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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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deux personnes : le karmapa à la coiffe noire, porteur du titre karmapa ; et le karmapa à la coiffe rouge, porteur du titre de shamarpa [463] .
    Une foule bigarrée de pèlerins et de curieux se presse au monastère. Bravant le mauvais temps, des lamas, des paysans, d’anciens nomades du Kham, des marchands ont parcouru quelquefois plusieurs centaines de kilomètres pour rendre un dernier hommage au karmapa. Ils déposent des khatas, des centaines et des centaines d’écharpes devant le catafalque. Des soldats en armes se sont déployés un peu partout. Les moines continuent à accrocher des drapeaux à prières. Un autel a été dressé pour les offrandes. Les moines de Rumtek ont allumé des milliers de lampes à beurre qu’ils ont posées dans les temples, sur les autels et sur les toits, dans la plus pure tradition tibétaine.
    L’atmosphère est pesante. Des fidèles s’évanouissent devant les portes du monastère. Pour s’approcher du stupa de crémation, les lamas chargés des rituels ont beaucoup de difficultés à se frayer un passage et jouent des coudes. Le bourdonnement des mantras, le souffle lourd des conques, le claquement des cymbales se mêlent à la musique militaire.
    Pour les funérailles de leur maître, en ce 19 ou 20 novembre 1981, ils sont tous là. Il y a là Shamar Rinpoché [464] , le neveu du seizième karmapa, dont l’autorité est âprement disputée par Tai Situ Rinpoché : le deuxième Situ [465] fut, au XIVe siècle, le deuxième shamarpa ; il y a Gyeltsab Rinpoché [466] , le karmapa à la coiffe orange, et Kalou Rinpoché, que nous avons déjà longuement évoqué.
    Alors que l’on distingue les premières volutes de fumée, le ciel s’éclaircit soudain, le soleil devient plus éclatant. Un arc-en-ciel se déploie, puis un second.
    Les flammes, hautes déjà, lèchent les drapeaux à prières. La fumée est épaisse.
    Près du stupa, Shamar Rinpoché et Tai Situ Rinpoché jettent des offrandes dans le brasier, tandis que les tulkus portent le cercueil vers le stupa.
    Le corps du karmapa est glissé dans le brasier. Les tulkus, revêtus de leurs habits funéraires, prennent place au fond du temple ; près d’eux se tiennent les notables et le gouverneur indien du Sikkim.
    Tout au long de la cérémonie, une file interminable de pèlerins va, pendant de longues heures, passer devant le monument et déposer une khata.
    Tai Situ Rinpoché se lève soudain, s’approche de la porte nord du stupa, ouverte. Le feu est intense. Le corps du karmapa brûle. Tai Situ s’accroupit devant l’ouverture. Une boule roule vers lui, doucement, comme poussée par une force invisible. Situ prend deux baguettes et, faisant fi des flammes qui lèchent ses mains, récupère, avec d’infinies précautions, le coeur du seizième karmapa, que le feu avait épargné. Trois jours plus tard, Tai Situ explique aux dignitaires kagyupas réunis en assemblée qu’il a enfermé l’organe dans une boîte placée dans un lieu sûr de son appartement privé de Rumtek. Depuis, il se considère le fils de coeur du karmapa et dit son intention de faire construire un stupa en or massif d’une soixantaine de centimètres pour l’accueillir, puis, estimant que la relique lui appartient, il souhaite l’emporter avec lui dans son monastère de Sherab Ling.
    Shamar Rinpoché grimace, les yeux plissés par la colère : personne ne l’a averti de cette réunion. Il accuse Tai Situ d’avoir abusé de la crédulité des vieux tulkus, faciles à tromper en la circonstance dès lors que l’on s’adresse à eux en anglais et non en tibétain [467] .
    Il y a entre les dignitaires kagyupas un long moment de silence. Puis la discussion reprend. Finalement, le coeur du karmapa n’ira pas au monastère de Sherab Ling ; sa place est à Rumtek. Et nul besoin d’un stupa – ou chôrten en tibétain – de soixante centimètres, un petit de trente centimètres, également en or massif, suffira : il sera déposé au rez-de-chaussée du monastère, siège abbatial des karmapas en exil.
     
    Retour à Tashilhunpo
     
    Quand le karmapa disparaît, le dixième panchen-lama, libéré en 1974 après neuf ans et huit mois de camp, puis de résidence surveillée à l’institut national des Minorités, se voit réhabilité par Deng Xiaoping et rétabli dans ses fonctions de vice-président de la région autonome du Tibet et de vice-président du Congrès national du Peuple [468] .
    En 1982, lorsque Choekyi Gyaltsen

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