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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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vous suis, mes amis, sur cette piste, c’est en effet mon impression. Il y a dans ce message des bribes différentes, tout comme si plusieurs auteurs avaient participé à sa confection.
    – Voilà, ce sont pièces cousues ensemble.
    – Les phrases sonnent pour moi soit comme la traduction d’un langage étranger, soit comme une tentative maladroite de nous faire justement accroire qu’il s’agit d’un tel recours. Et de fait cela s’apparente à du mauvais français traduit de l’anglais. Outre cela son auteur sait user de termes précis comme item, placard, signifier.
    – Et le recours à ce placard ?
    – Moyen habile de nous obliger à répondre sans nous offrir la possibilité de trouver celui qui relèvera notre réponse. Vu le peuple qui passe devant le Châtelet à toute heure, le moindre chaland serait suspect !
    À nouveau Nicolas retournait le papier en tous sens.
    – Comment nous est-il parvenu ?
    – À l’accoutumée, quand on ne souhaite pas se faire connaître. Un inconnu l’a donné à un vas-y-dire qui nous l’a apporté.
    – Et le gamin est-il des nôtres ?
    – Certes, mais il n’a rien pu ajouter, sauf…
    – Sauf ?
    – Que l’homme portait un bras en écharpe et un chapeau enfoncé qui dissimulait ses traits, quoique l’étourneau en eût de les considérer.
    – Quelle intéressante observation !
    – Le commissaire songe sans doute au combat de Naganda dans le fiacre. Mais je le croyais sans suite pour son adversaire ?
    – De fait, dit Nicolas, notre ami a reconnu avoir été tenu à distance et n’avoir frappé que du bois, sauf à quelques rares reprises. Il est possible qu’il ait blessé notre homme et il est vraisemblable qu’il puisse s’agir de celui auquel eut affaire notre vas-y-dire .
    – Ainsi tout se met en place, commenta l’inspecteur. Pourtant tu t’acharnes à manger des yeux ce papier. Te procure-t-il de nouvelles présomptions ?
    – Lorgne-le avec attention. Il a été déchiré dans une feuille beaucoup plus grande. L’effiloché de ce papier est évident sur le côté et le bas droit du message.
    – Et qu’en déduis-tu ?
    – Que ce document est un morceau d’une grande feuille double pliée en son milieu. Vois sur cette partie mal déchirée, on aperçoit encore la pliure médiane.
    – Je considère aisément ce que tu m’indiques, mais je distingue mal les conséquences que tu sembles en tirer.
    – Hé, hé ! fit Nicolas soudain folâtre, esquissant un pas de deux en agitant la feuille à la surprise du sergent et de l’inspecteur. Cela sert quelquefois d’avoir été en son jeune temps saute-ruisseau et clerc de notaire dans notre bonne ville de Rennes. Que de contrats de mariage, inventaires après décès, apprentissages en bonne forme. Ah ! Douaires, préciputs, testaments, donations, baux et j’en passe, moulés d’une plume crissante Je ne suis pas fou, mes amis. Simplement je constate que cette feuille de papier, toute simple et tout innocente qu’elle vous paraisse, est bel et bien une partie de cette feuille double de grand format sur laquelle les notaires, oui, oui, les notaires dressent leurs actes en minutes. C’est un format spécial propre aux études des officiers royaux de cette profession. Or, si j’ajoute cette curieuse constatation d’abord à l’usage des termes précédemment relevés et…
    – Je crois qu’une idée a surgi qui te court la caboche.
    – Tu ne saurais si bien dire !
    – Ce donc ?
    – Je dis et prétends qu’il y a beaucoup trop de traces de tabellion dans tout cela ! Dois-je les récapituler ?
    – M. Bourdeau ne sait pas tout, observa Gremillon.
    – Ah ! Et que ne sais-je point ? dit Bourdeau, piqué.
    – Qu’arrivant à la barrière de Vaugirard et dans les pérégrinations qui nous ont conduits au Combat du Taureau, j’ai appris par la voix du sergent que ce lieu désaffecté avait été acheté par un notaire avant le transfert à Belleville des animaux qui en faisaient l’attraction. Un notaire ! Les constatations relevées dans le message qui m’a été transmis nous incitent à penser qu’un homme du métier a pu y prêter la main. Deux notaires ! Enfin nous savons.
    Nicolas s’arrêta et considéra Gremillon. Pouvait-on lui faire confiance ? Il avait naguère éprouvé sa solidité, et ne venait-il pas de leur apporter son aide et son énergie ? En quelques mots et sans entrer dans trop de détails d’État, il lui

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