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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Mauras ?
    – Ça ! Comment as-tu deviné ?
    – J’ai eu la tête dans les nuages et j’ai contemplé les fourmis.
    Bourdeau fit une telle mimique que Nicolas éclata de rire.
    – Ce sont les grâces d’un pèlerinage… Allons, dis-moi ce que tu as trouvé.
    Bourdeau sortit de sa poche son mouchoir noué aux quatre coins paraissant contenir des vestiges qui s’entrechoquaient au mouvement et laissaient entendre un bruit de pierre.
    – Encore des agates ?
    – Non, des fragments d’un vase céladon brisé.
    – Voilà qui devient de plus en plus intrigant.
    – Ce n’est pas tout. Le garçon avait dans sa poche l’adresse d’une boutique qui vend des chinoiseries rue du Roule. Sans doute le voulait-il vendre et l’a-t-il cassé avant de mettre son dessein à exécution.
    – Qu’on le conduise ici ! Nous l’allons interroger.
    L’inspecteur appela, il y eut comme un bruit de lutte. Puis deux exempts entrèrent en tourbillon, tenant un jeune homme, les mains liées, qui se démenait en proférant d’obscures menaces.
    – Qu’il se tienne tranquille, dit Bourdeau. Attachez-le sur cette chaise.
    Ce ne fut pas une mince affaire, mais elle donna loisir au commissaire d’examiner le garçon tabletier. L’homme était jeune, loin encore de la trentaine. De prime abord il offrait une impression ambiguë. Grand, taillé en force, le poil noir, il portait la chevelure dénouée répandue sur les épaules. Le visage régulier était contracté par la colère. Nicolas remarqua avec curiosité la tenue de l’amant de la Lofaque. Elle ne s’apparentait à aucun ordre de la société. Il ne portait point d’habit, ce qui devait expliquer la violence de sa prise de corps, mais une sorte de gilet-justaucorps de cuir clair sur une chemise de belle qualité dont la cravate de mousseline sale était dénouée. La culotte bien taillée et les bas de couleur blanche, peu usitée dans le peuple, accentuaient encore ce qu’il y avait de composite dans cette tenue complétée par des souliers de cuir gris à boucles d’or. L’homme leva sur Nicolas des yeux dont le blanc était injecté de sang.
    – La peur vous empêche-t-elle de dormir, Jacques Meulière ?
    Cela calma d’un coup la colère de l’intéressé qui en bégaya de surprise.
    – Que… que… voulez-vous dire ?
    – Rien de plus, rien de moins. Un souci paraît vous animer. Nous allons tous les deux converser en douceur. Pour commencer, qu’on le délie.
    L’homme allait de surprise en surprise. Il se frotta les poignets et tendit les jambes, non sans laisser apparaître une imperceptible grimace de douleur qui n’échappa aucunement au commissaire.
    – Alors, Jacques Meulière, mon ami. Pourquoi vous cachez-vous dans un grenier, rue du Jardin du Roi ? Est-ce-là attitude raisonnable ?
    – Monsieur, répondit-il, défiant le commissaire, ce sont là mes affaires ! Et pour tout vous dire, un mari à qui j’ai fait pousser des cornes me recherche pour me faire un mauvais parti. J’ai préféré me cacher le temps qu’il se calme.
    – C’est bien raisonné et sage, encore qu’affirmé sur un ton que je vous déconseille. Mieux vaut cela qu’un mauvais coup dans une rixe !
    Le sergent Gremillon entra et fit un temps diversion. Il dit quelques mots à l’oreille de Nicolas et lui tendit un petit papier plié que le commissaire ouvrit et dont il examina avec soin le contenu.
    – Reprenons. Donc vous étiez réfugié dans cette soupente. Et votre travail ?
    – J’allais faire avertir mon maître.
    – Le pauvre homme ! Il se languit de vous. Mais vous ne l’aviez pas encore fait, je crois ? Autre chose.
    Il désigna les morceaux épars du céladon demeurés sur le bureau.
    – Vous conservez des débris d’antiques dans votre poche ?
    – Un vieux vase sans valeur que j’ai brisé.
    Nicolas laissa passer un long silence, méditant l’étrange formulation.
    – Et ? Et vous y êtes si attaché que vous le transportez avec vous ?
    – J’en conservais les débris pour le faire réparer par un raccommodeur de porcelaines.
    – Et cette adresse d’un marchand de chinoiseries, rue du Roule, dont j’observe qu’elle fut trouvée aussi dans votre poche ? Boutique superbe que je connais, des objets de la Compagnie des Indes, des laques du Japon et mille porcelaines chinoises montées sur bronze ou non, les plus chères qu’on rencontre sur le marché !
    – Précisément, je comptais les interroger

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