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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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réfléchir.
    – J’aime assez cette façon de voir.
    Il se mit à rire.
    – D’ailleurs, c’est toujours le verbe qui gouverne.
    Nicolas à part soi observa que c’était plutôt le sujet qui gouvernait le verbe
    – Je déplore qu’on ait voulu attenter à votre vie.
    Énoncée comme une évidence, la question le prit à froid.
    – Je remercie Votre Majesté du souci qu’elle prend à ma santé. La balle s’est écrasée sur une boîte que j’avais dans mon habit et qui m’a sauvé la vie.
    Surpris, le roi leva la tête et fixa son regard myope sur Nicolas. Qui donc avait pu l’informer ? Sartine à n’en pas douter. Pourquoi ? Et comment ce dernier était-il au courant ? Fallait-il supposer qu’anticipant sur les soupçons qui pouvaient se porter sur ses services, il avait voulu prendre les devants auprès du roi ? Comment aurait-il su ce qui était advenu la veille au faubourg Saint-Marcel ?
    – Bon, dit le roi. Où en êtes-vous de cette enquête à laquelle je m’intéresse ?
    Nicolas lui raconta les dernières péripéties.
    – À dire vrai, nous sommes encore loin du compte. Reste la certitude que deux affaires sont intimement mêlées, la succession de M. de Chamberlin et la disparition d’un document activement recherché par d’autres gens que votre serviteur.
    – Peut-être par d’autres serviteurs du trône, qui sait ?
    Nicolas songea que le Secret n’existait plus dans sa forme passée, mais…
    Le roi se leva et en se dandinant se porta vers une commode dont il ouvrit un tiroir. Il en sortit une lettre qu’il tendit à Nicolas.
    – Ce pli sans inscription vous est destiné. Il nous est parvenu avec le paquet d’Angleterre et les relevés des mouvements des vaisseaux anglais et la liste des dernières nominations aux commandements dressée par les lords de l’amirauté.
    Par respect, Nicolas hésitait à en prendre connaissance, mais un signe lui fut adressé signifiant qu’on l’y autorisait.

    Mon bien cher Nicolas,
    L’émeute s’est calmée à la suite des mesures les plus rudes. Le calme revient peu à peu à Londres. Lord A. m’a accueillie dans son hôtel, prodigue en égards de toutes sortes. La langue anglaise n’ayant plus désormais de secrets pour moi, cette situation m’a permis de surprendre plusieurs entretiens. J’ai ainsi traversé une menée en cours sur laquelle nos ennemis paraissent enter de riches conjonctures pour l’issue de la présente guerre.
    Il m’est impossible de préciser davantage les choses. On fonderait de grandes espérances sur la recherche d’un papier qui jetterait un étrange discrédit sur un ministre du roi. Le scandale, si le papier en question était remis aux gazettes de ce pays et dans les cours étrangères, compromettrait gravement le royaume. Il établirait aux yeux de tous la trahison et la corruption établies et comme installées dans les conseils de Sa Majesté. Ton nom a été cité comme le plus dangereux obstacle à ce plan. Je ne puis aller plus loin. Veille sur toi et sur Louis. A.
    Le roi avait-il lu cette lettre ? C’est par Thierry de Ville d’Avray que ces paquets lui étaient remis. Il n’était pas question pour Nicolas de faire le pari contraire. Louis XVI feignait de lire un papier et l’observait par-dessus ses besicles. Sans un mot il lui tendit le petit mot d’Antoinette qui fut ou sembla lu si vite que Nicolas ne douta plus que son maître la connût déjà. Le doux regard se reporta sur lui, impénétrable.
    – Cela recoupe à plaisir ce que vous m’annonciez. Pensez-vous parvenir à retrouver ce document ?
    – Je m’y attache, Sire, et ferai l’impossible.
    – Je vous fais confiance, comme mon grand-père. Votre… popularité à Londres parle pour vous ! Pour votre gouverne, est-il besoin de vous dire que je tiens M. de Sartine pour un fidèle serviteur ? Que cela guide votre conduite. Au fait, ajouta-t-il l’air taquin, ce Louis, c’est de ma personne qu’il s’agit ?
    – Non, Sire, de mon fils, page de la Grande Écurie.
    – Je le connais fort bien. Il promet. Un vrai Ranreuil.
    – Puis-je exprimer à Votre Majesté la gratitude pour la faveur qui vient de lui être accordée ?
    – Ma tante Louise s’est entremise avec la sainte énergie qu’on lui connaît. Mon frère Provence a accueilli avec grâce sa demande… à ma surprise.
    Les derniers mots furent à peine murmurés.
    – Sire, permettez que je le conduise aux pieds de Votre

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