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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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La plupart d’entre eux restèrent dans l’enceinte du « Petit Camp », ou camp de quarantaine, et de là partiront en convoi, au bout de trois semaines pour « Dora » (28) .
    Quelques-uns seulement devaient entrer au grand camp et être affectés à Buchenwald définitivement. Mais pendant le temps de leur quarantaine, ils réussissaient avec une adresse merveilleuse à passer sous les barbelés et à se répandre dans le grand camp. Il convient de reconnaître que les baraques surchargées et la boue pleine d’immondices du camp de quarantaine en faisaient un séjour peu agréable. Les tsiganes y firent scandale les premiers jours auprès des dignitaires allemands internés en préférant aller coucher en plein vent et dans la boue, plutôt que de rester la nuit dans l’atmosphère viciée des baraques. Ils auraient tout supporté, sauf le manque d’air.
    Ils avaient vite repéré les blocks de Français, gens riches, puisque recevant des colis, et, chaque soir, au retour du travail, nous les trouvions nombreux devant notre block, mendiant inlassablement de la soupe, et surtout du tabac.
    Le caractère qui, au premier abord, frappait le plus chez eux, était leur gaîté, extraordinaire dans une telle situation. Ils chantaient volontiers, malheureusement des airs à la mode de préférence aux gilis, que leur public était d’ailleurs incapable d’apprécier. Je vis un dimanche après-midi un groupe de tsiganes français rassemblés devant l’entrée de notre block. Ils chantaient et riaient, et pourtant ils étaient désignés pour partir le lendemain travailler dans les souterrains de « Dora ». Seul, l’un d’eux, très jeune, se tenait à l’écart, et semblait triste. Il refusait de chanter, et tenait sa tête dans ses mains. Les autres le regardèrent avec mépris et colère : « C’t’homme-là, dit un jeune Rom, il ferait mieux de mourir, c’t’homme-là, il est triste. »
    Un médecin français travaillant à l’infirmerie, avait été stupéfait, quelques jours auparavant, en les voyant passer la visite médicale. Celle-ci consistait en un défilé devant le médecin S.S. auquel il fallait déclarer « krank » ou « gesund ». Aucun parmi les centaines d’hommes ou d’enfants qui passèrent cette visite dont leur sort dépendait n’eut l’idée de se faire passer pour malade comme l’avaient fait des prisonniers qui voulaient éviter le départ.
    Les plus nombreux étaient ceux de Bohême, des Carpathes, de Ruthénie et de la Pologne du Sud. Ces derniers parlaient un dialecte slavisé, mais qui me parut très différent du tsigane de Russie et d’Ukraine tel qu’il est décrit par A. Barranikov (29) .
    Enfin, il y avait un certain nombre de tsiganes de Croatie, et quelques-uns du nord et de l’est de la France. Ces derniers, ainsi que ceux de Bohême, étaient les plus accessibles, j’entends les moins « sauvages ». Le témoignage d’un peu de sympathie, quelque connaissance de leur langue permettaient d’en faire des informateurs précieux. C’est alors que je pus réunir assez de documents pour établir les paradigmes grammaticaux de deux dialectes, ainsi que plusieurs chansons, documents qui devaient presque tous m’être confisqués et détruits par les S.S. à Halle, trois mois plus tard. Les méthodes d’investigation étaient difficiles ; pour établir la déclinaison d’un dialecte, il fallait proposer au sujet des phrases-pièces, encore souvent passait-il à côté de ce qu’on voulait lui faire dire. J’avais eu la chance de rencontrer un certain Oscar, maquignon qui parcourait la France du Nord et la Belgique avec sa roulotte, dans laquelle les Allemands avaient trouvé un nombre considérables de pièces d’or : « Tous mes lové, Monsieur, vingt ans à faire honnêtement les grai aux foires. Ils m’ont tout pris. Vous croyez qu’ils me les rendront ? » C’est d’Oscar et d’autres de la même région que j’eus des détails sur le traitement des tsiganes à Auschwitz.

TSIGANES BELGES
    Dans la plupart des camps de concentration français, les internés se souviennent de la présence de familles tsiganes. Avant les travaux de José Gotovitch pour le ministère belge de l’Éducation nationale (30) nous ne possédions que ces rapides déclarations sans intérêt historique, pour « imaginer » le sort des tsiganes de Belgique. L’étude de José Gotovitch comble cette lacune.
    — Le 15 janvier 1944 (31) , quand les

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