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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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résuma les données de l’affaire dans laquelle ils étaient plongés.
    – Ainsi, il y a maître Gondrillard, fils de feu Gondrillard, au courant du papier existant. N’excluons pas qu’il soit soumis à des pressions extérieures. Trois notaires qui, en fait, pourraient se révéler n’en faire qu’un.
    – Bon, dit Bourdeau. Résumons-nous. Nous avons jusqu’à demain midi pour régler cette affaire. Un message nous a été envoyé par quelqu’un qui ignorait que la cache où nos amis étaient prisonniers avait été découverte. Nous jouons un coup d’avance.
    – Certes, mais le déplacement de nos pièces est délicat.
    – Sans risque tant que l’adversaire n’a pas repéré notre mouvement de roque . Examinons les possibilités. Nous obéissons à notre mystérieux correspondant. Le placard est placé comme indiqué à la croisée de la façade. Et nous attendons.
    – Et que crois-tu qu’il adviendra alors ?
    – Nous aurons manifesté notre accord. Un autre message devrait nous être adressé pour indiquer les conditions de l’échange.
    – Bien. Nouveau message donc qui nous donne rendez-vous à un endroit précis. C’est ici, cher Pierre, que les choses se compliquent. Les sicaires vont rechercher les prisonniers. Ou nos gens leur sautent au collet, ou le stratagème est découvert et le fil rompu ! J’aperçois en perspective un abîme d’infinis…
    – Nous les pouvons arrêter et contraindre à parler, suggéra Gremillon.
    Nicolas sourit.
    – La persuasion n’aboutira pas. Et quelle que soit la rumeur qui court, nous n’en employons pas les antiques errements. Ces pratiques-là sont surannées. Procédons par ordre. Je veux savoir dès maintenant qui s’est porté acquéreur de la parcelle de la rue de Sèvres où était installé le Combat du Taureau. Cela peut être de la dernière importance quant à la suite des événements.
    Bourdeau réfléchit un moment.
    – Il me semble… La machine de M. Le Noir fonctionne à merveille et le souci de l’alignement des nouveaux immeubles dont la surveillance revient au magistrat impose une surveillance accrue et pointilleuse. Et qui dit surveillance dit…
    – Paperasses et registres ! dit Nicolas en frappant joyeusement la table de sa main.
    – Si l’acquéreur de la parcelle de la rue de Sèvres est ton homme, nous le saurons aussitôt. Enfin, dès que je serai rentré de l’hôtel de police où sans désemparer je vais consulter les archives.

XI
    Branle-bas
    « Pour discerner en connaissance de cause le faux du vrai, il faut quitter la pensée que l’on détient la vérité. »
    Saint Augustin
    Le temps qui s’écoula fut long pour Nicolas. Il considéra Gremillon. Celui-ci approchait de la trentaine. Ses cheveux naturels châtain foncé encadraient un visage ouvert, éclairé par des yeux gris rieurs. Son teint hâlé indiquait une vie au grand air. L’uniforme améliorait une silhouette un peu lourde mais non dénuée de cette allure qui fonde les séductions naturelles. C’était une qualité essentielle pour qui devait affronter des foules populaires aux réactions incertaines et en imposer sans effort. Nicolas, qui la possédait au plus haut niveau, avait encore naguère vérifié son importance face au peuple indigné du cimetière des Innocents.
    Il en profita pour interroger Gremillon sur le moral des hommes du guet, leurs missions, les rela
tions avec les diverses forces qui assuraient la sûreté de la capitale du royaume. Il apprécia le bon sens et l’intelligence des réponses que lui fit le jeune homme, qui s’était naguère proposé pour travailler dans la police. Son ambition demeurait la même. Il avoua être las des servitudes et aléas de son état. Le guet était sans cesse en butte aux railleries du populaire ; les hommes traités de lapins ferrés , de tristes à pattes , de pousse-culs  ! Il ne comptait plus ses camarades rossés par des domestiques, des compagnons ou des gagne-deniers. Ils devaient faire face à des rébellions caractérisées et en retour se justifier de prétendues brutalités.
    Nicolas avait éludé une réponse qui ne dépendait pas de lui. Pourtant, aujourd’hui plus qu’à un autre moment, il éprouvait la nécessité de renforcer un service que l’état de guerre contraignait à multiplier ses actions. Cependant il n’en ferait rien sans consulter Bourdeau qui paraissait avoir heureusement pris le sergent sous son aile. C’est ainsi qu’il devrait

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