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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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écot à une espèce de magot qui sert de
portière, j'ai su par la soubrette que la maîtresse
n'était pas au logis, mais au théâtre.

    â€“ Au théâtre
de si bon matin, cela est bien étonnant...

    â€“ J'ai
interrogé le magot qui m'a confirmé que le jeune homme
en rabat venait souvent « confesser » la jolie
comédienne. Elle m'a dit cela avec une horrible grimace pleine
de sous-entendus sur lesquels il était difficile de se
méprendre.

    â€“ Voilà
un point essentiel, Bourdeau. Ainsi, le vidame connaît
parfaitement la maîtresse de son frère. Nous verrons ce
qu'il aura à nous dire sur tout cela. Il sera peut-être
plus enclin à nous parler que son père. Désormais,
il faut tirer nos plans, établir et vérifier les
emplois du temps de tous ces gens et recouper nos informations. Nous
finirons bien par trouver la partie faible. Nous avons déjà
deux gauchers. Nous pouvons affirmer presque à coup sûr
que Lambert était dans l'armoire et qu'il a participé à
l'assassinat, ainsi qu'au transport du corps de son maître. Il
est complice de la simulation du suicide. Il nous manque un deuxième
participant. Rien ne s'oppose à ce qu'il puisse s'agir du
vidame.

    â€“ Comment
procédons-nous, Nicolas ? Je ne suis pas chaud pour vous
laisser seul désormais.

    Nicolas finit par
se convaincre qu'il était plus sage de dire la vérité.

    â€“ Et je ne
vous ai pas dit que j'ai été suivi ce matin. Ma vieille
ruse à Saint-Eustache a fait merveille, mais je vais devoir
redoubler de vigilance. Cependant, la tâche est trop grande
pour que nous ne nous séparions pas. Mais je pourrais avoir
recours à quelque déguisement de ma façon pour
tromper l'ennemi. Pour l'heure, je souhaiterais que vous lanciez les
recherches sur Bichelière, Lambert, Truche, la Sauveté.
D'où sortent-ils ? Que diable, nous sommes la meilleure police
d'Europe! S'il le faut, adressez des courriers aux intendants avec
réponses par retour. Je les veux au plus tard à la fin
de la semaine pour tout savoir sur tous.

    â€“ J'ai
oublié de vous dire qu'on a arrêté le cocher du
ministre de Bavière.

    â€“ Il faudra
que je le voie. M. de Sartine va bien m'en reparler, pour peu que le
plénipotentiaire se manifesté encore ! Je ne lui ai
rien dit de mes soupçons. Voilà l'occasion de les
vérifier.

    â€“ Par où
commencez-vous ?

    â€“ Je suis
désolé de vous laisser toute cette paperasse, mais les
petits ruisseaux font les grandes rivières. Pour moi, je vais
changer de toilette et courir interroger un de nos amis joaillier sur
le pont au Change au sujet de la bague laissée en gage par
Truche de La Chaux. Ensuite, je tâcherai de coincer le vidame.
N'oubliez pas que nous soupons chez Semacgus, ce soir, à
Vaugirard. J'y coucherai et partirai demain matin de bonne heure à
Versailles pour enquêter chez Madame Adélaïde.

    Quelques instants
plus tard, un bourgeois bedonnant et âgé, appuyé
sur une canne et portant un sac de cuir, sortit du Châtelet et
monta dans une voiture. Nicolas avait parlé plusieurs minutes
avec le père Marie sans que celui-ci le reconnût.
Rassuré par cet essai, il se fit conduire sur le pont au
Change devant la boutique du bijoutier joaillier Koegler auquel le
lieutenant général de police avait souvent recours dans
les affaires de vol de bijoux. Il fut reçu avec l'empressement
que l'on réservait en ce lieu aux riches pratiques.

    D'une voix
éteinte, il pria le maître artisan de bien vouloir
examiner une pièce dont il souhaitait faire l'acquisition,
mais dont il craignait en même temps l'origine impure. Il
précisa qu'un sien ami lui avait indiqué cette adresse
où le travail et les poinçons pourraient être
utilement vérifiés.

    Flatté, le
bijoutier ajusta sa loupe oculaire et examina la bague à la
fleur de lys que Nicolas avait saisie au Dauphin couronné .
L'examen fut lent et minutieux. M. Koegler hocha la tête. Son
conseil était d'éviter d'acheter cette pièce, et
même d'informer la police. Cette bague était fort
ancienne, d'un travail soigné ; les pierres étaient
remarquables par leur eau et par leur taille, mais - et l'homme
baissa la voix - il y avait tout lieu de penser, par diverses
observations qu'il garda pour

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