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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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du service de la communauté. L’assemblée est présidée par un président et un vice-président, élus tous les cinq ans par les membres du parlement. Ses sessions se tiennent tous les six mois. Cependant, le dalaï-lama peut convoquer une assemblée extraordinaire pour traiter d’un événement d’ordre national. Cela a été le cas en novembre 2008. Forcés de constater l’échec de la politique menée par le souverain tibétain depuis les vingt dernières années, cinq cents dirigeants tibétains de l’exil se sont rassemblés à Dharamsala entre le 17 et le 22 novembre. À l’ordre du jour : la santé du souverain tibétain, âgé de soixante-treize ans et la radicalisation ou non de la lutte contre la Chine communiste. Opéré de la vésicule biliaire en octobre 2008 à New Delhi, après avoir été hospitalisé en août 2008 à Bombay pour une « gêne abdominale » et « une très grande fatigue », le dalaï-lama a subi en février 2009 sa troisième hospitalisation, cette fois pour « le pincement d’un nerf [515]  ». Bref, Tenzin Gyatso est épuisé par cinquante années d’exil à Dharamsala. Loin de rassurer les cent trente mille réfugiés tibétains, la jeunesse de l’exil s’est finalement alignée sur la voie de la conciliation choisie par le dalaï-lama, malgré l’échec de vingt années de négociations avec Pékin, ce qui n’est pas le cas de la résistance tibétaine au Tibet et dans les régions chinoises du Sichuan et du Yunnan, où vit une forte population tibétaine assimilée.
    « Nous sommes à la croisée des chemins », tels sont les mots qu’a martelés Tsewang Rigdzin aux journalistes présents, en tant que président du Tibetan Youth Congress , le parti indépendantiste de la jeunesse, bien décidé à pousser les apparatchiks de la théocratie tibétaine dans leurs derniers retranchements. Tenzin Choeying, autre indépendantiste, leader de Students for a Free Tibet India , crie sa peur : « Nous comptons sur le dalaï-lama depuis si longtemps et les Chinois attendent seulement que Sa Sainteté meure, car ils pensent que cela sonnera la fin du mouvement de résistance tibétain. »
    Élu le 20 août 2001, l’actuel premier ministre du gouvernement du Tibet en exil s’appelle Samdhong Rinpoché. Sa nomination au suffrage direct pose un problème de taille : né le 5 novembre 1939 à Jol, dans le Kham aujourd’hui incorporé dans la province chinoise du Yunnan, Samdhong Rinpoché est la quatrième réincarnation de sa lignée. Alors que le dalaï-lama affirmait vouloir moderniser la forme constitutionnelle de son gouvernement, les lamas tulkus se partagent toujours le pouvoir, contrôlent les affaires politiques, religieuses et économiques, tandis que la diaspora tibétaine de l’exil s’enrichit sans compter. Or, cette situation est insupportable pour toute une jeunesse, frustrée, déçue et perdue, qui se sent de plus en plus abandonnée par son chef historique.
    La Chine et le Tibet sont deux grandes nations [516] détentrices d’une civilisation ancestrale. Ce sont deux peuples qui ont une longue histoire commune, partagés entre conflits et rares temps de paix. Mais depuis trop longtemps confrontée à la répression chinoise, aux tergiversations de leurs dirigeants, la jeunesse tibétaine, au Tibet et en exil, s’est éveillée par instinct de survie. Nul ne peut la condamner. Et pour cause ! Le Tibet ne leur appartient plus.
     
    Sa Sainteté Tenzin Gyatso n’a jamais eu peur de la mort. Croyant au cycle des renaissances, Elle sait que, ce jour venu, le Tibet vivra un événement tragique. Aussitôt le peuple tibétain et le monde bouddhiste s’envelopperont dans un deuil de quarante-neuf jours. La nouvelle de la disparition du souverain tibétain sera annoncée à grands roulements de tambour par les moines de Namgyal, qui, du toit de leur monastère, près de la résidence du dalaï-lama, battront des chants funèbres. Les Tibétains cesseront de travailler, de danser, de chanter ; ils quitteront leurs habits habituellement si colorés pour des vêtements sombres ; ils se déferont de leurs bijoux et retireront leurs boucles d’oreilles ; ils ôteront les rideaux des fenêtres, enlèveront les drapeaux à prières...
    À Dharamsala, le destin fera apparaître l’ombre fugitive de Guendun Choekyi Nyima. En l’absence du panchen-lama désigné par le dalaï-lama, le kashag et l’Assemblée se réuniront, comme le veut la tradition,

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