas dans ses réponses, tout en étant conscient des dérives du communisme dans le monde. Il le fit d’ailleurs, un an plus tôt, en répondant aux questions d’une journaliste du Nouvel Observateur  ; en s’exclamant. « Il m’arrive parfois de penser que je suis plus marxiste que... (rires !) un marxiste en robe bouddhiste [425] . »
     
    Destins croisés
     
    Février-mars 1964... Le dixième panchen-lama s’apprête à assister aux cérémonies religieuses qui, exceptionnellement, vont s’achever par une bénédiction devant sa résidence privée de Shungrilingka, à Lhassa.
    Quelques voitures et camions de l’Armée chinoise sont positionnés autour de la demeure, où plusieurs centaines de pèlerins se pressent.
    Juste avant la fin de la cérémonie, Choekyi Gyaltsen s’est lancé dans un discours fleuve. Il y dénonce les exactions chinoises sur les populations tibétaines, affirme son soutien au souverain tibétain en exil, des mots lourds de sens, qu’il conclut ainsi : « Sachez que je considère Sa Sainteté le quatorzième dalaï-lama comme mon refuge dans cette vie et dans la suivante... Vive le dalaï-lama [426]  !»
    L’année 1964 s’achève et le piège se referme sur Choekyi Gyaltsen. Le 17 décembre, il est démis de ses fonctions de vice-président du Comité préparatoire pour la Région

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