L'histoire secrète des dalaï-lamas
d’expliquer de tels investissements et ce soudain attrait des autorités communistes à la religion et à ces sites sacrés. La première est touristique : la Chine a besoin d’entretenir le mythe du dalaï-lama pour attirer les touristes étrangers et a organisé un parcours sous contrôle, en faisant de Lhassa et du Potala la mecque du bouddhisme tibétain, lequel ne représente que 4 ou 5 % du bouddhisme mondial. La seconde est politique. Le palais du Potala, le Norbulingka et le monastère de Sakya sont trois symboles du bouddhisme tibétain. Restaurés, ils vont permettre à la République populaire de Chine d’affirmer sa soudaine « ouverture spirituelle ». Le Quotidien du Peuple confirme cette liberté retrouvée ( !) dans ses colonnes : « Plus de mille sept cents monastères bouddhistes ont accueilli, en 2008, au Tibet, quarante-six mille moines et bonzesses » ; et de préciser que Pékin a également autorisé « l’ouverture de quatre mosquées et une église catholique », en soulignant que « toutes les activités religieuses se déroulaient normalement » sur le Toit du monde... Du jamais vu en Chine communiste, qui revendique « un lieu de culte pour mille six cents Tibétains, contre une seule église pour trois mille cent vingt-cinq personnes en Grande-Bretagne ». La comparaison est osée, mais n'étonne guère.
Tous ces investissements au Tibet, sur les sites sacrés, dans les monastères, au Potala, au Norbulingka, à Tashilhunpo, à Ganden, Drepung et Sera, préparent l’inévitable show politico-religieux de ce XXIe siècle en Chine et au Tibet, et le retour du dalaï-lama.
L’état de santé, de plus en plus fragile, du quatorzième dalaï-lama Tenzin Gyatso pose en effet, depuis plusieurs années déjà, la terrible question de sa succession. Tout est en place en Chine pour le grand final, Pékin préférant voir Tenzin Gyatso réintégrer son palais plutôt mort que vivant. Avec la disparition du souverain tibétain, les autorités chinoises auront enfin les mains libres pour désigner son successeur.
ÉPILOGUE
Le quinzième dalaï-lama
Quel sort les communistes chinois ont-ils réservé au onzième panchen-lama ? Guendun Choekyi Nyima a aujourd’hui vingt ans. Il serait vivant, en résidence surveillée dans le Sichuan. Personne n’a pourtant jamais vu celui qui a été désigné en mai 1995 par le dalaï-lama afin de succéder au dixième panchen-lama, décédé en 1989.
Depuis l’avènement de la République populaire de Chine, le 1er octobre 1950, le communisme chinois a fait plus de cinquante millions de victimes. Vingt-cinq millions d’hommes et de femmes, des enfants aussi, ont disparu dans les laogaïs, subtile synthèse entre les goulags et les camps d’extermination nazis.
En 1938, Hitler utilisa le travail forcé pour éliminer les gêneurs. Quelques années plus tard, en Chine et au Tibet, les communistes ont usé des mêmes méthodes pour écarter des millions de personnes, simplement parce qu’elles faisaient partie d’une classe exclue. Les camps nazis avaient pour slogan : « Le travail rend libre ». Les laogaïs ont le leur : « Le travail conduit vers une vie nouvelle ».
Depuis 1983, Deng Xiaoping a fait des laogaïs une entité économique incontournable. Jiang Zemin, le Pinochet rouge, a poursuivi « l’oeuvre » de son prédécesseur. Les détenus doivent non seulement travailler le jour dans les carrières, les mines, les chantiers, les champs ou les usines pour fabriquer des produits rnade in China vendus à bas prix en Occident, mais aussi... subir des heures et des heures de rééducation. Les tortures sont quotidiennes, insupportables, notamment à l’aide de bâtons électrifiés dont les composants électroniques sont validés par les pays « respectueux » de la démocratie et des droits de l’homme sous prétexte que de telles matraques sont uniquement destinées à conduire le bétail.
N’oublions pas qu’en Chine et dans le Tibet occupé, se développe un commerce d’organes organisé en réseau de type mafieux et contrôlé par certains membres de la nomenklatura communiste. Des prisonniers – chinois, tibétains, chrétiens, musulmans, bouddhistes, membres du Falun Gong, dissidents politiques, étudiants ou intellectuels – sont exécutés sur simple demande d’un directeur d’hôpital. Dans les laogaïs, en 2009, Chinois et Tibétains continuent donc d’être exécutés au nom de la
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