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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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déportements à la Raucourt 46
    La cocarde du fier dragon
    Sur l’oreille de Melpomène
    ouvrent la voie à Provence qui a des vues sur la Balbi ? À moins que tout ce beau monde ne soit de mèche ? Encore qu’il ait déjà des rivaux sinon des rivales à cet égard. Le mari de la belle est à la Bastille. V’là-t-y pas, il y a peu, qu’il surprend sa femme dans les bras du chevalier de Jaucourt et la blesse d’un coup d’épée vengeur.
    Il frappait le sol de sa canne, véhément.
    – Que croyez-vous qu’il arrivât ? La famille de l’infidèle, les Caumont, aussi féconde en expédients qu’influente à la cour, a fait répandre partout que le Balbi était franc-maçon et possédé d’une folie dont sa chaste épouse était la victime ! Et pour que le public n’en pût douter, une lettre de cachet l’a fait mettre en sûreté pour épargner les jours trop exposés de Mme de Balbi. Quant à Provence, encore faudrait-il qu’il pût arder et possédât le tempérament de ses débauches rêvées. Mettre la foutue brunette à son tableau de chasse supposé fera-t-il taire les rumeurs sur son impuissance avérée ? Sa jactance au matin de sa nuit de noces n’avait trompé personne. Le peut-il croire ? Et cependant chacun y
trouverait son avantage ! Mais je dois remplir ma charge. Saluez Noblecourt.
    Et le maréchal se dirigea à petits pas pressés vers la chambre du roi. Quant à Nicolas, il finit par rencontrer Louis qui flânait dans la grande galerie dans son bel habit de page. Il le fit asseoir sur une banquette.
    – J’espère que mon message ne t’a pas inquiété outre mesure ?
    – Certes non, ayant eu par Naganda de vos nouvelles. Sinon de curiosité.
    – Je dois t’apprendre…
    Comme cela était difficile à exprimer. L’heure d’une première séparation allait sonner. Il peinait à aborder la chose de front.
    – Souvent, j’ai évoqué devant toi les traditions de notre famille…
    Il éprouva soudain comme une tristesse de se sentir plus Ranreuil que Le Floch.
    – … chaque génération les illustre dans les conditions ou les circonstances où elle se trouve placée. Te voilà au point de reprendre la suite et de t’inscrire à ton tour dans cette longue succession de serviteurs du roi.
    Il ne parvenait pas à aborder l’essentiel.
    – J’admire toujours la manière dont tu montes et comment tu ramènes ta monture sans aucun mouvement forcé, en ne faisant qu’un avec le cheval. Tu sais lui donner à volonté la vitesse ou la retenue. Au point de réussir mieux que d’autres la noble allure du piaffé sur place . Je t’ai vu, tu as dépassé ton père.
    Louis rougit.
    – Vous étiez un centaure, tous ceux qui vous ont connu se plaisent à le dire.
    – J’étais… Mais au fait, tu vas nous quitter…
    – Vous quitter !
    – Rassure-toi, tu viens d’être nommé lieutenant aux carabiniers à cheval, régiment dont Monsieur est colonel. Tu vas devoir rejoindre au plus vite ta garnison, à Saumur…
    – Vous quitter, mon père !
    – Pas tout à fait. Ta tante Isabelle est à Fontevraud, à quelques lieues de Saumur. Je remets toujours de l’aller visiter. J’aurai deux raisons impérieuses désormais pour m’y résoudre.
    – C’est un régiment de cavalerie ?
    Déjà l’excitation de la nouvelle faisait son chemin et les joues de Louis se coloraient d’émotion.
    – Qui se bat à cheval et à pied. Les carabiniers ont charge de protéger les arrière-gardes et d’effectuer des reconnaissances.
    – Et l’uniforme ? demanda Louis, les yeux brillants.
    C’est bien encore un enfant, songea Nicolas.
    – Nous le ferons tailler par maître Vachon pour qu’il soit plus élégant. Je crois… Justaucorps en drap bleu orné de parements, un galon d’argent, revers écarlate, culotte et gilet blanc. Et pour un lieutenant, l’aiguillette portée sur l’épaule droite en soie et métal.
    – Vous voilà bien savant, mon père ! observa Louis, narquois.
    – C’est que j’imaginais que tu me poserais la question et que j’ai pris mes précautions, recueillant quelques lumières d’un officier des gardes de mes amis.
    – Je vous suis reconnaissant de cette attention, mais surtout de cette nomination que je vous dois et qui, s’il m’est dur d’être séparé de vous, répond à mes vœux les plus chers.
    Nicolas tarda à répondre. Fallait-il ouvrir… ?
    – Je n’y suis pour rien. Un concours extraordinaire de

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