L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
autre soldat S.S. s’amusait à sauter sur les corps des mourants étendus sur le sol et à leur broyer le larynx ou la nuque avec la crosse de son fusil.
— L’administration du camp s’était décidée enfin à mettre à sa manière fin à cette misère. Des milliers de prisonniers de guerre soviétiques furent fusillés dans un bosquet près de Birkenau, et enterrés en plusieurs rangées dans d’énormes fosses communes longues de 30 à 60 mètres, profondes de 4 mètres, et larges aussi de près de 4 mètres. Le problème russe fut ainsi résolu à la pleine satisfaction de l’administration du camp.
— Or, un temps vint où tous les journaux allemands soulevèrent un tapage incroyable autour des événements de Katyn. L’administration du camp s’était rappelé alors avec embarras de ses fosses communes. À la même époque, les pêcheries et les poissonneries commençaient à se plaindre que les poissons crevaient en masse dans les grands étangs aux environs de Birkenau, à Harmenza entre autres. Les experts trouvèrent que ce phénomène était dû à l’empoisonnement des eaux du sous-sol par la ptomaïne. Par-dessus le marché, quand le soleil commençait à chauffer trop ardemment à Birkenau, les corps qui ne se décomposaient pas, mais seulement pourrissaient, se mettaient à bouger, et une masse bouillante et noirâtre s’écoulait alors du sol crevassé, exhalant une puanteur indescriptible.
— Il fallait à tout prix entreprendre des mesures. En face des événements de Katyn, il était absolument déraisonnable de garder les fosses communes où les corps non seulement ne se décomposaient pas, mais réapparaissaient même à la surface de la terre.
— Le S.S. Hauptscharführer Franz Hössler (59) plus tard Obersturmführer – qui, par la suite, fut arrêté à Belsen en 1945 – avait reçu l’ordre d’exhumer en grand secret les cadavres pour les brûler. Pour la réalisation de cette tâche, Hössler avait choisi vingt à trente S.S. qui jouissaient de sa confiance particulière. Ceux-ci durent signer une déclaration qu’ils étaient pleinement conscients du fait qu’ils seraient condamnés à mort au cas où ils auraient dévoilé le secret de service ou même y auraient fait la plus vague allusion.
— Bien entendu, personne n’exigeait des fonctionnaires S.S. qu’ils prennent eux-mêmes la pelle pour effacer les traces de ce crime honteux. Il y avait assez de détenus pour remplir cette corvée. Hössler avait entrepris la réalisation de sa tâche avec un Kommando spécial travaillant en se relayant et formé de plusieurs centaines de juifs arrivés de tous les pays occupés par les Allemands. Maints prisonniers refusèrent d’effectuer cette besogne et furent tués à coup de revolver.
— Les S.S. surveillant l’exhumation et l’incinération des restes pourrissants mais encore conservés, avaient droit de toucher chaque soir, dans la cuisine, une ration supplémentaire consistant en un litre de lait, une portion de saucisson, quelques cigarettes et, naturellement, de l’eau-de-vie.
— Les détenus assignés au Kommando spécial étaient logés au camp de Birkenau dans les Blocks qui étaient séparés par une palissade des autres baraquements.
— Il y avait aux environs de Birkenau un lieu situé un peu à l’écart, peu marécageux et même très pittoresque. De là, durant de longues semaines, on pouvait observer des grosses volutes de fumée blanchâtre qui s’élevaient çà et là vers le ciel. Personne n’avait le droit de s’approcher de ces lieux, même de loin, sans un laisser-passer spécial. Toutefois cela ne servait à rien, puisque l’odeur qu’exhalaient ces nuages blanchâtres, suspendus au-dessus de Birkenau, constituait une confirmation suffisante des rumeurs courant dans le pays.
— Des peines sévères attendaient les S.S. surveillants si un détenu réussissait à s’enfuir de ce Kommando sanglant. Une nuit, le vent avait chassé l’âcre fumée au ras du sol. Aucun poste de garde n’était capable de se tenir de ce côté. Deux détenus profitèrent de cette occasion. N’ayant rien à perdre et tout à gagner, ils s’étaient éloignés du bûcher, à l’abri de la fumée, pour s’enfuir dans la forêt voisine. On ne s’était aperçu de leur absence que deux heures après, pendant la vérification de l’état numérique du Kommando. On interrogea en qualité de témoins plusieurs détenus. Une grande
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