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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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a quitté le service, vendu son
domaine en Languedoc et le château de ses pères. « Les
murs des villes ne se forment que du débris des maisons des
champs ». Il s'est installé à Paris, d'abord
place Royale, puis récemment à Grenelle où il a
racheté, dans des conditions suspectes, l'hôtel d'un
partisan ayant fait banqueroute. On le dit aujourd'hui plongé
dans le milieu de la finance et de la spéculation, où
ses cordons font impression. A cette activité secrète
correspond ouvertement une vie des plus réglées. Tenant
du parti dévot, il s'y est assimilé par sa femme,
admise dans le cercle des filles du roi. Il a obtenu une charge dans
la maison de Madame Adélaïde. Quelle meilleure couverture
pouvait-il trouver ? Par celle-ci, il a approché le dauphin
qui, jugeant sur les apparences, lui a donné sa confiance et
l'ouverture de ses abords.

    â€“ Qu'en
attend-il ?

    â€“ Bonne
question ! Tous ceux qui ont eu à se plaindre de la Cour
s'attachent à l'héritier du trône. Ainsi,
celui-ci, sans le vouloir et même sans en prendre conscience,
se trouve à présent le chef d'un parti de frondeurs. Le
roi, qui le voit environné de dévots, vrais ou faux,
qui censurent sans relâche sa conduite et stigmatisent la
favorite, s'est éloigné insensiblement de son fils et
le traite avec froideur. Mme de Pompadour le considère comme
un ennemi. Vous avez rencontré Sa Majesté, Nicolas. Il
aborde fatigué le seuil de sa vieillesse. Nul ne saurait
prédire l'avenir, mais chacun parie déjà dessus.
Quant à Madame Adélaïde, bonne fille mais tête
légère, les encens de la dévotion le disputent
chez elle au plaisir de son équipage de chasse aux daims. Que
n'obtient-on pas par une bonne reconnaissance des brisées ? M.
de Ruissec a plu aussi par ce côté-là. Quant à
ses fils...

    â€“ Ses fils ?

    â€“ Comment,
vous ignorez que votre suicidé a un frère cadet ? Je
vous l'apprends donc. Le vidame de Ruissec a été de
tout temps promis à la tonsure, sans que jamais son père
n'ait consulté son goût ni sa vocation. Frais émoulu
du collège, il essuya toute une litanie de persécutions
et n'eut bientôt d'autre choix que de se jeter au séminaire
pour échapper aux obsessions paternelles. Rien n'est définitif
ce n'est qu'un petit collet qui n'a reçu encore aucun ordre.
Séduisant et séducteur il n'a, par ses paroles et par
ses actes, jamais cessé de marquer son aversion pour l'état
ecclésiastique qu'on lui veut faire embrasser. Eh ! foutre, je
le comprends. On le dit libertin à l'excès, il y met
sans doute un peu de provocation. Il aurait des inclinations
vicieuses et cet étourdi sans principes aurait recours à
des procédés violents et à des démarches
aussi contraires à l'honneur de son nom qu'à la simple
décence de l'habit qu'il porte.

    â€“ Il y a des
faits ?

    â€“ Rien de
positif, on clabaude beaucoup dans les salons sur ce godelureau qui
alimente la chronique et les nouvelles à la main. On l'imagine
sortir de beaucoup de ruelles... Tête brûlée ou
bête vicieuse, voilà la question. A côté,
son frère paraît bien terne. Il jouerait gros jeu, mais
tout cela sous l'étouffoir. Il serait fiancé, mais
j'ignore avec qui ; c'est même un mystère qui tracasse
les salons. Quant à leur mère, c'est, dit-on, une
personne discrète et effacée, écrasée par
son mari, perdue de dévotion. Voilà, mon cher Nicolas,
ce qu'un podagre cloué sur son fauteuil peut apporter comme
contribution modeste aux prémices de votre enquête.

    Il s'enveloppa
dans sa robe de chambre en perse fleurie, jetant un regard
mélancolique par la fenêtre sur la rue Montmartre d'où
montait la rumeur de la ville.

    â€“ Les hommes
de mon âge n'aiment guère l'automne et la tisane de
sauge n'est pas un bien grand remède.

    â€“ Allons,
allons, si tout va mieux vous aurez droit à un royal verre
d'irancy. Et puis, vous êtes comme Perséphone, vous
reparaissez plus éclatant au printemps.

    M. de Noblecourt
sourit.

    â€“ Sans
doute, mais auparavant je dois traverser le royaume d'Hadès,
dieu des morts. « Je verrai le Styx et saluerai les
Euménides ».

    â€“ Je
connais, moi, une autre version où

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