Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
fois prise d'ordonner à
mes gens de ne jamais me laisser monter en carrosse sans en faire au
préalable la visite. J'insiste, monsieur, pour que vous
fassiez chercher et arrêter mon cocher. Il m'est bien cruel de
me trouver en quelque façon compromis et exposé aux
traits de la méchanceté par le fait de cette canaille.
Je vous supplie, monsieur, de bien vouloir suivre cette affaire avec
toute la vivacité nécessaire. Si M. de Choiseul croit
que je suis en droit d'exiger une satisfaction, je me flatte qu'il
voudra bien me la proposer.

    â€“ Monsieur
l'ambassadeur, je ne peux mieux faire que de demander à Votre
Excellence de faciliter l'accès auprès de vos gens à
M. Le Floch, ici présent. Il agira en mon nom et ne rendra
compte qu'à moi seul. Je suis trop sensible aux inquiétudes
que cette aventure vous crée pour ne pas tout mettre en œuvre
afin de l'éclairer et je puis vous assurer que nous sommes
loin de soupçonner un ministre étranger d'avoir la
moindre part à cette fraude. Les mesures seront prises pour
retrouver votre cocher et découvrir les vrais instigateurs de
cette condamnable entreprise.

    La suite ne fut
plus que ballet de cour, mouvements, avancées et reculs,
demi-révérences et bruissements de paroles courtoises.
M. de Sartine raccompagna son hôte jusqu'au degré de
l'hôtel et revint, le teint fort animé.

    â€“ Peste soit
du fâcheux ! Voilà une matinée bien mal
commencée. Mon barbier me coupe, mon chocolat me brûle
et le baron Van Eyck m'assomme.

    Il déroulait
les boucles d'une perruque marronnée.

    â€“ Et pour
couronner le tout, le temps tourne à l'humide et défrise
mes perruques !

    On gratta à
la porte.

    â€“ Quoi
encore ?

    Un laquais entra
et lui remit un pli. Il en rompit le cachet après l'avoir
examiné, lut le message et le répéta à
Nicolas.

    â€“ Que vous
disais-je ! Écoutez : « Versailles, le 24 octobre
1761. Vous apprendrez, monsieur, l''aventure arrivée à
M. le comte Van Eyck en revenant hier de Versailles. L'intention du
roi est que vous suiviez cette affaire avec toute la célérité
nécessaire pour en découvrir la source et que vous
m'informiez exactement de ses progrès ». Signé
: « Choiseul ». Et tout cela comme si on était
allé gâcher le souper du roi avec cette peccadille !

    Nicolas imaginait
déjà la suite. Il tenta de parer le coup.

    â€“ M. de
Noblecourt, qui connaît son monde, me disait ce matin...

    Mais Sartine ne
l'écoutait pas. Il feuilletait avec ï¬

Chapitre IV
    Ouvertures

    Autour des corps
qu'une mort avancée
Par violence a privés du
beau jour
Les ombres vont, et font maint
et maint tour.

    Philippe Desportes

    Nicolas eut
l'impression qu'un abîme s'ouvrait devant lui ; l'angoisse le
submergea. Quelle serait la réaction de Sartine à cette
nouvelle ? Oui, assurément les morts se ramassaient à
tous les coins de rue, dès qu'il touchait à une
affaire. Il se reprit très vite, prêt à répondre,
en mécanique intelligente, à tout ce que la situation
imposait.

    D'abord, rassurer
le père Grégoire, que l'émotion étouffait
et dont le teint cramoisi l'inquiétait. Ensuite, envisager
toutes les hypothèses sans rien précipiter, après
avoir bien examiné les circonstances du drame. Et d'abord, il
convenait de vérifier si Mme de Ruissec était morte.
Dans le cas contraire, il fallait calmer la panique des moines et
prendre les dispositions nécessaires pour lui porter secours.

    Il secoua le frère
Anselme qui, hébété, se signait machinalement,
et lui intima de le conduire dans la crypte. Ils durent sortir de
l'église, emprunter une entrée latérale et un
petit escalier. Une lanterne sourde abandonnée sur le sol leur
servit d'éclairage. Nicolas eut tout d'abord du mal à
s'y reconnaître, puis, une fois habitué à
l'obscurité, il se vit entouré de bières
accumulées les unes sur les autres. L'air était raréfié
et la flamme de lampe se consumait avec des hoquets qui lui firent
craindre de se retrouver dans l'obscurité au milieu du
sépulcre. Le frère Anselme éprouvait sans doute
les mêmes impressions, et la lanterne tremblait de plus en plus
dans sa main. Sa lueur projetait des ombres mouvantes sur les parois
de pierre

Weitere Kostenlose Bücher