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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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situation, l’une des émanations est considérée comme prééminente. En bon droit, c’est cette dernière que le trône de Rumtek, au Sikkim, et de Tsurphu, au Tibet, doivent accueillir. La scission intervenue après la mort du seizième karmapa est donc davantage motivée aujourd’hui par l’argent et le pouvoir, à savoir : le contrôle de Rumtek – thankas, reliques, tapis, statuettes et autres objets sacrés – et la fameuse coiffe noire, montée d’un énorme rubis, inséparable du karmapa.
     
    La fuite
     
    27 décembre 1999. Les rumeurs de la mort du panchen-lama désigné par le dalaï-lama continuent à circuler, mais s’y ajoute celle d’une nouvelle tentative d’assassinat du karmapa.
    C’est dans le plus grand secret qu’a été prise, quelques semaines plus tôt, la décision de quitter le Tibet et de rejoindre le dalaï-lama dans son exil indien. Plusieurs semaines durant, des hommes sûrs ont effectué le trajet de Tsurphu jusqu’à la frontière du Népal. Tous ont rapporté de précieux renseignements, notant les points de contrôle, les garnisons chinoises, les convois militaires, les patrouilles policières. Ils ont cherché également le meilleur chemin pour ne pas attirer l’attention des Chinois ni des Tibétains : à pied, à cheval, en bus, comme en voiture... Toutes les informations ont été recoupées plusieurs fois.
    La semaine précédant la fuite, Urgyen Trinley Dordjé expliqua entamer une retraite dans ses appartements. Il demanda donc aux autorités locales et aux services de sécurité de Tsurphu de respecter son intimité. Pour ses complices, il avait seulement exigé que sa fuite fût organisée avant le nouvel an lunaire, soit le 5 février 2000. Dans l’intervalle, le 4x4 Mitsubishi du monastère a été conduit au garage pour réparations.
    Le mardi 28 décembre 1999, à vingt-trois heures, le karmapa enjambe la fenêtre de sa chambre, se laisse glisser à l’étage inférieur, rejoint le rez-de-chaussée. Quelques minutes couché dans les ruines, et le voici qui se dirige vers le lieu du rendez-vous.
    Le 4x4 attend, moteur coupé, avec deux chauffeurs et deux fidèles. Sa soeur aînée a également rejoint le groupe. Les conducteurs ont été avertis d’un déplacement d’une quinzaine de jours, mais c’est seulement au moment du départ qu’ils apprendront la destination.
    Le conducteur met le moteur en route, direction l’ouest du pays. À cinq kilomètres de Tsurphu, il s’arrête pour embarquer l’homme qui doit les protéger jusqu’en Inde, où l’attend Tai Situ Rinpoché, son tuteur. La fuite du dix-septième karmapa est motivée notamment par le fait que les autorités chinoises lui ont défendu de rencontrer régulièrement ses maîtres, obligatoire pour recevoir la formation inhérente à un grand tulku. On ne peut le nier, Tai Situ bénéficia longtemps d’un visa permettant d’incessants allers et retours entre l’Inde et le siège abbatial des kaguypas. Mais, un jour, ce fut terminé. Pourquoi ? La tentative d’assassinat, les complots, les pressions exercées sur lui pour qu’il reconnaisse le « faux » panchen-lama, les interdictions de rencontrer ses tuteurs, expliquent sa fuite.
    À Tsurphu, les Chinois viennent de constater la disparition du karmapa. Le monastère, investi par les soldats et les agents du tewu, est désormais fermé aux pèlerins. Les responsables de la fuite de l’adolescent sont arrêtés, des moines aussi. La répression est terrible. Une incroyable chasse à l’homme commence. Urgyen Trinley Dordjé et ses compagnons ont à peine deux jours d’avance et le temps joue contre eux. À une dizaine de kilomètres de Lhassa, le conducteur prend la direction de Shigatsé. Les fuyards filent à toute allure, contournent la deuxième ville du Tibet sans encombre, croisent plusieurs convois militaires. Tout se déroule comme prévu.
    Quelques heures plus tard, Urgyen Trinley Dordjé et ses compagnons abandonnent la route principale, jugée trop fréquentée et dangereuse puisqu’elle mène au Népal via le pont de l’Amitié construit par les communistes. De fait, ils se dirigent plein ouest, en direction du Mustang. Le groupe atteint, lui, un village d’une vingtaine de maisons. La demeure où les fuyards font halte appartient à des gens de confiance.
    Il fait encore nuit lorsque les fuyards reprennent la route.
     
    Le col de la mort
     
    Le moment est venu d’abandonner le 4x4. Devant eux, des

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