L'histoire secrète des dalaï-lamas
rentabilité et de l’ouverture économique avec le monde occidental. Geôliers, policiers, médecins touchent évidemment une part du gâteau.
En 2009, on ne doit donc plus seulement condamner l’Holocauste et le Goulag, il faut aussi abolir le Laogaï et dénoncer ceux qui l’entretiennent : avant-hier Mao-Zedong, hier Deng Xiaoping, Li Peng et Jiang Zemin, aujourd’hui Hu Jintao, l’actuel président de la République populaire de Chine...
En 2009, le silence de Guendun Choekyi Nyima est insoutenable. Hier plus jeune prisonnier politique du monde, aujourd’hui il est victime d’un visible et grossier terrorisme d’État. Qu’il soit mort ou vivant, le onzième panchen-lama porte en lui tous les défis de ce XXIe siècle : droits de l’homme, environnement, cohabitation pacifique entre les peuples, sauvegarde du patrimoine, préservation de la diversité des cultures.
Si Guendun Choekyi Nyima est décédé dans la prison N° 1 de Lanzhou, il s’agit d’une nouvelle défaite pour l’humanité et d’un camouflet de plus pour le quatorzième dalaï-lama : en le désignant comme la réincarnation du dixième panchen-lama, Tenzin Gyatso l’a sacrifié, connaissant l’importance majeure des panchen-lamas dans la désignation des dalaï-lamas.
Enlevé quelques jours après sa désignation, Guendun Choekyi Nyima s’est trouvé malgré lui au coeur d’un enjeu subtil. En effet, en désignant à la place du onzième panchen-lama un autre enfant ayant le même âge que Guendun, Pékin a fait un pari sordide sur le temps. Si, par malheur, Tenzin Gyatso venait à disparaître, Norbu, le faux panchen-lama, aura la lourde tâche de désigner l’enfant réincarné qui deviendra alors le quinzième dalaï-lama.
Dès lors, peut-on imaginer le retour du quatorzième dalaï-lama au Tibet, dans un Potala transformé en musée ? L’espoir est bien faible. Il existe cependant, mais s’accompagne d’un certain nombre d’interrogations. Des négociations ont été engagées en 2002 entre les deux clans, sans aboutir à la moindre avancée du côté chinois. Cependant, après les manifestations qui ont accompagné la flamme olympique dans son tour du monde, et les soulèvements au Tibet et dans quelques provinces de la Chine, les autorités chinoises et les émissaires du dalaï-lama, Gyaltsen Gyari et Kelsang Gyaltsen, se sont rencontrés à nouveau, à huis clos, à Shenzen, le dimanche 4 mai 2008. Pékin a tenu à dire que les violences du mois de mars précédent avaient créé « de nouveaux obstacles concernant des contacts et consultations supplémentaires avec le camp du dalaï-lama » et a, à nouveau, fait état de sa position selon laquelle le dalaï-lama devait cesser de militer en faveur de l’indépendance de sa patrie... ce que Tenzin Gyatso ne fait plus depuis des lustres.
Une autre rencontre a eu lieu début juillet 2008. Mais là encore les pourparlers entre les Chinois et les représentants du souverain tibétain en exil n’ont pas permis de progresser. « Les Tibétains et mes amis ont de plus en plus l’impression que toute la tactique du gouvernement chinois consiste à gagner du temps à nos dépens », a déclaré Lodi Gyari, qui a participé aux discussions des 7 et 8 juillet, avant de poursuivre : « Nous espérions que les dirigeants chinois répondraient à nos efforts en franchissant des étapes tangibles, mais c’est le contraire qui s’est produit, à cause de leur obsession de la légitimité ; le camp chinois a même refusé notre proposition de diffuser un communiqué commun visant à engager les deux parties dans un processus de dialogue. » Les représentants tibétains ont toutefois accepté de mener une nouvelle série de pourparlers en octobre 2008, après les Jeux. Depuis, rien n’a bougé ! Les Chinois préparent patiemment leur panchen-lama pour le grand jour où il devra entrer en scène. Parions-le, le monde entier aura les yeux braqués sur le monastère de Tashilhunpo, près de Shigatsé, et sur Dharamsala, dans l’État indien de l’Himachal Pradesh.
Le quatorzième dalaï-lama a montré sa volonté de réformer profondément son pays, avant que les communistes chinois ne l’en chassent : ces réformes, en matière de répartition foncière et d’impôts, devaient permettre au Tibet d’entrer enfin dans l’ère moderne, mais la Chine a empêché leur mise en oeuvre. La réalité est là, impitoyable et cruelle : à la veille de
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